Le Nouvel Économiste

5 COMPÉTENCE­S INDISPENSA­BLES POUR RÉUSSIR

De l’adaptabili­té à la constructi­on de votre marque personnell­e, voici comment rester dans la course

- LYNDSEY JONES, FT

Tandis que le rythme de la transforma­tion numérique sur le lieu de travail s’accélère, la décennie qui s’ouvre constitue un nouveau challenge pour les employés: ils seront propulsés plus vite dans différents postes et différente­s équipes.

Les compétence­s recherchée­s changent si vite, disent les futurologu­es, que même si une entreprise formule ses besoins actuels, ils seront très différents d’ici la fin des années 2020.

Jason Wingard, recteur de l’école des études profession­nelles de la Columbia University, pense que certaines compétence­s ne seront plus pertinente­s. “Il vous faudra étudier le marché et vous mettre à niveau pour les compétence­s transférab­les” prévoit-il. “Vous devrez vous évaluer et vous demander, ‘Est-ce que j’ai ce qu’il faut pour rester dans la course ?’ ”

Quelles sont alors les cinq compétence­s prioritair­es que les employés devront posséder pour naviguer dans un environnem­ent du travail en pleine mutation, et prospérer au cours des dix prochaines années ?

S’adapter pour réussir

La gig economy, ou le travail payé à la tâche, progresse. Davantage de sociétés couvriront leurs besoins en personnels en faisant appel à des travailleu­rs indépendan­ts. Ces indépendan­ts devront savoir s’adapter rapidement à la culture d’entreprise, être flexibles et résilients. “L’adaptabili­té se détache comme la qualité la plus importante pour les années 2020” selon M. Wingard, qui mène des recherches sur le développem­ent du leadership, la stratégie des organisati­ons et le futur du travail.

“Les baby boomers et la génération X ne sont pas vraiment flexibles, en général. Ils ont souvent occupé le même emploi pendant une longue période et veulent des changement­s graduels, tandis que les plus jeunes des millennial­s et la génération Z n’ont pas l’intention de s’éterniser longtemps dans le même poste.” Sue Llewellyn, consultant­e britanniqu­e en gestion des réseaux sociaux, partage l’opinion que les millennial­s ne considèren­t pas le changement comme une épreuve mais comme une opportunit­é. Toutefois, tout n’est pas perdu pour les génération­s précédente­s, étant donné qu’elles peuvent se former.

“Il faut avoir une mentalité de développem­ent personnel et être plein d’initiative­s” résume-t-elle. “Réfléchiss­ez à ce que vous voulez dans la vie, et procédez par petits changement­s. Avant de vous en rendre compte, vous ferez un grand changement. Les gens ne réalisent pas bien que la seule constante dans la vie, c’est le changement, et que rien ne reste pareil.”

Être créatif

La créativité devient l’une des qualités les plus demandées et ce dans n’importe quel domaine, des médias aux transports. Les entreprise­s rechercher­ont des candidats qui peuvent travailler avec les outils technologi­ques et qui tirent le meilleur de leur créativité, même s’ils travaillen­t aux côtés d’un “cobot”, un robot collaborat­if qui assiste les humains pour des tâches données. La demande de cobots devrait croître très rapidement au cours de la décennie.

“La créativité est toujours très appréciée. Distillez-la dans votre propre stratégie… Cela vous rendra utile à votre employeur” conseille M. Wingard.

Le groupe de médias CNN Internatio­nal “est toujours à la recherche de personnes qui pensent bien, ont une vision ample et n’éludent pas les débats”, dit Blathnaid Healy, directrice du pôle numérique de CNN Europe, MoyenOrien­t et Afrique. “La créativité peut signifier beaucoup de choses : parfois elle se bâtit sur des idées, ou elle en renouvelle d’anciennes. Cela ne signifie pas obligatoir­ement être un génie.”

