Le Nouvel Économiste

Alors qu’à la Réunion, les rhums arrangés sont volontiers consommés à températur­e ambiante, Isautier a eu l’idée de les conseiller à la dégustatio­n givrés

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À l’origine, les marins du XVe siècle conservaie­nt les fruits et les épices dans des barriques remplies de rhum pendant les longues traversées de la route des Indes. Une fois les fruits et les épices évacués, le rhum conservait leur empreinte gustative. Certaines de ces recettes imaginées par nécessité ont dû se révéler savoureuse­s, puisque les habitants de la Réunion ont commencé à élaborer leurs propres mixtures. La tradition du rhum arrangé était née. Depuis, chaque famille réunionnai­se a son pot et sa recette de rhum arrangé, qui est bien évidemment la meilleure ! Même si on en produit aussi ailleurs (jusque dans la Loire-Atlantique avec les Rhums de Ced’)… Comment fabrique-t-on un rhum arrangé au juste ? Eh bien il suffit de faire macérer des fruits, et parfois des épices, dans du rhum blanc agricole ou de mélasse, le tout agrémenté de sirop de canne à sucre. “Les fruits et les épices infusent et donnent des arômes au rhum pendant cette macération qui dure en général entre 1 et 6 mois, explique Cyril Isautier, directeur des rhums Isautier. Moins, on n’obtient pas assez d’arômes, d’avantage, on risque de décomposer et d’oxyder les fruits.”

Chaque marque a sa recette, mélangeant ou pas, les fruits et certaines épices : litchis, goyave, citrons, mangues ananas, oranges, gingembre, café, vanille bourbon… Dans les rhums épicés, de tradition anglosaxon­ne, les épices sont en général beaucoup plus utilisées que les fruits. Certaines marques laissent les fruits dans le spiritueux lors de la mise en bouteille, d’autres les enlèvent, comme Isautier. “Nous procédons par filtration à la fin de la macération afin d’empêcher que les fruits ne s’oxydent et se décomposen­t si la bouteille n’est pas bue rapidement, et nous laissons parfois un peu un peu de pulpe” raconte Cyril Isautier. Alors qu’à la Réunion, les rhums arrangés sont volontiers consommés à températur­e ambiante, Isautier a eu l’idée de les conseiller à la dégustatio­n givrés, ce qui permet de faire ressortir certains arômes, d’amoindrir l’attaque en bouche et de conquérir de nouveaux publics, notamment les femmes. Enfin, pour ceux qui se demanderai­ent quelle est la différence avec les punchs : dans ces derniers, il n’y a pas, ou peu, de macération tandis que le degré d’alcool est compris en général entre 16 et 24°, contre autour de 40° pour les arrangés.

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