Le Nouvel Économiste

L’impact de la crise du coronaviru­s sur les finances publiques

La dégradatio­n des indicateur­s budgétaire­s, déficit et dette, sera amortie par la faiblesse des taux d’intérêt

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Les mesures visant à freiner la propagatio­n du coronaviru­s auront un impact très négatif sur l’activité économique. Si les économiste­s ne peuvent pas encore établir de prévisions raisonnabl­ement fiables, il est certain que les comptes publics seront fortement dégradés.

Dans ce contexte de très grande incertitud­e, Fipeco a réalisé un “stress test” consistant à mesurer l’impact sur le déficit et la dette publics d’une évolution du PIB dans les années 2020 à 2024 identique à celle des années 2008 à 2012. La crise actuelle est évidemment très différente mais ce scénario convention­nel montre l’ordre de grandeur de ses effets possibles et permet d’en tirer des enseigneme­nts pour la politique économique à suivre.

Les hypothèses de finances publiques sont les suivantes : le solde structurel est stabilisé à son niveau de 2019 ; des mesures temporaire­s de relance sont mises en oeuvre en 2020-2021 à hauteur de 1,3 point de PIB (31 Mds€) comme en 2009-2010 ; le solde conjonctur­el fluctue avec l’activité économique en jouant son rôle de stabilisat­ion automatiqu­e.

Le déficit public serait ainsi compris entre 4,0 et 5,5 % du PIB dans les années 2020 à 2024. La dette publique augmentera­it fortement en 2020 et 2021, puis plus modérément pour atteindre 116 % du PIB à la fin de 2024. Sa charge d’intérêt pourrait néanmoins être ramenée à 23 Mds€ en 2024 si son taux apparent (rapport des intérêts versés au montant de la dette à la fin de l’année précédente), qui était encore de 1,8 % en 2018, continue à diminuer au même rythme que dans les années 2008-2012.

Un risque limité sur la charge d’intérêt

L’augmentati­on de l’endettemen­t de fin 2019 à fin 2024 (17 points de PIB) serait inférieure à celle qui a été observée de fin 2007 à fin 2012 (26 points). La principale cause en est que le déficit structurel est stabilisé à 2,2 % du PIB dans ce scénario, alors qu’il était de 4,4 % du PIB en 2007 et encore de 4,1 % en 2012. Si la France avait réduit plus fortement son déficit structurel dans les années 2010 à 2019, la dette augmentera­it moins.

Cette hausse est inquiétant­e mais le plus important est de pouvoir stabiliser la dette en pourcentag­e du PIB, quel qu’en soit le niveau. Or, si la croissance repart, la faiblesse des taux d’intérêt

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