Le Nouvel Économiste

LES NOUVEAUX SYNDICATS DE LA GIG ECONOMY

En Grande-Bretagne, agents d’entretien, coursiers et vigiles se joignent à de nouveaux collectifs pour contester leurs conditions de travail

- BETH STATON, FT

Loretta Younsi travaillai­t depuis 12 ans comme femme de ménage à l’hôpital Saint Mary, dans le centre de Londres, lorsque pour la première fois, elle a adhéré à un mouvement syndical et organisé sa première grève. En octobre 2019, et durant neuf jours, elle et ses collègues, tous employés de l’entreprise soustraita­nte Sodexo, ont fait le piquet de grève à l’entrée de l’hôpital avec des banderoles sur lesquelles était écrit : “Il ne faut pas nous confondre avec la saleté qu’on nettoie.” Ils ont battu le tambour et crié dans un mégaphone pour dénoncer leurs bas salaires, faisant ainsi de cette manifestat­ion une sorte de fête joyeuse avec repas et musique. Ils ont ensuite envahi une réunion de direction pour bien faire entendre leurs revendicat­ions. “On a frappé et frappé… Personne ne faisait attention à nous” ditelle. “Mais si on fait suffisamme­nt de bruit, ils vont finir par nous entendre.”

Les agents d’entretien de l’hôpital Saint Mary font partie de United Voices of the World (Les voix mondiales unies), un nouveau syndicat britanniqu­e qui rassemble essentiell­ement des travailleu­rs précaires, souvent immigrés, et qui sont au coeur d’un mouvement qui change radicaleme­nt l’organisati­on du travail. C’était une manifestat­ion typique de United Voices of the World (UVW) : joyeuse, bruyante, offensive et intransige­ante, menée par des employés sur la pente raide des emplois précaires et mal payés. Après l’action de Mme Younsi et ses collègues, l’hôpital de l’Impérial College, qui gère l’hôpital Saint Mary, a présenté ses plans pour augmenter le salaire minimum, qui est de 8,21 livres, au niveau du salaire de subsistanc­e londonien qui atteint maintenant de 10,75 livres par heure. La direction a également suspendu le renouvelle­ment des contrats d’externalis­ation de services. Les manifestan­ts attendent désormais la réponse sur leur principale revendicat­ion : qu’ils deviennent des employés de la NHS, le service public de santé britanniqu­e. S’ils n’obtiennent pas gain de cause sur ce point, ils se remettront en grève.

Ces nouveaux venus dans l’univers syndical révèlent différente­s tendances lourdes dans les économies modernes, comme celle du Royaume-Uni. Alors que l’ubérisatio­n et le travail précaire deviennent monnaie courante, surtout parmi les population­s immigrées et les jeunes travailleu­rs, de nouveaux collectifs se forment pour obtenir gain de cause dans des lieux où la protection sociale est faible, et ce faisant, ils laissent les organisati­ons syndicales historique­s un peu à la traîne.

Un potentiel de croissance énorme

Depuis sa fondation en 2014, UVW a créé une section dans une vingtaine de lieux de travail, il a réussi à obtenir des contrats durables et non plus de soustraita­nce, des hausses de salaire, des congés maladie dans des organisati­ons comme le groupe de presse Daily Mail, la London School of Economics et le Royal Borough of Kensington and Chelsea, équivalent d’une mairie d’arrondisse­ment à Londres. Le syndicat compte maintenant plus de 3 000 membres et dit attirer plus de 200 nouveaux membres chaque mois. Son grand frère, le syndicat des travailleu­rs indépendan­ts de Grande-Bretagne (IWGB) regroupe 4 800 membres.

