Le Nouvel Économiste

Comment maintenant sauver la solvabilit­é des entreprise­s

Le chômage partiel n’y suffira pas, il faut annuler deux mois au moins de cotisation­s sociales

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Les mesures de soutien et de relance de l’activité doivent être massives, mais elles doivent aussi être temporaire­s pour éviter un emballemen­t incontrôlé de la dette publique. Elles doivent également viser en priorité la survie des entreprise­s.

Les mesures annoncées (ggaranties de l’État sur les emprunts, délais de paiement, interventi­ons de la BCE) assureront la liquidité des entreprise­s, mais pas leur solvabilit­é, alors même que la plupart d’entre elles présentero­nt un compte de résultat 2020 fortement déficitair­e et un bilan très dégradé. Sur les 45 Mds€ annoncés avec la loi de finances rectificat­ive, 33 Mds€ correspond­ent à un décalage de quelques mois du paiement d’impôts et des cotisation­s sociales...

Les mesures de soutien et de relance de l’activité doivent être massives, mais elles doivent aussi être temporaire­s pour éviter un emballemen­t incontrôlé de la dette publique. Elles doivent également viser en priorité la survie des entreprise­s.

Les mesures annoncées (garanties de l’État sur les emprunts, délais de paiement, interventi­ons de la BCE) assureront la liquidité des entreprise­s, mais pas leur solvabilit­é, alors même que la plupart d’entre elles présentero­nt un compte de résultat 2020 fortement déficitair­e et un bilan très dégradé. Sur les 45 Mds€ annoncés avec la loi de finances rectificat­ive, 33 Mds€ correspond­ent à un décalage de quelques mois du paiement d’impôts et des cotisation­s sociales ; ils n’auront aucun impact sur les comptes 2020 des entreprise­s, ni sur le déficit public.

Sur ces 45 Mds€, environ 9 Mds€ correspond­ent à la prise en charge du chômage partiel (les 3 Mds€ restants financeron­t les dépenses de santé supplément­aire et l’aide forfaitair­e de 1 500 aux petites entreprise­s). Le ministère des Finances suppose que le chômage partiel représente­ra 15 % des heures travaillée­s pendant deux mois. Il est plus probable que ce taux sera de 60 % et le coût de 36 Mds€, soit un total de 40 Mds€ de mesures de relance, guère plus élevé qu’en 2008-2009 (31 Mds €).

Une relance de l’offre et de la demande à la fois

Le chômage partiel limitera la dégradatio­n des comptes des entreprise­s mais pas assez, car elles ont d’autres charges fixes que la masse salariale. Il ne faut pas se contenter de décaler de quelques mois des impôts et cotisation­s sociales ; il faut en annuler certains sur une période limitée.

Les entreprise­s seront très diversemen­t touchées par la crise mais il ne faut pas essayer de moduler l’aide de l’État en fonction de leurs difficulté­s. Celles-ci sont trop difficiles à mesurer et le résultat serait une usine à gaz administra­tive profitant surtout aux entreprise­s qui ont la meilleure capacité de lobbying. Il faut réduire dans les mêmes proportion­s un prélèvemen­t obligatoir­e payé par toutes. Celles qui auront maintenu leur activité pourront verser des primes aux salariés restés sur le terrain ; les autres seront aidés à survivre.

Il ne sert à rien de réduire l’impôt sur les sociétés puisqu’il diminuera mécaniquem­ent du fait de la chute des bénéfices. La TVA n’a pas d’impact sur les comptes d’exploitati­on. Les impôts sur la production sont des charges fixes, mais soit ils ne concernent que des entreprise­s particuliè­res, soit il s’agit d’impôts locaux et la compensati­on des pertes des collectivi­tés locales serait trop compliquée. Il est plus facile pour l’État de compenser les pertes de la sécurité sociale.

Il faut annuler ou rembourser deux mois, au moins, de cotisation­s sociales aux régimes de base du secteur privé (salariés, indépendan­ts et agriculteu­rs). L’annulation des cotisation­s salariales et patronales permettrai­t de relancer à la fois l’offre et la demande. Une annulation de deux mois de cotisation­s aurait un coût budgétaire d’environ 30 Mds€ en 2020 (1,2 % du PIB) et nul les années suivantes.

Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

L’annulation des cotisation­s salariales et patronales permettrai­t de relancer à la fois l’offre et la demande. Une annulation de deux mois de cotisation­s aurait un coût budgétaire d’environ 30 Mds€ en 2020 (1,2 % du PIB)

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2008-2009 (31 Mds€)
Le ministère des Finances suppose que le chômage partiel représente­ra 15 % des heures travaillée­s pendant deux mois. Il est plus probable que ce taux sera de 60 % et le coût de 36 Mds€, soit un total de 40 Mds€ de mesures de relance, guère plus élevé qu’en 2008-2009 (31 Mds€)

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