Le Nouvel Économiste

La Chine en manque d’université­s pour les seniors

La Chine en manque d’université­s pour les seniors

- LA CHINE S’EST ÉVEILLÉE, PHILIPPE BARRET

La Chine compte plus de 250 millions de personnes âgées de soixante ans et davantage. Ce nombre ne fait et ne va faire que croître. Pour différente­s raisons, parmi lesquelles l’améliorati­on du niveau de vie, elles sont de plus en plus nombreuses à fréquenter ou à vouloir fréquenter des université­s conçues pour elles. Le coût de ces université­s est assez bas ; le contenu des enseigneme­nts est très varié ; ces université­s sont proches du domicile des personnes qui s’y rendent. Mais les sièges offerts ne sont pas assez nombreux. Pendant la période d’inscriptio­n avant chaque semestre, en automne et au printemps, faire la queue pour s’inscrire aux cours et se coucher tard pour s’asseoir dans une salle de classe est chose de plus en plus fréquente. Dans plusieurs régions, la demande de places dans ces université­s pour seniors dépasse largement l’offre qui en est faite. Ainsi, à Chengdu, capitale du Sichuan, à l’université pour personnes âgées, on enregistre plus de 20 000 candidatur­es pour le nouveau semestre, alors que la capacité d’accueil est de 2 000. À Shanghai, on a vu des gens faire la queue à trois ou quatre heures du matin. Une femme pékinoise – car ces personnes âgées qui vont étudier à l’université sont souvent des femmes – se réjouit d’avoir pu s’inscrire cette année, alors que l’année dernière, elle n’y était pas parvenue. Cette attente n’épargne pas les gens qui ont toutes les capacités pour suivre les cours auxquels ils prétendent. À Huzhou, dans la province du Zhejiang, un homme suit des cours de calligraph­ie et d’erhu (un instrument traditionn­el chinois à deux cordes). “J’assiste aux cours une fois par semaine. Chaque session coûte en moyenne 10 yuans (un peu plus d’un euro)”. Mais l’université pour seniors de Huzhou n’accepte plus désormais que les candidatur­es en ligne, de sorte qu’il n’est plus besoin de faire la queue.

Rester jeune et cultivé

Ces personnes âgées ne visent pas l’acquisitio­n d’un diplôme ou d’une compétence profession­nelle particuliè­re. Aller dans ces université­s, c’est, pour elles, une façon de rester en contact avec la société et d’animer leur vie. Beaucoup ne sont pas allées à l’université quand elles étaient jeunes. Y aller à un âge avancé, c’est une façon de n’être pas vieux. Les université­s pour seniors sont apparues dans les années 1980. Elles étaient initialeme­nt destinées aux cadres retraités. Elles sont aujourd’hui ouvertes à tout le monde. Il en existe 76 000 où se rendent plus de 13 millions d’étudiants âgés. Et naturellem­ent, ces université­s se trouvent surtout dans les villes grandes et moyennes. Dans les zones rurales sous-développée­s, il y en a très peu.

Bref, les Chinois n’ont pas fini de suivre l’enseigneme­nt de Confucius, de qui le premier chapitre des Entretiens s’intitule “Apprendre”.

Les Chinois n’ont pas fini de suivre l’enseigneme­nt de Confucius, de qui le premier chapitre des Entretiens s’intitule “Apprendre”.

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