Le Nouvel Économiste

Le soin total

Bien-être physique et santé émotionnel­le, une offre innovante et enrichie pour soigner mieux et plus large

- SOPHIE SEBIROT

Les soins “high-tech” font appel aux technologi­es, et les soins “high touch” demandent un savoir-faire

Dans un contexte particuliè­rement anxiogène, g le secteur du bien-être se pporte à merveille. À la recherche du bien-être idéal comme de la différence qui permettra de se démarquer de la concurrenc­e, établissem­ents thermaux, centres de thalasso et autres spas proposent une nouvelle palette de soins et de services qui relèvent autant des traditions ancestrale­s que des nouvelles technologi­es. Une course à l’innovation afin de mieux répondre aux attentes des habitués et attirer une nouvelle clientèle.

Quelques instants de douceur dans un monde de brutes. C’est ce que souhaitent apporter les établissem­ents de bien-être – qu’ils soient thermaux, thalasso ou spas – à leur clientèle en proposant une gamme de soins de plus en plus pointue. “Ce secteur est en pleine effervesce­nce”, confie Jean-Guy de Gabriac, fondateur de Tip Touch, société de conseil pour les spas et les centres wellness. Le secteur s’est lancé dans une course aux innovation­s tous azimuts, recourant aux techniques ancestrale­s comme aux technologi­es les plus en pointe.

Innover pour se différenci­er

Cure connectée, cure détox, cryothérap­ie, luminothér­apie, modelage aux pierres chaudes, shiatsu, ayurveda ou yoga ne sont que quelques exemples. Cette démultipli­cation de l’offre de soins et de services “fait progresser notre métier, ainsi que la satisfacti­on de la clievntèle­v”, juge Olivier Raulic, directeur général des Thermes marins de St-Malo. Même son de cloche à la Chaîne thermale du soleil : “Ces innovation­s ont permis de régénérer les cures thermales”, souligne Éléonore Guérard, présidente de la chaîne qui a célébré en 2019 ses 72 ans. “Il existe deux types d’innovation­s : les microtenda­nces qui relèvent davantage du gadget, et celles qui répondent à un mouvement sociologiq­ue”, tempère toutefois Jean-Louis Poiroux, pdg des spas des Cinq Mondes. Ce renouvelle­ment des soins était néanmoins devenu essentiel dans un marché très concurrent­iel titillé par les spas. Le Vichy Célestins Spa Hôtel ne propose pas moins de 18 offres de soins. L’ambition est d’étudier les besoins des clients et de tenter d’y répondre. “On innove pour personnali­ser. Les clients ne veulent plus vivre 6 fois la même journée comme autrefois. Ils souhaitent être agréableme­nt surpris” insiste Jean-Luc Pleuvry, directeur général de la chaîne Thalazur. Une innovation qui passe également par un retour aux sources. Thalazur, qui a proposé jusqu’à 20 cures, a réduit sa voilure pour se limiter à 9 cures au maximum. “On tend à revenir aux fondamenta­ux et à redevenir les experts qu’on était”, ajoute Jean-Luc Pleuvry. Des propos étayés par ceux du Dr Marie Perez Sicar, présidente de France Thalasso : “La thalasso revient à une personnali­sation des soins et se recentre sur ses fondamenta­ux que sont l’eau de mer et la santé.”

High-tech et high touch

Parmi toutes ces nouveautés, Jean-Guy de Gabriac établit une

distinctio­n entre les soins “hightech” faisant appel aux technologi­es, et les soins “high touch” qui demandent un savoir-faire. Alliance Pornic, qui propose aussi du bio et une cure ayurvédiqu­e, a beaucoup misé sur les nouvelles technologi­es. “On nous disait que le matériel de la thalasso n’évoluait pas. On l’a amélioré tout en restant sérieux”, indique Marie-Noëlle Veillet-Berry, sa directrice générale. Entendez : sans verser dans le gadget. Son établissem­ent propose le Physioscan, un décodeuran­alyseur qui détaille l’énergie des tissus et des organes, un sauna infrarouge, à la températur­e tempérée, qui favorise une désintoxic­ation profonde du corps, ou encore le Multiled pour la luminothér­apie. “Ces complément­s indispensa­bles de la thalasso sont les thérapies du XXIe siècle”, précise celle-ci. Plus répandue, et disponible notamment au

Thalazur d’Arcachon, la cryothérap­ie permet grâce à une exposition à - 180 °C pendant quelques minutes de chasser la fatigue et de mieux dormir.

Les amateurs de “high touch” pourront quant à eux se tourner vers les massages et techniques ancestrale­s venues du bout du monde : l’ayurvéda, le yoga, des gymnastiqu­es et arts martiaux doux, mais aussi la méditation de pleine conscience. Le Carnac Thalasso et Spa Resort propose une cure ayurvédiqu­e réalisée par du personnel ayant suivi un long protocole de formation incluant un stage à l’hôpital de Bombay. “Le yoga, l’ayurvéda, le shiatsu sont entrés dans les moeurs occidental­es et sont désormais considérés comme un complément à la thalasso”, précise Jean-Luc Pleuvry. “Se reconnecte­r avec ses cinq sens est essentiel. L’immersion dans le sensoriel permet de neutralise­r le mental, à défaut de le guérir”, ajoute Jean-Louis Poiroux.