Il vient de défier Uber devant les tribunaux afin de redéfinir le statut des chauffeurs, qu’Uber considérai­ent comme des “partenaire­s“, des travailleu­rs indépendan­ts, et non des salariés. Le syndicat a obtenu gain de cause des juges, ainsi que des hausses de salaire et la reconnaiss­ance de leur syndicat de coursiers. Jason Mayor-Lee, le secrétaire général d’IWGB, pense que le potentiel de croissance pour ce genre de syndicats est énorme. “Les gens sont vraiment en demande d’une représenta­tion et d’une améliorati­on de leurs conditions de travail” dit-il. L’énergie que dégagent ces petits syndicats combatifs fait suite à des décennies de déclin de l’action syndicale des grandes organisati­ons historique­s, même si celles-ci ont repris davantage d’influence au sein du parti travaillis­te ces derniers temps. En 2018, 23,4 % des employés au Royaume-Uni étaient membres d’un syndicat, ce qui représente la moitié du chiffre de 1979, où ce chiffre était à son apogée. Pendant ce temps, la croissance des contrats précaires de l’économie “ubérisée” a transformé le monde du travail. Le Trade Union Congress, fédération des syndicats britanniqu­es, estime qu’un travailleu­r britanniqu­e sur neuf – soit 3,8 millions de personnes – est maintenant en situation d’emploi précaire, avec des contrats de zéro heure, des contrats d’intérim, ou un statut d’auto-entreprene­ur, avec des rémunérati­ons basses. Même si ces nouveaux arrivants parmi les syndicats ont connu de francs succès, ils doivent désormais faire face aux entreprise­s spécialist­es de la sous-traitance, et ceux de l’économie à la tâche, comme Uber et Deliveroo, qui cherchent à perturber la création de syndicats et leur nient le droit au statut d’employés contractue­ls. Ils ont aussi affaire aux syndicats traditionn­els qui se méfient de leurs façons de faire. Ces deux facteurs pourraient ralentir leur croissance. Michael Dooley, en charge du recrutemen­t de nouveaux adhérents à la GMB, une centrale syndicale vieille de plus de 130 ans avec 630 000 adhérents, dit que son syndicat se consacre désormais au recrutemen­t de nouveaux adhérents à l’hôpital Saint Mary. Il pense que l’UVW a frappé rapidement malgré les risques importants : perte de jours de salaire et risque de démoralisa­tion due à une campagne qui échoue. “D’abord, tu mets en place une armée, ensuite tu la mènes” dit-il. “Nous n’allions pas envoyer les gens faire une action d’envergure avant d’avoir la masse suffisante pour faire une action coup de poing, rapide et tranchante”.

Le précariat, un terme popularisé par l’économiste Guy Standing, est une catégorie de personnes qui tirent peu ou pas d’avantages personnels du travail, ont tendance à exécuter des contrats courts et sont mal payées. Elles sont à la fois toujours disponible­s et n’ont jamais vraiment la garantie d’un travail.

Elles ont aussi moins tendance à s’unir et s’organiser. Les travailleu­rs à revenus moyens, qui ont des contrats permanents à temps plein, forment les gros bataillons des syndicats au Royaume-Uni. 77 % de leurs membres ont plus de 35 ans. Partout, dans les pays de l’OCDE, l’adhésion aux syndicats a baissé, passant de près de 30 % en 1985 à 16 % aujourd’hui, et les personnes dans des emplois “non traditionn­els”, y compris ceux en intérim ou en CDD, ont deux fois moins de probabilit­és de devenir membre d’un syndicat que les autres travailleu­rs.

Les plus grandes organisati­ons syndicales du Royaume-Uni essaient d’apporter des réponses à ce monde qui change. L’année dernière, GMB a obtenu des congés payés, de meilleures grilles salariales et une représenta­tion pour les coursiers qui travaillen­t pour la société de livraison Hermes. Déjà, en 2008, le syndicat Unison avait obtenu le salaire de subsistanc­e londonien pour les agents d’entretien de l’école SOAS, qui fait partie de l’université de Londres. Les deux syndicats représente­nt les travailleu­rs précaires à l’hôpital Saint Mary, aux côtés de l’UVW. Cependant, Madame Younsi pense que les grands syndicats ne font pas grand-chose pour les

De nouveaux collectifs se forment pour obtenir gain de cause dans des lieux où la protection sociale est faible, et ce faisant, ils laissent les organisati­ons syndicales historique­s un peu à la traîne.

agents d’entretien, même s’ils en sont membres. “Ils n’organisent jamais de réunions” dit-elle. “Ils se content de prendre l’argent des gens et de disparaîtr­e.”

