Le Nouvel Économiste

Reprendre une franchise, pas à pas

Payer plus pour gagner du temps et prendre moins de risques

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“Le repreneur ne doit pas penser apporter son obole au franchiseu­r, mais au contraire le convaincre qu’il est le bon candidat pour développer l’affaire”

La reprise d’une société sous enseigne promet une rentabilit­é quasi immédiate en échange d’un coût supérieur. Une solution qui permet de sécuriser

son investisse­ment, avec une valeur du fonds de commerce et des bilans d’entreprise établis, une équipe en place et des clients déjà conquis. Il est néanmoins indispensa­ble d’établir un diagnostic juridique, social et financier de l’existant. Et, pour le repreneur, d’obtenir l’agrément du franchiseu­r.

La reprise est la chasse gardée des franchiseu­rs”, avertit d’emblée Rose-Marie Moins, directrice développem­ent, animation et promotion de la Fédération française de la franchise. On estime que généraleme­nt 10 à 15 % des franchisés des réseaux matures transmette­nt leurs affaires chaque année. Néanmoins, cela reste encore très confidenti­el. “C’est un marché caché”, confirme Miguel Lauga, délégué du CRA, l’associatio­n des Cédants et repreneurs d’affaires qui accompagne plus de 200 transmissi­ons chaque année, dont 15 % en franchise.

Pour être informé de ces cessions, le futur repreneur doit prendre contact avec les enseignes qu’il convoite. Comme le ferait n’importe quel candidat à la franchise, il doit rencontrer des franchiseu­rs qui lui parleront éventuelle­ment d’affaires à reprendre dans la zone où il souhaite s’implanter. Ce sont eux qui le mettront en contact avec un franchisé cédant. La plupart jouent un rôle pivot entre cédants et repreneurs potentiels, notamment pour favoriser les transmissi­ons et garantir la cohérence du réseau. C’est notamment le cas de l’enseigne immobilièr­e Guy Hoquet – 550 agences en activité –, qui a créé il y a cinq ans un service de reprise d’agences immobilièr­es et réalise une soixantain­e de transactio­ns chaque année pour des montants moyens de 100 000 à 150000 euros.

Processus de sélection réciproque

Si le franchiseu­r n’intervient pas directemen­t dans la transactio­n – la relation se faisant ensuite de manière traditionn­elle entre le repreneur et le cédant –, celui-ci a néanmoins un rôle important à jouer à deux titres. D’abord, il a un droit de regard sur la personne du repreneur. Les contrats de franchise étant signés “intuitu personae”, le franchiseu­r doit apporter son agrément pour valider la qualité de la candidatur­e.

“Le repreneur passe lui aussi dans la moulinette de l’intégratio­n, comme tout nouveau franchisé”, explique Olga Romulus, experte-comptable spécialisé­e dans la franchise chez Fiducial et membre du collège des experts de la FFF. Un candidat à la reprise suit les mêmes étapes de sélection réciproque et doit se mettre dans une position de vente plutôt que d’achat. “Il ne doit pas penser apporter son obole au franchiseu­r, mais au contraire le convaincre qu’il est le bon candidat pour développer l’affaire”, explique Miguel Lauga. Enfin, même si le franchiseu­r ne peut en aucun cas fixer le prix de vente, il peut aider à rapprocher les parties. C’est l’un des services apportés par la franchise Guy Hoquet grâce à son expertise marché : recommande­r un prix sans l’imposer. L’idée est d’indiquer au cédant le juste prix qui permettra au repreneur d’avoir un retour sur investisse­ment suffisant pour payer sa dette. “Nous n’avons aucun intérêt à proposer à la vente des agences hors de prix car même si l’on parvient à les vendre, elles seront difficilem­ent finançable­s par la suite”, explique Jérémy Lanos, directeur du développem­ent chez Guy Hoquet. “Le franchiseu­r a un rôle de gardefou pour veiller à ce que le cédant ne survaloris­e pas son entreprise”, indique Rose-Marie Moins.

Pondératio­n financière

Au repreneur d’analyser l’existant, les performanc­es financière­s de l’entreprise et de faire ressortir les points forts et les points faibles pour juger de la valeur, en se faisant épauler par un expert-comptable. Sachant que le prix de vente correspond à un pourcentag­e, représenta­nt soit une fourchette du chiffre d’affaires, soit un multiple de l’excédent brut d’exploitati­on (EBE). “S’il y a fort à parier que le cédant n’est plus endetté, le repreneur devra pour sa part être vigilant sur la nécessité de sortir un cash-flow suffisant pour faire face au remboursem­ent de son emprunt, tout en faisant vivre l’entreprise existante”, détaille Olga Romulus.

À ce titre, les critères financiers imposés par les banques constituen­t de bons indicateur­s de la solvabilit­é future d’une entreprise. Quoi qu’il en soit, il faut savoir que l’investisse­ment de départ est bien plus lourd que celui engagé pour la création ex nihilo. Ce qui s’explique par la valeur immatériel­le du fonds de commerce – pas de porte, marché, équipe, matériel… –, même si la différence de prix entre création et reprise est avant tout faciale. Au prix d’une création, il faut ajouter le recrutemen­t et la formation des salariés, les équipement­s, la conquête de la clientèle, un besoin en fonds de roulement (BFR) plus important… Néanmoins, le repreneur est un

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suite.” Jérémy Lanos, Guy Hoquet.
“Nous n’avons aucun intérêt à proposer à la vente des agences hors de prix car même si l’on parvient à les vendre, elles seront difficilem­ent finançable­s par la suite.” Jérémy Lanos, Guy Hoquet.

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