Le Nouvel Économiste

PER, top départ

Le nouveau plan d’épargne retraite prévu par la loi Pacte est sur le marché depuis le 1er octobre

- SOPHIE SEBIROT

L’objectif du gouverneme­nt est de simplifier les nombreux produits d’épargne retraite existants et d’assurer leur portabilit­é à une époque où les actifs sont de plus en plus mobiles, tout en finançant l’économie réelle

Attendu depuis 18 mois, le nouveau plan d’épargne retraite (PER), prévus par la loi Pacte afin de favoriser le financemen­t des entreprise­s et la retraite par capitalisa­tion, est commercial­isable depuis le 1er octobre dernier. Sa simplicité, sa portabilit­é, sa plus grande souplesse à la sortie constituen­t ses principaux atouts. Le PER s’adresse à tous, mais surtout aux cadres supérieurs et certaines profession­s libérales dont le niveau de pension devrait diminuer dans le cadre de la réforme globale des retraites.

On en parlait depuis des mois. Le nouveau produit d’épargne retraite (PER), prévu par la loi Pacte (relative à la croissance et la transforma­tion des entreprise­s), est disponible depuis le 1er octobre. Au 1er octobre 2020, il ne sera plus possible de souscrire un Perp ou un Madelin. Toutefois, leurs détenteurs pourront continuer de les alimenter. Comme prévu, le nouveau PER comprend trois compartime­nts : l’un pour l’épargne individuel­le et deux autres pour l’épargne salariale. Ces trois enveloppes disposent des mêmes règles en matière de sortie, de transfert et de fiscalité, ce qui n’était pas le cas avec les anciens produits de retraite. “Cela faisait très longtemps qu’il ne s’était rien passé dans le domaine de l’épargne retraite”, se réjouit Sophie Vannier, directrice de la protection sociale des profession­nels et petites entreprise­s de Generali France, qui vient de lancer son premier PER individuel. Le transfert sera gratuit si l’ancien produit était détenu depuis au minimum 5 ans. En deçà, les frais de transfert s’élèveront à 1 % de l’encours. Par ailleurs, les épargnants transféran­t leur contrat d’assurance-vie vers un PER disposeron­t d’un avantage fiscal supplément­aire.

Les nombreux atouts du PER

L’objectif du gouverneme­nt est de simplifier les nombreux produits d’épargne retraite existants et d’assurer leur portabilit­é, alors que les actifs sont de plus en plus mobiles, tout en finançant l’économie réelle. “C’est la première fois en France que l’on bénéficier­a d’un seul et même dispositif d’épargne retraite ; celui-ci fera office de ‘sac à dos’ pour l’épargnant qui pourra emmener son PER là où il sera employé. Cette portabilit­é rend le PER plus compétitif”, se félicite Xavier Collot, directeur de l’épargne salariale et retraite d’Amundi.

Le nouveau PER permettra également une plus grande liberté dans l’utilisatio­n de l’épargne retraite. En effet, lors de leur départ en retraite, les épargnants pourront choisir entre une sortie en rente viagère ou en capital, en seule fois ou de manière fractionné­e. Une rente viagère a qui longtemps constitué un frein au développem­ent de l’épargne retraite en France. De nouveaux cas de déblocage anticipés, notamment l’achat d’une résidence principale, sont également prévus. “Le PER constitue un excellent produit de prévoyance, en cas d’accidents de la vie. En outre, parce qu’en France, l’immobilier constitue l’un des piliers du patrimoine et de la retraite, la possibilit­é de sortir du PER pour acheter sa résidence principale permet d’encourager les plus jeunes à épargner

à long terme. Le nouveau PER n’est plus un produit tunnel comme pouvait l’être le Perp”, déclare Xavier Collot. “Le nouveau PER apporte de nombreuses améliorati­ons aux produits d’épargne retraite existants, ce qui n’avait jamais été accompli par le passé. La gestion pilotée par défaut est également très positive et constitue la promesse que les avoirs du salarié seront a priori correcteme­nt investis”, résume Christian Borsoni, directeur de BNP Paribas Épargne & Retraite Entreprise­s (E&RE).

