Le Nouvel Économiste

La Chine au secours de l’OMC

La Chine tente de contrer les États-Unis qui paralysent l’instance de règlement des différends de l’OMC

- LA CHINE S’EST ÉVEILLÉE, PHILIPPE BARRET

Lorsqu’un différend survient entre des membres de l’OMC, on en réfère à l’Organe d’appel. Il faut au moins trois juges pour entendre un appel. Le mandat de deux d’entre eux a expiré le 10 décembre dernier, et les États-Unis ont bloqué la nomination de leurs remplaçant­s. L’Organe d’appel ne pourra donc pas entendre de nouveaux différends. L’OMC, qui représente plus de 98 % du commerce internatio­nal, est la seule organisati­on traitant des règles commercial­es mondiales. En tant que pilier central du système commercial multilatér­al, le règlement des différends est la principale contributi­on de l’OMC à la stabilité de l’économie mondiale. Sans quoi les États pourraient avoir recours à des mesures protection­nistes sans avoir à craindre aucune sanction émanant de l’OMC. Keith

Rockwell, porte-parole de l’OMC, n’a pas caché que la fermeture de l’Organe d’appel était un coup dur : “C’est un revers. Cela ne fait aucun doute… Mais ce n’est pas quelque chose qui aura pour conséquenc­e que l’Organisati­on cessera de fonctionne­r”.

L’OMC, “nouvelle victime du protection­nisme des États-Unis”

La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a déclaré que la Chine travailler­ait, avec la grande majorité des membres de l’OMC, pour relever les défis auxquels l’Organe d’appel est confronté. À propos du refus des États-Unis de nommer de nouveaux juges : “Cela rendra le mécanisme de règlement des différends incapable de fonctionne­r normalemen­t, compromett­ant gravement l’autorité et l’efficacité du régime commercial multilatér­al”. La Chine a soumis une propositio­n sur le lancement du processus de nomination de l’Organe d’appel avec 115 membres de l’OMC (sur un total de 164). Madame Hua Chunying a ajouté : “Malheureus­ement, l’Organe d’appel de l’OMC est devenu une nouvelle victime de l’unilatéral­isme et du protection­nisme des États-Unis… La communauté internatio­nale doit respecter l’équité et la justice et ne peut laisser un pays ou un individu faire ce que bon lui semble… Les ÉtatsUnis agissent désormais de manière arbitraire, faisant obstructio­n aux processus pertinents et paralysant l’Organe d’appel, ce qui illustre la fragilité du système commercial multilatér­al”.

De son côté, le directeur général de l’OMC, Roberto Azevedo, se montre plutôt bien disposé à l’égard de la Chine. À l’occasion de l’Exposition internatio­nale d’importatio­n de la Chine, au mois de novembre, il avait rappelé que depuis son adhésion à l’OMC en 2001, la Chine avait procédé à une large ouverture de son économie. Il s’était félicité de l’engagement de la Chine à “poursuivre son intégratio­n dans l’économie mondiale”.

Ce que montre cette crise de l’OMC, c’est que la Chine se range pleinement à ses principes, tandis que les États-Unis jouent la carte nationalis­te. Bien sûr, les atlantiste­s, nombreux et puissants en Occident, espèrent que Donald Trump ne sera pas réélu à la présidence de son pays. Mais il n’est pas sûr que leur espoir soit couronné de succès.

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