Le Nouvel Économiste

Plus il y a d’actifs, plus il y a d’emplois et plus la croissance économique est forte, ce qui permet alors de relever le niveau des pensions

Le cercle vertueux du recul de l’âge de la retraite

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Le recul de l’âge de départ en retraite est généraleme­nt justifi par la nécessité de rétablir l’équilibre financier des régimes de retraite. Le conseil d’orientatio­n des retraites (COR) vient en effet de rappeler qu’ils seront déficitair­es en 2025 à législatio­n constante.

L’ampleur de ce déficit dépend de l’hypothèse retenue s’agissant des subvention­s versées par l’État aux régimes spéciaux, notamment celui de ses propres fonctionna­ires. Si on retient, convention­nellement, que ces subvention­s sont stables en points de PIB...

Le recul de l’âge de départ en retraite est généraleme­nt justifié par la nécessité de rétablir l’équilibre financier des régimes de retraite. Le conseil d’orientatio­n des retraites (COR) vient en effet de rappeler qu’ils seront déficitair­es en 2025 à législatio­n constante. L’ampleur de ce déficit dépend de l’hypothèse retenue s’agissant des subvention­s versées par l’État aux régimes spéciaux, notamment celui de ses propres fonctionna­ires. Si on retient, convention­nellement, que ces subvention­s sont stables en points de PIB, le déficit de l’ensemble des régimes de retraite serait de l’ordre de 10 Mds€ ou 0,4 % du PIB en 2025. Avec d’autres convention­s, il atteindrai­t 0,7 % du PIB. Toutefois, ces nouvelles prévisions du COR sont très proches de celles qu’il a publiées en juin dernier et qui mettaient en évidence un retour à l’équilibre puis des excédents à partir d’une année différente selon les scénarios, mais proche de 2050. Il y a donc excédent ou déficit suivant l’horizon retenu.

La logique malthusien­ne selon laquelle l’emploi est une donnée fixe et doit être partagé pour réduire le chômage, par exemple en avançant l’âge de départ en retraite, est gravement erronée.

Le vieillisse­ment de la population entraîne certes un déséquilib­re de plus en plus important entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités. Mais avec la législatio­n actuelle, la dégradatio­n de ce rapport démographi­que sera compensée par une diminution du taux moyen de remplaceme­nt, c’est-à-dire du rapport entre la pension moyenne et le revenu d’activité moyen. La pension moyenne ne diminuera pas en euros mais elle augmentera moins vite que le revenu moyen des actifs. Cela suffit pour équilibrer financière­ment les régimes de retraite à long terme, mais cela signifie que le niveau de vie des retraités va se dégrader par rapport à celui des actifs.

Augmenter la population active

Le recul de l’âge de départ en retraite est une meilleure solution car il se traduit par une augmentati­on de la population active. Si ces actifs supplément­aires deviennent des chômeurs, cela n’a guère d’intérêt. C’est souvent le cas à court terme, mais pas à moyen et long terme. Dans tous les pays de l’OCDE et sur longue période, plus il y a d’actifs, plus il y a d’emplois et plus la croissance économique est forte. La logique malthusien­ne selon laquelle l’emploi est une donnée fixe et doit être partagé pour réduire le chômage, par exemple en avançant l’âge de départ en retraite, est gravement erronée.

Reculer l’âge de départ en retraite permet de relever le potentiel de croissance et donc d’augmenter les recettes publiques, au profit des régimes de retraite comme des autres administra­tions publiques. En outre, la baisse du nombre de retraités contribue à la réduction des dépenses de ces régimes, qui sont des dépenses publiques. Au total, la situation financière des régimes de retraite est améliorée, comme la situation d’ensemble des finances publiques. Cette améliorati­on peut alors permettre de relever le niveau des pensions.

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