Le soin total
Bien-être physique et santé émotionnelle, une offre innovante et enrichie pour soigner mieux et plus large
Les soins “high-tech” font appel aux technologies, et les soins “high touch” demandent un savoir-faire
Dans un contexte particulièrement anxiogène, g le secteur du bien-être se pporte à merveille. À la recherche du bien-être idéal comme de la différence qui permettra de se démarquer de la concurrence, établissements thermaux, centres de thalasso et autres spas proposent une nouvelle palette de soins et de services qui relèvent autant des traditions ancestrales que des nouvelles technologies. Une course à l’innovation afin de mieux répondre aux attentes des habitués et attirer une nouvelle clientèle.
Quelques instants de douceur dans un monde de brutes. C’est ce que souhaitent apporter les établissements de bien-être – qu’ils soient thermaux, thalasso ou spas – à leur clientèle en proposant une gamme de soins de plus en plus pointue. “Ce secteur est en pleine effervescence”, confie Jean-Guy de Gabriac, fondateur de Tip Touch, société de conseil pour les spas et les centres wellness. Le secteur s’est lancé dans une course aux innovations tous azimuts, recourant aux techniques ancestrales comme aux technologies les plus en pointe.
Innover pour se différencier
Cure connectée, cure détox, cryothérapie, luminothérapie, modelage aux pierres chaudes, shiatsu, ayurveda ou yoga ne sont que quelques exemples. Cette démultiplication de l’offre de soins et de services “fait progresser notre métier, ainsi que la satisfaction de la clievntèlev”, juge Olivier Raulic, directeur général des Thermes marins de St-Malo. Même son de cloche à la Chaîne thermale du soleil : “Ces innovations ont permis de régénérer les cures thermales”, souligne Éléonore Guérard, présidente de la chaîne qui a célébré en 2019 ses 72 ans. “Il existe deux types d’innovations : les microtendances qui relèvent davantage du gadget, et celles qui répondent à un mouvement sociologique”, tempère toutefois Jean-Louis Poiroux, pdg des spas des Cinq Mondes. Ce renouvellement des soins était néanmoins devenu essentiel dans un marché très concurrentiel titillé par les spas. Le Vichy Célestins Spa Hôtel ne propose pas moins de 18 offres de soins. L’ambition est d’étudier les besoins des clients et de tenter d’y répondre. “On innove pour personnaliser. Les clients ne veulent plus vivre 6 fois la même journée comme autrefois. Ils souhaitent être agréablement surpris” insiste Jean-Luc Pleuvry, directeur général de la chaîne Thalazur. Une innovation qui passe également par un retour aux sources. Thalazur, qui a proposé jusqu’à 20 cures, a réduit sa voilure pour se limiter à 9 cures au maximum. “On tend à revenir aux fondamentaux et à redevenir les experts qu’on était”, ajoute Jean-Luc Pleuvry. Des propos étayés par ceux du Dr Marie Perez Sicar, présidente de France Thalasso : “La thalasso revient à une personnalisation des soins et se recentre sur ses fondamentaux que sont l’eau de mer et la santé.”
High-tech et high touch
Parmi toutes ces nouveautés, Jean-Guy de Gabriac établit une
distinction entre les soins “hightech” faisant appel aux technologies, et les soins “high touch” qui demandent un savoir-faire. Alliance Pornic, qui propose aussi du bio et une cure ayurvédique, a beaucoup misé sur les nouvelles technologies. “On nous disait que le matériel de la thalasso n’évoluait pas. On l’a amélioré tout en restant sérieux”, indique Marie-Noëlle Veillet-Berry, sa directrice générale. Entendez : sans verser dans le gadget. Son établissement propose le Physioscan, un décodeuranalyseur qui détaille l’énergie des tissus et des organes, un sauna infrarouge, à la température tempérée, qui favorise une désintoxication profonde du corps, ou encore le Multiled pour la luminothérapie. “Ces compléments indispensables de la thalasso sont les thérapies du XXIe siècle”, précise celle-ci. Plus répandue, et disponible notamment au
Thalazur d’Arcachon, la cryothérapie permet grâce à une exposition à - 180 °C pendant quelques minutes de chasser la fatigue et de mieux dormir.
Les amateurs de “high touch” pourront quant à eux se tourner vers les massages et techniques ancestrales venues du bout du monde : l’ayurvéda, le yoga, des gymnastiques et arts martiaux doux, mais aussi la méditation de pleine conscience. Le Carnac Thalasso et Spa Resort propose une cure ayurvédique réalisée par du personnel ayant suivi un long protocole de formation incluant un stage à l’hôpital de Bombay. “Le yoga, l’ayurvéda, le shiatsu sont entrés dans les moeurs occidentales et sont désormais considérés comme un complément à la thalasso”, précise Jean-Luc Pleuvry. “Se reconnecter avec ses cinq sens est essentiel. L’immersion dans le sensoriel permet de neutraliser le mental, à défaut de le guérir”, ajoute Jean-Louis Poiroux.