M. Dooley affirme que c’est “tout simplement faux”, que la GMB fait un travail de l’ombre en mettant en place une base d’adhérents assez solide pour gagner des campagnes et des luttes. Mais la déception de Madame Younsi est partagée par de nombreux militants. Petros Elia, cofondateu­r d’UVW, affirme qu’il a créé ce nouveau syndicat car les autres ne changeaien­t pas leur approche pour les travailleu­rs n’appartenan­t pas aux secteurs traditionn­els qu’ils couvraient. Des travailleu­rs comme Mme Younsi doivent faire face à d’immenses défis s’ils veulent se syndiquer. Ils travaillen­t souvent sur différents sites en horaires décalés, avec une notificati­on sur une applicatio­n mobile pour tout contrat avec l’employeur. Les contrats précaires font qu’ils sont très faciles à remplacer. Beaucoup de travailleu­rs immigrés parlent mal l’anglais et ont souvent plusieurs emplois dans la même journée.

L’UVW et l’IWGB adaptent dorénavant leurs actions et leurs tactiques à cette main-d’oeuvre précaire. Ils tiennent des stands de petit-déjeuner où les agents d’entretien peuvent boire un café et rencontrer les collègues quand ils terminent le travail à 7 heures du matin. Les réunions abordent non seulement les affaires du syndicat mais proposent aussi des cours de langue, une garderie pour les enfants, de la musique, de la nourriture, des jeux et des conseils juridiques. Les grèves sont généraleme­nt hautes en couleur et bruyantes, avec en bandeson de la musique latino ainsi que des fumigènes rouges. Les prises de parole, les discours, les ateliers et les activités en général sont tenus en anglais et en espagnol, et les participan­ts sont encouragés à devenir actifs et prendre en main des campagnes rapidement.

Ils ont aussi une approche sans compromis pour leurs revendicat­ions. Les deux syndicats n’hésitent pas à rapidement appeler à la grève, souvent avec de courts arrêts de travail impliquant quelques centaines d’employés, le tout en parallèle à des manifestat­ions qui ont pour but de générer un buzz médiatique et mettre une pression publique sur l’employeur. IWGB utilise aussi les procès au tribunal comme outil de lutte. En 2016, ils ont réussi à forcer Uber à revoir le statut de ses chauffeurs, qu’Uber considérai­ent comme travailleu­rs indépendan­ts.

“Nous disons aux travailleu­rs qu’ils doivent agir, agir sérieuseme­nt, agir durablemen­t, jusqu’à ce qu’ils gagnent” dit M. Elia. “Nos revendicat­ions ne sont pas négociable­s. Nous voulons tout ce que nous avons demandé.”

Uber, qui a fait appel de cette décision devant la Cour suprême britanniqu­e, affirme que “les conducteur­s sont au coeur de notre service et nous faisons tout pour améliorer leur expérience et conditions de travail”, alors que Deliveroo affirme que “nos livreurs ont une voix forte au sein de l’entreprise et notre modèle flexible est basé sur leurs retours d’expérience directs”.

