En vert et pour tous
Plus performante, plus agréable et plus rentable : rien ne devrait arrêter désormais la construction verte
En attendant la nouvelle réglementation thermique et environnementale des bâtiments neuf, prévue pour 2020, un nombre croissant de constructeurs anticipe l’avenir et fait la part belle aux critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance), en proposant des immeubles tertiaires à énergie positive, promoteurs de la biodiversité et soucieux de la santé comme du confort des usagers. La multiplication récente des certifications et labels dans ce secteur confirme l’évolution de la demande comme les progrès en matière d’offre. Et la valeur verte se confirme.
Bonne nouvelle pour le climat : le Grand Paris sera vert ! Dans son étude des projets lauréats des consultations organisées par la Métropole du Grand Paris, la société de conseil en immobilier d’entreprises JLL révèle que 75 % des programmes comportent un volet végétal. Selon Virginie Houzé, directrice d’études et de recherches, on assiste à “une généralisation des toitures et façades végétalisées ainsi qu’à la multiplication des espaces verts, sur ou sous les immeubles”. Certains projets vont plus loin : les architectes Sou Fujimoto et Manal Rachdi ont conçu Mille Arbres, un programme constitué de logements et de bureaux réversibles, comme “une forêt habitée, proposant une nouvelle skyline verte pour Paris”. De son côté, le Stream Building de l’agence PCA-Philippe Chiambaretta promeut l’agriculture urbaine : le houblon qui assurera la protection thermique de la façade sud sera brassé sur place pour produire de la bière… L’immobilier tertiaire serait-il à la pointe de la transition écologique ? Ou bien le green building serait-il réservé à des projets d’exception, pour faire oublier les médiocres résultats du secteur ? Dans ce domaine, les chiffres soufflent le chaud et le froid. Un rapport de la société CBRE, daté de 2017, invite à un peu d’optimisme. Depuis 2010, la quasi-totalité des bureaux neufs ou restructurés livrés en Ile-deFrance bénéficie d’une certification environnementale. Le parc certifié dépasserait aujourd’hui les 20 % dans les secteurs limitrophes de Paris, exception faite de la couronne est. Ces proportions, de même que la multiplication des certifications et labels, sont révélateurs d’une prise de conscience chez les promoteurs comme chez les clients et investisseurs, de plus en plus concernés par les critères ESG (environnement, social et gouvernance) et soucieux de leur responsabilité sociétale (RSE).
La lettre et l’esprit de la loi
Installer son activité dans des locaux verts n’est plus aujourd’hui le seul choix d’entrepreneurs militants, ce pourrait bien devenir la norme. Dans la foulée des Grenelle de l’environnement et de la COP21, la législation française évolue régulièrement pour réduire les pollutions liées au secteur du bâtiment. Dernière en date, promulguée le 24 octobre 2018, la loi Élan (évolution du logement, aménagement et numérique) précise notamment que “les performances énergétiques, environnementales et sanitaires des bâtiments et parties de bâtiments neufs s’inscrivent dans une exigence de lutte contre le changement climatique, de sobriété de la consommation des ressources et de préservation de la qualité de l’air intérieur”. Elle prévoit d’imposer aux bâtiments tertiaires une réduction des consommations d’énergie finale d’au moins de 40 % dès 2030, puis de 50 % en 2040 et 60 % en 2050, par rapport à 2010.
En attendant les décrets d’applications qui préciseront les modalités de la loi et la nouvelle réglementation environnementale (RE 2020), attendue dans le courant de l’année, on sait que seront désormais évaluées les émissions de gaz à effet de serre durant le cycle de vie des constructions, leur capacité à stocker le carbone et le recours à des matériaux renouvelables et recyclables. “Les bâtiments produiront ainsi plus d’énergie qu’ils n’en consomment et minimiseront leur impact sur l’ensemble de leur cycle de vie. C’est une façon tout à fait nouvelle de penser le bâtiment, qui vient s’ajouter aux grandes mutations que connaît l’immobilier tertiaire, en particulier la transition numérique et l’attention portée au bien-être”, résume Ella Étienne, directrice générale du cabinet de conseil Green Soluce. Les géants de la construction ont
Depuis 2010, la quasi-totalité des bureaux neufs ou restructurés livrés en Ilede-France bénéficie d’une certification environnementale