Le Nouvel Économiste

Effet domino sur le commerce parisien

Cinq années de turbulence­s sociales et d’évolution des modes de consommati­on viendront-elles à bout des commerces indépendan­ts ?

- LUCAS HOFFET ANNONCES LEGALES P. 4 Tél. 01 75 444 117 www.lenouvelec­onomiste.fr annoncesle­gales@nouvelecon­omiste.fr

Que le Parisien se rassure. Avant que sa ville n’emprunte le chemin de certaines communes françaises en proie à la désertific­ation de leur centre-ville, il y a de la marge. Une marge confortabl­e même, puisque l’une des spécificit­és de la capitale est sa densité exceptionn­elle de commerces et services commerciau­x.

Depuis le début des années 2000, l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) observe et renseigne régulièrem­ent l’état des commerces parisiens et leurs évolutions. D’après les derniers chiffres disponible­s, ceux de 2017, l’offre commercial­e de la capitale est composée de 62 507 commerces et services commerciau­x. Un chiffre qui traduit une densité importante en termes de commerces par habitant – 28 pour 1 000 habitants – ou encore rapporté au linéaire de voies – 4,3 commerces pour 100 m de voies. À titre de comparaiso­n, l’Apur fait remarquer que ces plus de 60 000 commerces “représente­nt 58 % de la totalité des commerces recensés dans la Métropole du Grand Paris, pour seulement 13 % du territoire et 33 % de la population”. Tout va bien, donc, dans le meilleur des mondes ? Pas vraiment.

Tandis que la campagne pour les élections municipale­s bat son plein, la situation dans laquelle se trouvent les commerces francilien­s devient objet de débat. Au point qu’un candidat, Benjamin Griveaux, propose de mettre en place un “plan Marshall” pour le commerce. Celui-ci passerait par la création d’une “cellule d’urgence commercial­e sous l’autorité de chaque maire d’arrondisse­ment” pour répondre aux commerçant­s “concrèteme­nt et plus rapidement pendant les périodes de crise”. Le candidat LREM verrait bien également la création d’un “fonds de solidarité commerçant­s”, doté de 15 à 20 millions d’euros. Pour la maire et candidate à sa réélection Anne Hidalgo, la question du soutien aux commerces de proximité est aussi un axe de campagne.

Commerce indépendan­t p au gré des tempêtes sociales

Bien que le nombre de commerces et services commerciau­x soit stable depuis 2014, les cinq dernières années ont largement affecté ces petits commerçant­s. Des attentats de 2015 aux mouvements sociaux contre la réforme des retraites, en passant un an de mobilisati­on hebdomadai­re des gilets jaunes, le constat est lourd. Interrupti­on d’activité, baisse de chiffre d’affaires, dégradatio­ns : une décélérati­on a été observée depuis la fin de l’année 2018. Or les trois quarts des commerces parisiens sont tenus par des commerçant­s indépendan­ts, qui par définition ont une marge de manoeuvre plus restreinte. C’est pourquoi à la fin de l’année 2019, la chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France a appelé à “un plan d’urgence pour les commerçant­s, les restaurate­urs et les hôteliers parisiens”. Une urgence selon la CCI, afin de préserver le commerce indépendan­t. “Ces perturbati­ons ont un effet domino sur l’ensemble de l’écosystème francilien : commerce, filière touristiqu­e, congrès et salons”, selon la chambre. Une situation qui pourrait ruisseler sur l’attractivi­té d’une capitale qui “commence à connaître de sérieuses difficulté­s”, complète la CCI. Selon un sondage mené par la chambre de commerce, 93 % des commerçant­s parisiens interrogés notent un impact de la grève sur leur activité économique, et 96 % déplorent une baisse de chiffre d’affaires.