Cibles de nouvelles générations
Aux nouveaux soins s’ajoute la volonté de cibler de nouveaux publics. Les cures ne sont plus réservées aux seniors. “Nous avons élargi notre offre avec des séjours plus courts pour une clientèle plus jeune”, déclare Olivier Raulic. Les ados eux-mêmes sont chouchoutés. Aux Thermes marins de Saint-Malo, ils ont le choix entre une cure détente ou surpoids. Carnac a mis en place un “teenage spa” et un “kid spa” pour les enfants à partir de 8 ans, centré sur les soins du visage, et même un atelier de maquillage pour les petites filles. Une manière pour les parents de prendre soin d’eux sans pour autant culpabiliser. Les soins duo entre ami(e)s ou “mères/filles” sont également très appréciés. “C’est un marché en progression. La cure mère/fille permet de se retrouver et se ressourcer”, souligne Karelle Geyer commissaire générale du salon les Thermalies, qui se déroule en janvier à Paris et à Lyon mi-février. Les hommes ne sont pas oubliés avec des soins spécifiques comme les cures running ou contre le surpoids.
Objectif santé
Quelle que soit la clientèle visée, l’objectif de ces établissements est d’offrir une thérapie holistique et de faire de la prévention santé ; ce que les Américains appellent le “wellness”. “La thalasso évolue clairement vers une logique de bien-être global”, déclare Olivier Raulic. “Nous nous occupons désormais de la santé émotionnelle, chose que nous ne faisions pas auparavant”, confirme Jean-Luc Pleuvry. “Les nouvelles cures et gammes de soins proposées dans la thalasso et le thermalisme répondent aux nouveaux maux de la société, tels que le stress, les problèmes de sommeil ou encore le burn-out”, résume Karelle Geyer.
Pour remédier au stress de la vie moderne et retrouver, comme le déclare Jean-Guy de Gabriac “un corps vitalisé, un esprit clair et un coeur en paix”, une multitude de solutions existent. Thalazur propose ainsi à Cabourg une cure Capital Santé par l’alimentation. De son côté, la vague des cures détox grandit et évolue. Cinq Mondes propose l’udar-abhyanga, un soin-massage détox par le ventre, ce deuxième cerveau. Thalazur propose également du yoga du ventre à Ouistreham, tandis que la Chaîne thermale du soleil a lancé une cuisine détox dans ses établissements de Barbotan, Gréoux et Molitg, sans gluten ni lactose. En réaction contre le stress de la vie moderne, le retour à la nature est également privilégié. Le secteur mise sur le sport et le naturel, en mettant l’accent qui sur le running, qui sur la randonnée, à l’instar de la Chaîne thermale qui se lance dans le tourisme thermal en proposant la destination de La Preste aux amoureux de la nature et de la randonnée. Le bio est bien sûr largement plébiscité. Une évidence pour Olivier Raulic : “Dans le domaine de la thalasso, le bio n’est pas l’exception mais la règle. L’eau de mer, par définition, est naturelle et bio”. Le bien-être intéresse également les personnes atteintes de maladies graves ou chroniques. De plus en plus d’établissements proposent des cures post-cancer du sein aux femmes en rémission, à l’instar de Carnac pour la thalasso ou de Vichy et de Challes-les-Eaux pour le thermal. La Chaîne thermale propose à Cambo-les-Bains une mini-cure “répit” aidant/aidé pour les couples affrontant la maladie d’Alzheimer.
Vaste, voire pléthorique, cette gamme de nouveaux soins dans le domaine du bien-être risque-t-elle de générer de la confusion pour les utilisateurs ? Pour les professionnels, la réponse est non : “ces nouvelles cures répondent à une demande”, insiste Karelle Geyer. “C’est à nous de rendre lisible notre offre”, affirme Olivier Raulic, qui poursuit : “les nouvelles tendances ne concernent que 10 % de ce qui nous est demandé”. Et Éléonore Guérard de conclure : “Dans la course aux innovations, le juge de paix c’est le temps. La plupart de nos cures naissent de conversations avec nos clients ou des associations de patients. Au bout de 10 ans, ne reste que ce qui est utile. Nos clients sont acteurs de leurs cures et le seront toujours”.
Aux nouveaux soins s’ajoute la volonté de cibler de nouveaux publics, notamment plus jeunes