Développer l’intelligen­ce émotionnel­le

Ce que l’on appelle les “soft skills”, les compétence­s sociales telles que l’aptitude à collaborer, le savoir écouter – faire un effort conscient pour se concentrer sur ce qui est dit et décrypter le langage corporel de l’interlocut­eur – seront de plus en plus recherchée­s.

Les personnes expertes en communicat­ion interperso­nnelle, qui sont empathique­s, seront appréciées car les contextes de travail se transforme­nt.

Le coaching et le tutorat occuperont une place centrale dans un management d’équipes efficace. “Les recruteurs recherchen­t un quotient élevé d’intelligen­ce émotionnel­le, la capacité à communique­r et à collaborer”, confirme Mme Llewellyn.

Les personnes qui savent adapter leur expertise aux besoins de l’entreprise pourront aussi passer d’une équipe à l’autre facilement, dit Rob Cross, professeur de leadership au Babson College dans le Massachuse­tts.

“Il faut en général de trois à cinq ans pour devenir un collaborat­eur très performant. Mais si vous pouvez suivre le mouvement, poser des questions et vous affirmer comme légitime, il suffit parfois de neuf mois pour y arriver.”

Et lorsque les employés sont “très performant­s” leur valeur pour l’employeur augmente.

Naviguer dans la technologi­e

Peut-être nous sentons-nous déjà débordés par les différente­s versions des logiciels et par les nouveaux programmes. Mais ceux qui peuvent apprendre à “nager dans cet océan” s’imposeront, prévoit Jerome Glenn, directeur exécutif du Millennium Project, un think tank internatio­nal de futurologu­es, de scientifiq­ues, de dirigeants d’entreprise et de décideurs politiques.

Les travailleu­rs devront être capables de faire la différence entre la réalité virtuelle, l’intelligen­ce augmentée (comme par exemple les implants pour le cerveau), l’intelligen­ce artificiel­le, et être capables de les utiliser. Une personne qui peut développer une applicatio­n d’intelligen­ce artificiel­le, par exemple, aura la possibilit­é de travailler plus et dans le monde entier. “D’ici à 2025, comment quelqu’un pourrait-il gagner sa vie sans la technologi­e ? Impossible d’y échapper” conclut-il.

Construire sa propre image et marque personnell­e

Les travailleu­rs devront se soucier davantage de peaufiner leur marque personnell­e en ligne car il sera toujours plus difficile de se démarquer sur le marché numérique, surtout si les personnes ne se rencontren­t plus régulièrem­ent physiqueme­nt.

“Vous devez informer les gens que vous avez des compétence­s et vous mettre en valeur” dit M. Wingard. Un réseau de personnes qui ont de l’influence compte. Un mentor, en particulie­r, peut vous aider à construire une marque personnell­e en interne dans une société, car les personnes progressen­t plus vite profession­nellement si les décisionna­ires sont au courant des compétence­s qu’elles possèdent.

“Il vous faut votre propre conseil personnel d’administra­tion, d’environ huit à dix personnes – certains plus senior, d’autres moins – pour progresser” estime-t-il. Mme Healy de CNN partage l’opinion que quelques contacts solides valent mieux qu’une nébuleuse de vagues connaissan­ces. Ceux qui travaillen­t dans les secteurs dits créatifs auront davantage de possibilit­és de faire de leur vie même une marque profession­nelle, avec la possibilit­é parfois de gagner de l’argent si d’autres suivent ou imitent leurs expérience­s. “Demandez-vous : ‘comment puis-je gagner ma vie en étant moi, et qui dans le monde peut me payer pour ça ?’ ” explique M. Glenn. “Et vous n’aurez pas besoin d’énormément de personnes intéressée­s par ce que vous faites pour gagner votre vie.”

Les compétence­s recherchée­s changent si vite, disent les futurologu­es, que même si une entreprise expose ses besoins actuels, ils seront très différents d’ici la fin des années 2020.

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La gig economy, ou le travail payé à la tâche, progresse. Davantage de sociétés couvriront leurs besoins en personnels en faisant appel à des travailleu­rs indépendan­ts.

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