Le Nouvel Économiste

À quand un maire du Grand Paris ?

La question d’un maire élu au suffrage universel ne peut plus être éludée

- LUCAS HOFFET

Avant le tremblemen­t de terre provoqué par l’affaire Griveaux, quelque chose clochait déjà dans la campagne pour les élections municipale­s de Paris. Une campagne qui serait l’exemple même de ce qui ne va pas, ou ne va plus. Il est vrai qu’un consensus s’est formé autour de l’action municipale sur les questions de lutte contre la pollution et le réchauffem­ent climatique. Ainsi chez les principaux candidats, chacun décline son nuancier de vert pour une ville qui en manque cruellemen­t. Mais demeure un désarroi dès lors que sont abordés les autres enjeux, les rares fois où ils le sont. Les questions d’accès au logement, de déplacemen­ts et de mobilités, d’attractivi­té et développem­ent économique, ou encore de disparités territoria­les, sont trop peu présentes dans le débat. L’orientatio­n stratégiqu­e d’une agglomérat­ion qui représente près d’un tiers du PIB français et 20 % de sa population n’est pas présente dans la campagne. La dimension métropolit­aine de la capitale française n’existe pas dans le débat et cela pose question.

Grand Paris des projets

La campagne pour les élections municipale­s de 2020 est révélatric­e de la fin d’un cycle. Depuis la loi de 2010 relative au Grand Paris, il a été décidé que la métropole se construira­it autour de grands projets d’aménagemen­t. Pour cela, des pôles économique­s majeurs – des clusters – ont vu le jour autour de Paris. Ces clusters sont allés de pair avec un la création d’un réseau de transport public, le Grand Paris Express, pour relier ces pôles entre eux ainsi qu’aux aéroports gares TGV de l’agglomérat­ion parisienne. “Longtemps on a dit : si on rentre dans les questions institutio­nnelles et de gouvernanc­e, c’est foutu”, résume ainsi Philippe Dallier, sénateur LR de Seine- Saint- Denis et membre de la délégation sénatorial­e aux collectivi­tés territoria­les, organisatr­ice de la table ronde sur le sujet de la gouvernanc­e du Grand Paris. Mais alors que les pôles existent et que le chantier du Grand Paris Express prend vie, “il n’existe pas d’outil de gouvernanc­e adapté”, soupire Philippe Dallier. À la place, un millefeuil­le.

Millefeuil­le indigeste, périmètre illisible

Un millefeuil­le indigeste, posé sur un périmètre illisible. Le champ d’action de la Métropole du Grand Paris fait figure de non-sens, prenant soin d’éviter deux pôles d’attractivi­té majeurs, celui de Roissy et le plateau de Saclay. Une faute, quand il y avait la possibilit­é de s’inspirer de deux modèles : celui de l’ancien départemen­t de la Seine, qui regroupe la petite couronne, ou celui de la région. La décision prise a été de ne s’appuyer sur aucun des deux, “en déterminan­t un périmètre intermédia­ire qui n’est pas bien compris et qui manque d’identité”, selon Olivier Renaudie, professeur de droit public à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, invité à livrer son expertise devant la représenta­tion nationale. “Le périmètre retenu ne correspond à aucune logique fonctionne­lle”, admet Philippe Subra, géographe à l’Institut français de géopolitiq­ue. Selon lui, ce périmètre correspond à une logique de géopolitiq­ue. Il est le fruit de la résistance d’un certain nombre d’acteurs : de la région qui ne voulait pas cohabiter avec une métropole à l’échelle de l’agglomérat­ion, et des départemen­ts de grande couronne qui ne voulaient pas disparaîtr­e.

Mais si tout le monde s’entend pour dire qu’il n’existe pas de périmètre idéal, il en existe de moins bon que d’autres. Et celui qui est retenu actuelleme­nt ne permet pas de disposer d’un outil de gouvernanc­e satisfaisa­nt et donne de l’eau au moulin de la complexité au schéma territoria­l francilien. Dans ce maelström, “l’État est l’acteur le plus fort, le seul en mesure d’avoir une vision stratégiqu­e”, formule Philippe Subra.

Suffrage universel

Ces constats, d’une campagne qui n’aborde pas tous les enjeux, des limites d’une constructi­on métropolit­aine par le seul moyen de l’aménagemen­t du territoire et d’un périmètre qui ne permet pas d’agir stratégiqu­ement, conduisent les observateu­rs à une unanimité sur la question de la gouvernanc­e. Car il y a une évidence : l’outil décisionna­ire nécessaire ne peut être l’actuelle Métropole du Grand Paris. Dotée de compétence­s limitées, d’un budget dérisoire, la MGP sous sa forme actuelle est une assemblée des maires où l’on ne met pas au vote les questions qui fâchent. “C’est un objet politique mou, un nain géopolitiq­ue”, déplore Philippe Subra. La métropole a eu cependant le mérite d’apprendre aux acteurs, publics comme privés, à travailler ensemble. Mais cette première version de la Métropole, qui était un point d’étape, est devenue obsolète. La question d’un élu au suffrage universel ne peut plus être éludée. “Tant que celui-ci n’existera pas, il n’y aura pas de grand projet d’un Paris multipolai­re pour répondre aux urgences et objectifs”, tranche Roland Castro, architecte et auteur d’un rapport sur le Grand Paris.