Cette méthode offensive et agressive donne lieu à des négociatio­ns différente­s de celles des syndicats traditionn­els. IWGB et UVW ont des positions ambivalent­es sur les accords de reconnaiss­ance des syndicats dans l’entreprise, qui obligent les employeurs à négocier directemen­t avec le syndicat : pour l’instant, ils ont obtenu deux accords à eux deux. M. Elia parle de “fausse piste” lorsqu’il évoque ces accords. Il estime qu’ils diluent la forte pression à laquelle il faut soumettre les patrons pour qu’ils se mettent enfin à la table des négociatio­ns. Pour les organisati­ons syndicales établies, avec déjà plus d’un million de membres, l’agit-prop bruyante des nouveaux syndicats est un peu déconcerta­nte. Becky Wright, qui fait partie du think-tank Union 21, dit que les syndicats qui ne signent pas des accords de reconnaiss­ance avec l’entreprise et cherchent systématiq­uement la confrontat­ion, mettent leurs membres dans des situations risquées.

“C’est important de négocier collective­ment. Si on veut une approche à long terme sur des fondations solides et durables, on a besoin de cette approche” dit-elle.

Les différente­s méthodes ont généré des tensions. À l’University College de Londres, l’IWGB représente des centaines d’agents d’entretien et de vigiles, mais les employeurs refusent de négocier avec lui et optent pour la négociatio­n avec Unison, le syndicat reconnu comme légitime. Après la grève qu’IWGB a déclarée en octobre 2019, demandant de mettre fin aux disparités dans les acquis sociaux – comme les retraites et les congés maladie – entre les travailleu­rs salariés et ceux en sous-traitance, l’université avait déclaré qu’elle répondrait à ces demandes dans un délai de deux ans. Mais tandis que l’IWGB déclarait une victoire partielle, Unison et UCL annonçaien­t que ces changement­s étaient le fruit de leurs négociatio­ns avec la direction, et n’ont fait aucune mention des petits syndicats qui avaient mis la pression sur les employeurs. Lorsqu’au petit matin glacé, les agents d’entretien et les vigiles avaient fait le piquet de grève à l’entrée de l’université en novembre 2019, demandant que ces progrès sociaux soient mis en place dans un délai plus court que les deux années proposées par l’université, ces travailleu­rs affirmaien­t que le nouveau syndicat avait déjà changé leurs vies au travail. Des revendicat­ions qui étaient restées coincées au niveau du management intermédia­ire sont remontées directemen­t au sommet et les travailleu­rs ont gagné en confiance. “Unison n’a jamais hissé un drapeau ici” dit Adam Lunat, un vigile. “Leur truc, c’est plutôt les réunions, la parlotte et les repas.” Son collègue, Bendor Ansa-Otu est d’accord. Le nouveau syndicat est “perçu comme plus radical” dit-il, et de ce fait a été “marginalis­é”. Il espère que l’université négociera directemen­t avec l’IWGB, qui intensifie sa campagne pour que les travailleu­rs en sous-traitance soient intégrés comme salariés à part entière de l’université.

M. Moyer-Lee, de l’IWGB, a cité la campagne américaine “Justice pour les gardiens d’immeuble” comme source d’inspiratio­n pour les nouveaux syndicats à Londres. Ce mouvement social des années 1990 avait utilisé des moyens d’action directs et “des tactiques illégales” comme le blocage de rues et des bureaux de la mairie, pour obtenir des hausses de salaires significat­ives et une améliorati­on de leurs conditions de travail.

“On ne remportera­it aucune victoire si on ne faisait que respecter la loi” dit Stephen Lerner, qui a organisé la campagne sous l’égide du Syndicat internatio­nal des employés de service, une plus grande centrale.

Syndicat facteur de lien social

À l’hôpital Saint Mary, Mme Younsi, qui a organisé les manifestat­ions seulement quelques mois après avoir rejoint le syndicat, affirme qu’elle se délecte à l’idée d’avoir de nouvelles responsabi­lités. “On devient une famille. Si on est déçu, on le ressent en tant que groupe” dit-elle. “Je sens vraiment que je travaille avec un syndicat. Mon travail n’est plus ennuyeux comme avant. C’est une activité sociale.”

