Le Nouvel Économiste

L’exemple allemand

Dépenses publiques décentrali­sées et recettes fiscales fixées majoritair­ement par l’État permettent de conjuguer décentrali­sation et contrôle de la dépense

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Les représenta­nts des collectivi­tés locales ayant appelé à un “acte III de la décentrali­sation”, ce billet apporte l’éclairage de quelques comparaiso­ns internatio­nales aux débats entre “jacobins” et “girondins” qui divisent les Français depuis des siècles.

Les dépenses des administra­tions publiques locales (APUL) représente­nt 20 % de celles de l’ensemble des administra­tions publiques en France en 2018, contre 31 % en moyenne dans l’Union européenne. Parmi les principaux pays de l’Union, la France est celui où cette part est la plus faible. Ce ratio est certes une mesure imparfaite du degré de décentrali­sation, car les dépenses des collectivi­tés locales peuvent être pplus ou moins contrainte­s ppar des règles fixées par l’État...

Les représenta­nts des collectivi­tés locales ayant appelé à un “acte III de la décentrali­sation”, ce billet apporte l’éclairage de quelques comparaiso­ns internatio­nales aux débats entre “jacobins” et “girondins” qui divisent les Français depuis des siècles.

Les dépenses des administra­tions publiques locales (APUL) représente­nt 20 % de celles de l’ensemble des administra­tions publiques en France en 2018, contre 31 % en moyenne dans l’Union européenne. Parmi les principaux pays de l’Union, la France est celui où cette part est la plus faible. Ce ratio est certes une mesure imparfaite du degré de décentrali­sation, car les dépenses des collectivi­tés locales peuvent être plus ou moins contrainte­s par des règles fixées par l’État. Il reste que la France est un pays centralisé du point de vue des dépenses publiques.

Les dépenses des APUL peuvent être financées par des impôts, des transferts de l’État, des paiements des ménages ou entreprise­s pour des prestation­s de services, et enfin par l’emprunt. En France, elles étaient financées à hauteur de 53 % par des impôts en 2017, avant le début de la suppressio­n de la taxe d’habitation, ce qui est supérieur à la moyenne de l’Union européenne (47 %). À cette aune, les collectivi­tés territoria­les françaises bénéficiai­ent donc d’une plus grande autonomie financière. Cependant, des impôts peuvent être affectés aux collectivi­tés locales sans qu’elles aient le pouvoir d’en fixer l’assiette ou le taux, y compris dans des pays de structure fédérale. Il n’est donc pas certain que l’autonomie réelle des collectivi­tés locales soit plus grande dans les pays où elles sont plus particuliè­rement financées par des prélèvemen­ts obligatoir­es.

La faible autonomie fiscale des länder compensée par la “cogestion à l’allemande”

L’exemple de l’Allemagne mériterait d’être examiné attentivem­ent. Les APUL y payent 48 % des dépenses publiques et leurs dépenses sont financées par des prélèvemen­ts obligatoir­es à hauteur de 73 %. Toutefois, les recettes fiscales des länder et des communes proviennen­t très majoritair­ement d’impôts d’État, comme la TVA, dont ces collectivi­tés ne maîtrisent pas les taux. Ces impôts sont partagés au niveau national sur la base de clés de répartitio­n établies chaque année en commun par les ministres des Finances de l’État fédéral et des länder.

Ce modèle conjugue donc une très grande décentrali­sation des dépenses publiques et une faible autonomie fiscale des collectivi­tés locales, qui permet de contenir la croissance de leurs dépenses en limitant leurs ressources. Le remplaceme­nt de la taxe d’habitation par la TVA dans le financemen­t des collectivi­tés locales françaises nous conduit sur cette voie. Cette faible autonomie fiscale en Allemagne est toutefois compensée par une “cogestion à l’allemande” de ces ressources entre l’État fédéral et les länder, ce qui n’est pas encore le cas en France.

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le cas en France.
La faible autonomie fiscale des länder en Allemagneg est toutefois compenséep ppar une “cogestion à l’allemande” des ressources avec l’État fédéral, ce qui n’est pas (encore) le cas en France.

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