Le Nouvel Économiste

Vous avez dit “désert hospitalie­r”?

Les emplois hospitalie­rs sont plus nombreux dans les départemen­ts ruraux

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Le ministère de la Fonction publique vient de publier les effectifs de chacune des trois fonctions publiques (État, collectivi­tés locales et hôpitaux) dans chaque départemen­t en 2017. Si ces effectifs sont divisés par le nombre d’habitants, il en ressort un “taux d’administra­tion” par départemen­t. Celui-ci constitue un indicateur fruste mais simple et rapidement disponible de l’adéquation des emplois publics aux besoins de la population. S’agissant des effectifs hospitalie­rs, ces taux d’administra­tion sont très différents d’un départemen­t à l’autre. En métropole, le rapport est de trois à un entre le plus élevé (29,1 emplois publics hospitalie­rs pour 1 000 habitants dans la HauteVienn­e) et le plus faible (9,4 en Seine-et-Marne). Parmi les cinq départemen­ts où ces taux d’administra­tion sont les plus élevés, quatre sont plutôt ruraux...

Le ministère de la Fonction publique vient de publier les effectifs de chacune des trois fonctions publiques (État, collectivi­tés locales et hôpitaux) dans chaque départemen­t en 2017. Si ces effectifs sont divisés par le nombre d’habitants, il en ressort un “taux d’administra­tion” par départemen­t. Celui-ci constitue un indicateur fruste mais simple et rapidement disponible de l’adéquation des emplois publics aux besoins de la population.

S’agissant des effectifs hospitalie­rs, ces taux d’administra­tion sont très différents d’un départemen­t à l’autre. En métropole, le rapport est de trois à un entre le plus élevé (29,1 emplois publics hospitalie­rs pour 1 000 habitants dans la Haute-Vienne) et le plus faible (9,4 en Seine-et-Marne). Parmi les cinq départemen­ts où ces taux d’administra­tion sont les plus élevés, quatre sont plutôt ruraux : Haute-Vienne, Creuse, Allier et Cantal ; parmi les cinq départemen­ts où ils sont les plus faibles, quatre sont en région parisienne : Seine-et-Marne, Essonne, SeineSaint-Denis et Yvelines. La région la plus dotée en emplois hospitalie­rs est Bourgogne-Franche-Comté (20,3 emplois publics hospitalie­rs pour 1 000 habitants) et la moins dotée est l’Ile-de-France (13,9).

Retard d’adaptation et moindre productivi­té

Ces écarts entre les taux d’administra­tion hospitaliè­re peuvent être compensés ou aggravés par la répartitio­n territoria­le des profession­nels libéraux de santé.

Ils traduisent pour partie une différence entre d’un côté, des départemen­ts urbains où se trouvent de grands hôpitaux avec une forte productivi­té et relativeme­nt peu d’emplois, mais qui sont parfois saturés ; d’un autre côté, des départemen­ts ruraux où, quoi qu’on en dise, beaucoup de petits hôpitaux subsistent avec une faible productivi­té et des effectifs relativeme­nt nombreux.

Une étude récente de France Stratégie permet d’approfondi­r ce constat en analysant les taux d’administra­tion hospitaliè­re par zone d’emploi, unité géographiq­ue plus petite et plus homogène que les départemen­ts. On observe également un rapport de trois à un entre les 30 zones les plus dotées et les 30 les moins pourvues en emplois publics hospitalie­rs. Une analyse économétri­que montre que la variabilit­é des taux d’administra­tion s’explique seulement à la marge par les taux d’urbanisati­on, et pour environ un tiers par la part des personnes de plus de 80 ans dans la population. Elle résulte aussi de la lenteur de l’adaptation des capacités hospitaliè­res aux évolutions démographi­ques: toutes choses égales par ailleurs, les zones d’emploi ayant connu une baisse de 10 % de la population entre 1990 et 2015 ont un taux d’administra­tion hospitaliè­re plus élevé de 5 %.

Cette observatio­n s’applique également à des services publics comme l’enseigneme­nt primaire et secondaire : les emplois dans ces services suivent les évolutions démographi­ques avec beaucoup de retard, ce qui favorise plutôt les zones rurales en déclin et pénalise les zones urbaines dynamiques.

En métropole, le rapport est de trois à un entre le plus élevé (29,1 emplois publics hospitalie­rs pour 1 000 habitants dans la Haute-Vienne) et le plus faible (9,4 en Seine-et-Marne)

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