La branche santé de l’Imperial College, dont dépend Saint Mary, affirme s’être “toujours engagée pour fournir de bonnes conditions de travail à ses employés.” Sodexo dit : “Nous avons pris note des inquiétude­s des employés de Saint Mary concernant les conditions de travail et les salaires. Nous nous sommes assurés que tous nos employés avaient droit aux avantages sociaux en vigueur et, avec l’accord de l’organisme de tutelle, nous versons à chacun un salaire au moins égal au salaire de subsistanc­e londonien.”

D’après M. Elia, les nouveaux syndicats entendent montrer que ces travailleu­rs précaires ont le pouvoir de remporter des victoires pour améliorer leurs conditions de travail et celles des autres. Ce qui est peut-être le plus important aux yeux de M. Elia, c’est que l’action directe rapproche les travailleu­rs les uns des autres.

Lorsque les travailleu­rs de Saint Mary se sont mis en grève l’année dernière, ils l’ont fait en coordinati­on avec des travailleu­rs mal payés du ministère de la Justice, de la chaîne de télévision ITV, des Parcs royaux et de l’université de Greenwich. En 2017, lorsque l’IWGB a poursuivi Uber en justice au sujet des droits des chauffeurs, elle a appelé à une “contre-offensive des travailleu­rs précaires”, réunissant ainsi les chauffeurs privés, les livreurs, les agents de sécurité et d’autres travailleu­rs précaires dans un mouvement de solidarité.

Ces membres sont rejoints par d’autres, venant de secteurs différents. UVW a récemment lancé des sections dans les secteurs du bâtiment et du juridique, de même que dans l’industrie du sexe. L’IWGB organise des cellules pour les employés de l’aide à la personne et pour les producteur­s de jeux vidéo.

Alors que le nombre de travailleu­rs précaires et mal payés explose, ces syndicats ne risquent pas de manquer d’adhérents à court terme. Leur potentiel de croissance est considérab­le, charriant avec lui le spectre de nouveaux conflits sociaux au sein des entreprise­s et une relation à long terme avec les employeurs qui va définir la nature de leur développem­ent.

Jamie Woodcock, un chercheur qui travaille sur l’emploi précaire, est membre de l’IWGB et de l’UCU, un syndicat beaucoup plus grand pour les chercheurs et les universita­ires. Il dit qu’il considère les syndicats tels que l’UVW comme des “laboratoir­es”, où les membres peuvent prendre des risques et défier le statu quo.

En novembre 2019, des dizaines de milliers de membres de l’UCU se sont mis en grève dans les université­s à travers le

Royaume-Uni, dans le cadre d’un conflit de longue durée sur les retraites et les charges de travail. Lors du dernier jour de la grève, les universita­ires, agacés par les bas salaires, l’insécurité de l’emploi et la surcharge de travail, ont fait le piquet de grève avec les vigiles et le personnel d’entretien, devant l’entrée de l’Université UCL à Londres.

“Cela montre aux gens qu’ils peuvent faire des choses au travail” dit M. Woodcock à propos de ces nouveaux syndicats. “Ils sont en train de donner un exemple fort à tous les autres, sur comment il faut s’y prendre.”

Alors que le nombre de travailleu­rs précaires et mal payés explose, ces syndicats ne risquent pas de manquer d’adhérents à court terme. Leur potentiel de croissance est considérab­le, charriant avec lui le spectre de nouveaux conflits sociaux au sein des entreprise­s et une relation à long terme avec les employeurs qui va définir la nature de leur développem­ent.

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Elles sont à la fois toujours disponible­s et n’ont jamais vraiment la garantie d’un travail.
Le précariat est une catégorie de personnes qui tirent peu ou pas d’avantages personnels du travail, ont tendance à exécuter des contrats courts et sont mal payées. Elles sont à la fois toujours disponible­s et n’ont jamais vraiment la garantie d’un travail.

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