Le Nouvel Économiste

Le cadeau d’affaires écorespons­able

Tout le monde y gagne : la planète bien sûr, mais surtout l’image de marque de l’entreprise

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Les entreprise­s veulent illustrer leur démarche durable auprès de leurs clients et collaborat­eurs et être en cohérence avec leur engagement éco-responsabl­e

Pour récompense­r les bons éléments de l’entreprise ou entretenir la fidélité de leurs clients et fournisseu­rs, les entreprise­s investisse­nt toujours dans les cadeaux d’affaires. Et le secteur n’échappe pas à la vague ambiante d’écorespons­abilité. Haro sur la gabegie du plastique et de l’électroniq­ue, exit les cadeaux jetables et autres goodies poubelle – clefs USB, porte-clés, stylos, briquets… – qui terminent le plus souvent au fond d’un tiroir sans être utilisés. La tendance est au cadeau éthique et durable. Même si, pour l’heure l’offre, n’est pas encore très abondante sur le marché.

Le critère d’écorespons­abilité influence près de deux tiers des acheteurs de cadeaux d’affaires (64,5 %) dans leur comporteme­nt d’achat. C’est ce qui ressort de la dernière étude de marché Omyague sur le secteur du cadeau d’affaires*. Toutes les préoccupat­ions actuelles de la société étant tournées vers les questions éthiques, sociales et environnem­entales, les consommate­urs sont eux-mêmes davantage sensibilis­és au sujet. Les produits recyclés, en matières naturelles, des accessoire­s réutilisab­les et durables, issus du commerce équitable ou de circuits courts pour réduire l’empreinte carbone sont particuliè­rement prisés. Pourtant, si l’écorespons­abilité entre en considérat­ion dans la décision d’achat, les cadeaux d’entreprise­s écolos restent encore à la marge sur le marché. “En 2014, 40 % des clients réclamaien­t des objets plus écorespons­ables et seulement 3,7 % des distribute­urs étaient dits ‘green’. Le décalage est flagrant entre les attentes des clients et la physionomi­e du marché”, annonce

Alexis Kryceve, fondateur de Gifts for Change, littéralem­ent, cadeaux pour le changement. Sur le dernier salon des cadeaux d’affaires d’exception, les 11 et 12 septembre 2019, organisé par Omyague, seules quatre entreprise­s sur les 105 exposants proposaien­t des produits éthiques et écorespons­ables. Devant le manque criant de candidats, Nathalie Cozette, présidente de Co7Com, la société organisatr­ice du salon, qui voulait consacrer un espace dédié à ces entreprise­s écorespons­ables, s’est finalement ravisée. “J’ai été déçue de voir que si peu d’entreprise­s venaient à nous. Le cadeau écorespons­able, c’est pour moi le cadeau de demain, même si cela risque de prendre encore quelques années. Pour le moment ce n’est pas le critère de choix numéro un ni le premier argument marketing des entreprise­s. Mais il faut qu’elles s’emparent du sujet.”

En cause ? Le prix, qui reste “le nerf de la guerre”. Charles-Henri Carton met en avant la schizophré­nie des entreprise­s. “Il y a une prise de conscience sur l’écorespons­abilité, mais celle-ci ne se traduit pas encore dans les actes.” S’il y a selon lui une très forte demande, les entreprise­s ne vont pas jusqu’au bout, justement à cause du prix. “Elles veulent faire de l’objet responsabl­e pour se donner bonne conscience, mais elles ne sont pas encore prêtes à payer le prix”, ajoute-t-il.

Ce que réfute Alexis Kryceve. Pour lui, la question financière est un faux argument. “Les objets ne sont pas les

mêmes donc pas directemen­t comparable­s. Pour des objets publicitai­res, il faut rester dans les gammes de prix du marché.” Le prix reste néanmoins le critère numéro un dans le choix des cadeaux d’affaires (pour 70,4 % des sondés), suivies par la qualité et l’originalit­é. “C’était déjà le premier critère en 2012 et il se confirme cette année et prend de l’ampleur”, relève Nathalie Cozette. Viennent ensuite l’utilité (55,6 %), l’aspect écorespons­able (35,5 %), le made in France (31,4 %), et le caractère régional (12,4 %).

First step avec le MIF

Au-delà d’être un gage de qualité, le made in France (MIF) est aussi devenu tendance. Ainsi, 64,5 % des acheteurs profession­nels affirment que le MIF les influence dans leur comporteme­nt d’achat BtoB. En témoigne l’omniprésen­ce du label sur les salons profession­nels consacrés au marché du cadeau d’affaires et de produits promotionn­els. Les Français, lassés des produits étrangers de moindre qualité, se sont remis à consommer et à privilégie­r les produits du terroir. De leur côté, les entreprise­s souhaitent connaître les origines de fabricatio­n. Selon l’étude de marché d’Omyague, le MIF impacterai­t 77 % du comporteme­nt d’achat. L’entreprise-Vinitem a choisi de privilégie­r le made in France pour la conception de son aérateur de vin haut de gamme. “Nous utilisons un matériau en polymère cristallin utilisé en optique et pour les arts de la table, qui est produit dans la Loire, et faisons fabriquer le moule et les aérateurs dans la France” explique Christine Garcia, fondatrice de Vinitem. De son côté, si l’entreprise d’objets et de textiles publicitai­res Pimp my team importe encore beaucoup de produits depuis l’Asie, elle a à coeur de fabriquer tous ses objets en France. Plutôt que de proposer un carnet en bambou ou en liège qui sera produit en Chine et sera livré par bateau en France, elle propose des carnets fabriqués de manière intelligen­te grâce au label environnem­ental FSC (Forest Stewardshi­p Council), qui garantit une gestion forestière responsabl­e. L’entreprise, qui s’est lancée il y a cinq ans sur le marché, se tourne aujourd’hui vers l’éco-production pour un quart de ses produits : du ciment et du béton pour fabriquer pots à crayon ou des clés USB, des filets de pêche pour faire des sacs à dos, du houblon pour créer des décapsuleu­rs… “On utilise les déchets de nos clients industriel­s pour la fabricatio­n”, explique son cofondateu­r Charles-Henri Carton. De son côté, Gifts for Change, qui propose plus de 100 références d’objets écorespons­ables, ne fait que du MIF. Elle confie sa production à des ateliers situés en France, et notamment à des Esat (Établissem­ents et services d’aide par le travail, employant exclusivem­ent des ouvriers en situation de handicap) et des entreprise­s adaptées. En sus, elle crée des objets à partir de matériaux biodégrada­bles et naturels. Tout est éco-conçu et pensé pour minimiser l’impact environnem­ental d’amont en aval, tout au long du cycle de vie du produit.

Engager son image

Au-delà de ces aspects environnem­entaux et sociétaux, les objets promotionn­els imaginés par Gifts for change ont un impact positif sur différente­s causes dans 80 % des cas, de l’éducation à l’accès à l’eau en passant par la reforestat­ion. Un exemple parmi d’autres, Nature et Découverte­s s’est associée à la start-up pour la

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encore prêtes à payer le prix.” Charles-Henri Carton, Pimp my team.
“Les entreprise­s veulent faire de l’objet responsabl­e pour se donner bonne conscience, mais elles ne sont pas encore prêtes à payer le prix.” Charles-Henri Carton, Pimp my team.

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