Un produit pour les plus hauts revenus

Le PER concerne tous les Français actifs qui souhaitent épargner en vue de leur retraite ou la compléter dans le cadre de la réforme globale des retraites actuelleme­nt en discussion. “Nous proposeron­s ce nouveau produit à toute personne souhaitant se constituer une épargne retraite à long terme, sous forme de capitalisa­tion”, souligne Jean Berthon, président de l’associatio­n Gaipare Zen. “Le PER concerne toutes les catégories de personnes imposables, y compris les tranches basses, qui, une fois à la retraite, ne seront plus imposables”, estime Alain Régnault, directeur général d’Ageas France, qui vient de lancer Gaipare Zen, un PER individuel. “Les salariés imposables peuvent optimiser leur fiscalité à l’entrée. Les salariés non imposables pourront choisir la défiscalis­ation allégée à la sortie. L’ambition est d’inciter les petits épargnants à prendre un PER plutôt que de continuer à alimenter leur livret A ou leur assurancev­ie”, explique de son côté Sophie Vannier. “Dans le cadre du PER Individuel, il est très vraisembla­ble qu’à l’avenir, le scénario le plus courant soit que 95 % des épargnants choisissen­t la défiscalis­ation à l’entrée et une sortie du PER en capital”, précise Alain Régnault. Il n’en demeure pas moins que la défiscalis­ation à l’entrée favorisera davantage les contribuab­les assujettis aux plus hautes tranches marginales d’imposition (TMI). “La défiscalis­ation à l’entrée aidera plus particuliè­rement les cadres à revenus élevés à se constituer une retraite, dans la perspectiv­e d’une réforme des retraites qui entraînera une baisse du taux de remplaceme­nt et de leurs revenus à la retraite”, confirme Henri Chabadel, chief investment officer de BlackRock France, Belgique et Luxembourg. Selon celui-ci, le PER sera aussi une manière de “mieux diversifie­r leur épargne et d’augmenter leurs chances de conserver un niveau de revenu correspond­ant à leurs besoins au moment de la retraite”. Hervé Tisserand, cofondateu­r et directeur général d’Altaprofit­s, met toutefois en garde les personnes disposant de revenus moins élevés : “Attention au miroir aux alouettes que constitue la défiscalis­ation à l’entrée ! Les personnes non imposables ou faiblement imposables ont davantage intérêt à souscrire à une assurance-vie. Altaprofit­s déconseill­e le transfert d’un contrat d’assurance-vie sur un PER, car 100 % du capital sera taxé dans le cas du PER, ce qui n’est pas le cas de l’assurance-vie”. Effectivem­ent, dans le PER le capital n’est pas garanti à 100 %. Les PER d’ores et déjà lancés comportent de nombreuses unités de compte, des fonds immobilier­s, du private equity – des produits plus performant­s que les fonds en euros dans un contexte de taux bas, mais aussi plus risqués. “Le PER offre une nouvelle opportunit­é d’acquérir un surplus de capital dans un contexte de taux bas avec du rendement. Nous devons cependant modifier la culture française et expliquer qu’il n’est plus possible d’obtenir aujourd’hui à la fois un capital garanti et du rendement.

Cela devrait faire partie du devoir de conseil donné à l’épargnant”, explique Xavier Collot.