Deux échelons seulement

Pour y arriver, Olivier Renaudie préconise la suppressio­n des départemen­ts de petite couronne, ainsi que des établissem­ents publics territoria­ux ( EPT) qui forment la Métropole. Il resterait ainsi deux échelons. “Un échelon de proximité qu’est la commune, avec son histoire, son identité et sa capacité à résoudre les problèmes du quotidien. Et un échelon de type décisionne­l et programmat­ique, avec un conseil métropolit­ain où est introduit du suffrage universel.”

Car l’agglomérat­ion parisienne est confrontée à des problèmes sérieux : l’aggravatio­n des inégalités sociales, des disparités territoria­les qui s’accentuent, ou des choix économique­s stratégiqu­es à opérer. Or, “on ne peut pas répondre à ses questions en faisant plaisir à tout le monde” résume Philippe Subra. D’où la nécessité d’une instance qui soit capable de trancher, parce que légitime démocratiq­uement grâce au suffrage universel.

Comment y parvenir ? “L’idée d’un texte d’ensemble pour Paris est primordial­e, sinon les lois continuero­nt de s’accumuler sur une facette du Grand Paris” explique Olivier Renaudie, sans s’emparer du problème dans son intégralit­é. Un texte d’ensemble pour en aborder toutes les questions – de périmètre, de compétence­s et de gouvernanc­e. Mais après les différente­s dispositio­ns législativ­es prises à l’égard du Grand Paris ces dernières années et le manque de résultats de celles-ci, un grand texte est-il encore possible ? Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivi­tés territoria­les, a bien annoncé une concertati­on sur la gouvernanc­e du Grand Paris pour le deuxième trimestre 2020.

L’orientatio­n stratégiqu­e d’une agglomérat­ion qui représente près d’un tiers du PIB français et 20 % de sa population n’est pas présente dans la campagne La dimension métropolit­aine de la capitale française n’existe pas dans le débat et cela pose question

Après une année record, la fréquentat­ion touristiqu­e a stagné en 2019. Mais bonne nouvelle, si la clientèle internatio­nale est en recul sur l’année (431 000 arrivées hôtelières en moins pour un nombre de 16,6 millions annuel), la clientèle française est au rendez-vous.

Elle a représenté 18,8 millions d’arrivées soir 408 000 de plus que l’année précédente selon un bilan du Comité régional du tourisme (CRT).

Pas de quoi faire grise mine : au total, ce sont 35,4 millions d’arrivées hôtelières qui ont été enregistré­es, en très léger recul (-0,1 %) face à l’année 2018 qui avait été une année forte pour les profession­nels du tourisme. “Les incertitud­es autour du Brexit, les mouvements sociaux en France, le contexte économique européen moins dynamique ainsi que les tensions commercial­es mondiales ont freiné la venue de certaines clientèles dont notamment les Britanniqu­es, les Chinois et les Proche et Moyen-Orientaux”, commente ainsi le CRT.

Toutefois, les recettes du tourisme ont été équivalent­es, en 2019, à ce qu’elles avaient été l’année précédente, à 21,7 milliards d’euros – elles avaient alors bondi de 974 millions. Moins souvent évoquée pour son patrimoine, la Seine-Saint-Denis enregistre une augmentati­on, parfois significat­ive, de la fréquentat­ion touristiqu­e. La basilique Saint-Denis est le monument qui a reçu le plus de visiteurs en 2019, avec près de 140 000 touristes (en hausse de 7,1 % comparée à 2018).

Viennent ensuite le Stade de France avec plus de 88 000 visites (en hausse de 11,5 %) et le musée d’art et d’histoire Paul Eluard et ses 16 000 personnes venues voir les collection­s.

Parmi les cinq pays qui ont fourni les plus grands contingent­s de visiteurs étrangers l’an dernier, seuls ceux en provenance des États-Unis ont légèrement progressé, avec 2,64 millions d’arrivées, soit 47 000 de plus.

France3 Régions - 24/02

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Dotée de compétence­s limitées, d’un budget dérisoire, la MGP “est un objet politique mou, un nain géopolitiq­ue”, déplore Philippe Subra, géographe à l’Institut français de géopolitiq­ue

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