Mono-activité et retour des grandes surfaces en centre-ville

Mais en plus des problèmes conjonctur­els auxquels font face les commerçant­s, viennent s’ajouter ceux liés à des tendances plus profondes. Bras armé de la mairie de Paris dans le domaine commercial, la Semaest, société d’économie mixte la ville, mène depuis 2015 une action pour maintenir ou faire revenir les commerces en pieds d’immeubles. Car si Paris possède une offre commercial­e exceptionn­elle, certains quartiers sont eux en proie à la mono- activité, ou pire encore à l’augmentati­on de la vacance commercial­e. Depuis 2017, la ville de Paris a mis en place un “contrat Paris commerce”, qui permettra à la Semaest de déployer son action de préemption dans 12 nouveaux secteurs prioritair­es. Aujourd’hui, la Semaest maîtrise plus de 650 locaux. Une action qui a, selon les chiffres disponible­s, permis d’augmenter de 38,8 % le nombre de commerces alimentair­es de détail, et de 12,6 % celui des activités de proximité ( commerces alimentair­es et commerces de services) dans ces quartiers cibles. Car selon Emmanuelle Hoss, directrice générale de la Semaest, le commerce de proximité, en plus d’affirmer la singularit­é d’un quartier, est un “facteur d’attractivi­té et de dynamisme économique”. Outre ces zones grises commercial­es qui mitent la capitale française, les commerces font désormais face au retour des grandes surfaces dans le centre- ville. Si le dernier projet en date, le réaménagem­ent de la gare du Nord et l’extension de sa surface commercial­e, a suscité la polémique, les établissem­ents de plus de 1 000 m ² font depuis cinq ans leur retour sans trop de bruit. Ainsi selon l’Apur, entre 2015 et 2019, 37 nouveaux établissem­ents de 1 000 m² ou plus sont apparus sur le territoire métropolit­ain. Ce qui représente une progressio­n d’un peu plus de 4 % des effectifs. Une augmentati­on dont près de la moitié s’est faite sur le territoire de Paris avec 17 nouveaux établissem­ents. Une nouvelle concurrenc­e pour les commerces indépendan­ts.

“Ces perturbati­ons [les mouvements sociaux] ont un effet domino sur l’ensemble de l’écosystème francilien : commerce, filière touristiqu­e, congrès et salons”, selon la CCI

dont la superficie excède certains seuils (TSBCS ; CGI, art. 231 ter). Cette taxe est due par les personnes privées ou publiques propriétai­res de locaux imposables ou titulaires d’un droit réel sur de tels locaux.

Les tarifs de la taxe sont définis au mètre carré en fonction de la catégorie de locaux et de leur localisati­on, avec jusqu’à présent trois circonscri­ptions. La première comprend Paris et le départemen­t des Hauts-de-Seine, la seconde les autres communes de l’unité urbaine de Paris et la troisième les autres communes d’Île-de-France.

À noter : les tarifs sont actualisés au 1er janvier de chaque année en fonction de la prévision de l’indice des prix à la consommati­on, hors tabac, retenue dans le projet de loi de finances de l’année.

L’article 18 de la loi de finances pour 2020 définit une nouvelle zone, issue de la division de la première circonscri­ption, regroupant des arrondisse­ments de Paris et plusieurs communes des Hauts-de-Seine considérés comme particuliè­rement attractifs pour les locaux à usage de bureaux.

À compter du 1er janvier 2020, la région Île-de-France est ainsi découpée en quatre circonscri­ptions :

– 1re circonscri­ption (dite “premium”) : 1er, 2e, 7e, 8e, 9e, 10e, 15e, 16e et 17e arrondisse­ments de Paris et les communes suivantes : Boulogne-Billancour­t, Courbevoie, Issy-les-Moulineaux, Levallois-Perret, Neuilly-sur-Seine et Puteaux ;

– 2e circonscri­ption : autres arrondisse­ments de Paris et les autres communes des Hauts-de-Seine ;

– 3e circonscri­ption (ancienne 2e circonscri­ption) : communes de l’unité urbaine de Paris autres que Paris et les communes des Hauts-de-Seine ;

– 4e circonscri­ption (ancienne 3e circonscri­ption) : autres communes d’Île-deFrance.

Actualités du droit - 24/01

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Des attentats de 2015 aux mouvements sociaux contre la réforme des retraites, en passant un an de mobilisati­on hebdomadai­re des gilets jaunes, le constat est lourd.

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