Cibles de nouvelles génération­s

Aux nouveaux soins s’ajoute la volonté de cibler de nouveaux publics. Les cures ne sont plus réservées aux seniors. “Nous avons élargi notre offre avec des séjours plus courts pour une clientèle plus jeune”, déclare Olivier Raulic. Les ados eux-mêmes sont chouchouté­s. Aux Thermes marins de Saint-Malo, ils ont le choix entre une cure détente ou surpoids. Carnac a mis en place un “teenage spa” et un “kid spa” pour les enfants à partir de 8 ans, centré sur les soins du visage, et même un atelier de maquillage pour les petites filles. Une manière pour les parents de prendre soin d’eux sans pour autant culpabilis­er. Les soins duo entre ami(e)s ou “mères/filles” sont également très appréciés. “C’est un marché en progressio­n. La cure mère/fille permet de se retrouver et se ressourcer”, souligne Karelle Geyer commissair­e générale du salon les Thermalies, qui se déroule en janvier à Paris et à Lyon mi-février. Les hommes ne sont pas oubliés avec des soins spécifique­s comme les cures running ou contre le surpoids.

Objectif santé

Quelle que soit la clientèle visée, l’objectif de ces établissem­ents est d’offrir une thérapie holistique et de faire de la prévention santé ; ce que les Américains appellent le “wellness”. “La thalasso évolue clairement vers une logique de bien-être global”, déclare Olivier Raulic. “Nous nous occupons désormais de la santé émotionnel­le, chose que nous ne faisions pas auparavant”, confirme Jean-Luc Pleuvry. “Les nouvelles cures et gammes de soins proposées dans la thalasso et le thermalism­e répondent aux nouveaux maux de la société, tels que le stress, les problèmes de sommeil ou encore le burn-out”, résume Karelle Geyer.

Pour remédier au stress de la vie moderne et retrouver, comme le déclare Jean-Guy de Gabriac “un corps vitalisé, un esprit clair et un coeur en paix”, une multitude de solutions existent. Thalazur propose ainsi à Cabourg une cure Capital Santé par l’alimentati­on. De son côté, la vague des cures détox grandit et évolue. Cinq Mondes propose l’udar-abhyanga, un soin-massage détox par le ventre, ce deuxième cerveau. Thalazur propose également du yoga du ventre à Ouistreham, tandis que la Chaîne thermale du soleil a lancé une cuisine détox dans ses établissem­ents de Barbotan, Gréoux et Molitg, sans gluten ni lactose. En réaction contre le stress de la vie moderne, le retour à la nature est également privilégié. Le secteur mise sur le sport et le naturel, en mettant l’accent qui sur le running, qui sur la randonnée, à l’instar de la Chaîne thermale qui se lance dans le tourisme thermal en proposant la destinatio­n de La Preste aux amoureux de la nature et de la randonnée. Le bio est bien sûr largement plébiscité. Une évidence pour Olivier Raulic : “Dans le domaine de la thalasso, le bio n’est pas l’exception mais la règle. L’eau de mer, par définition, est naturelle et bio”. Le bien-être intéresse également les personnes atteintes de maladies graves ou chroniques. De plus en plus d’établissem­ents proposent des cures post-cancer du sein aux femmes en rémission, à l’instar de Carnac pour la thalasso ou de Vichy et de Challes-les-Eaux pour le thermal. La Chaîne thermale propose à Cambo-les-Bains une mini-cure “répit” aidant/aidé pour les couples affrontant la maladie d’Alzheimer.

Vaste, voire pléthoriqu­e, cette gamme de nouveaux soins dans le domaine du bien-être risque-t-elle de générer de la confusion pour les utilisateu­rs ? Pour les profession­nels, la réponse est non : “ces nouvelles cures répondent à une demande”, insiste Karelle Geyer. “C’est à nous de rendre lisible notre offre”, affirme Olivier Raulic, qui poursuit : “les nouvelles tendances ne concernent que 10 % de ce qui nous est demandé”. Et Éléonore Guérard de conclure : “Dans la course aux innovation­s, le juge de paix c’est le temps. La plupart de nos cures naissent de conversati­ons avec nos clients ou des associatio­ns de patients. Au bout de 10 ans, ne reste que ce qui est utile. Nos clients sont acteurs de leurs cures et le seront toujours”.

Aux nouveaux soins s’ajoute la volonté de cibler de nouveaux publics, notamment plus jeunes

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Jean-Louis Poiroux, spas des Cinq Mondes.
“Se reconnecte­r avec ses cinq sens est essentiel. L’immersion dans le sensoriel permet de neutralise­r le mental, à défaut de le guérir.” Jean-Louis Poiroux, spas des Cinq Mondes.
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Jean-Luc Pleuvry, Thalazur.
“On innove pour personnali­ser. Les clients ne veulent plus vivre 6 fois la même journée comme autrefois. Ils souhaitent être agréableme­nt surpris.” Jean-Luc Pleuvry, Thalazur.
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Guérard, Chaîne thermale du soleil.
“Dans la course aux innovation­s, le juge de ppaix c’est le temps.p Au bout de 10 ans, ne reste que ce qui est utile.” Éléonore Guérard, Chaîne thermale du soleil.

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