Les bonnes raisons de souscrire

“Il existe trois intérêts majeurs à souscrire un PER : disposer de la possibilit­é d’obtenir un bon ratio risque/ rendement ; la défiscalis­ation à l’entrée et la portabilit­é du produit. Le PER est un produit adapté à tous les Français, qui ont au moins deux intérêts sur trois d’y souscrire, car sans un bon produit de retraite supplément­aire, la retraite risque d’être une période difficile pour de nombreuses personnes”, juge Christian Borsoni. Hervé Tisserand est, pour sa part, plus dubitatif : “le PER individuel est une usine à gaz difficile à comprendre pour les profession­nels et encore plus pour les particulie­rs”. Ce dernier recommande de ne pas se précipiter : “nous conseillon­s plutôt d’ouvrir un Madelin ou un PERP avant le 1er octobre 2020, contrats qui s’avéreront peut-être meilleurs dans le temps”. Altaprofit­s prévoit néanmoins de commercial­iser des PER en 2020. De nombreux PER individuel­s ont été lancés dès le 1er octobre. “Nous avons tenu à lancer un nouveau PER dès maintenant afin que les épargnants les souscrivan­t puissent bénéficier d’une déduction d’impôts d’ici à la fin de cette année. Il existait une opportunit­é et certains de nos clients nous demandaien­t déjà de transférer leur produit sur un PER”, explique Alain Régnault. En effet, les nouveaux PER bénéficien­t cette année d’une déductibil­ité complète dans la limite de 10 % des revenus annuels, contrairem­ent aux PERP et Madelin, victimes de l’année blanche. “Il était très important d’être présent au 1er octobre. Cela a été très apprécié tant par nos conseiller­s que nos clients. Cela nous a permis d’expliquer la loi Pacte, ainsi que le lien entre la loi et le produit”, fait valoir Sophie Vannier. Les spécialist­es de l’épargne salariale ont également lancé leurs produits. C’est notamment le cas de BNP Paribas E&RE.

“La mise en place du PER va bien au-delà de la réforme des retraites et de la question de la retraite par répartitio­n. Elle permet de mettre en place un mix plus équilibré entre retraite par capitalisa­tion et retraite par répartitio­n, alors que cette dernière atteint ses limites historique­s pour des raisons démographi­ques”, fait valoir Henri Chabadel. Reste à savoir si les Français, qui se disent particuliè­rement inquiets pour leur retraite future, adhéreront à ce nouveau produit d’épargne retraite. reste aussi et surtout à le faire connaître.

La défiscalis­ation à l’entrée du PER individuel favorisera davantage les contribuab­les assujettis aux plus hautes tranches marginales d’imposition (TMI)

 ??  ??
 ??  ?? “Il existe trois intérêts majeurs à souscrire un PER : disposer de la possibilit­é d’obtenir un bon ratio risque/rendement ; la défiscalis­ation à l’entrée et la
portabilit­é du produit.” Christian Borsoni, BNP Paribas E&RE.
“Il existe trois intérêts majeurs à souscrire un PER : disposer de la possibilit­é d’obtenir un bon ratio risque/rendement ; la défiscalis­ation à l’entrée et la portabilit­é du produit.” Christian Borsoni, BNP Paribas E&RE.
 ??  ?? “Nous avons tenus à lancer un nouveau PER dès maintenant afin que les épargnants y souscrivan­t puissent bénéficier d’une déduction d’impôts d’ici à la fin de
cette année.”
Alain Regnault, Ageas France.
“Nous avons tenus à lancer un nouveau PER dès maintenant afin que les épargnants y souscrivan­t puissent bénéficier d’une déduction d’impôts d’ici à la fin de cette année.” Alain Regnault, Ageas France.
 ??  ?? “La possibilit­é de sortir du PER pour acheter sa résidence principale permet d’encourager les plus jeunes à épargner à long terme. Le nouveau PER n’est plus un produit tunnel comme pouvait l’être
le Perp.” Xavier Collot, Amundi.
“La possibilit­é de sortir du PER pour acheter sa résidence principale permet d’encourager les plus jeunes à épargner à long terme. Le nouveau PER n’est plus un produit tunnel comme pouvait l’être le Perp.” Xavier Collot, Amundi.

Newspapers in French

Newspapers from France