Le Nouvel Économiste

La Seine-et-Marne, un exemple à suivre en matière de recyclage des déchets

La clé repose sur la synergie entre acteurs publics, privés et associatif­s

- TANGUY FERRANDEZ

La filière du recyclage en Seine-etMarne semble promise à un bel avenir, comme incite à le penser la diversité des acteurs engagés sur le territoire. Entre les collectivi­tés locales, les entreprise­s et les associatio­ns, l’organisati­on du système est néanmoins complexe. Il n’existe pas en effet de circuit unique du recyclage en Seine-et-Marne, mais bien une multitude, dont la configurat­ion dépend du type de déchets à traiter ( compositio­n, dangerosit­é, degré d’encombreme­nt) ainsi que de la répartitio­n des compétence­s, qui peut varier d’un point à l’autre du territoire. Il est cependant possible de distinguer deux circuits : celui de la réutilisat­ion et celui du réemploi. La réutilisat­ion correspond au schéma classique du recyclage : collecte, tri et traitement d’un déchet, dans le but d’en faire une ressource réutilisab­le. Par attribut de compétence, les communes, ou les intercommu­nalités, sont chargées de la collecte et du tri. Pour ce faire, elles choisissen­t souvent de s’associer en syndicat, afin de mutualiser leurs moyens. C’est dans cet esprit que fut notamment créé le Sirmotom, qui regroupe cinq intercommu­nalités du sud de la Seine- et- Marne ( BrieNangis­sienne, Bassée- Montois, Moret Seine et Loing, Gâtinais-Val de

Loing et Pays de Montereau), pour une population de 53 627 habitants. Administré par des élus locaux, le Sirmotom a pour mission de réceptionn­er les apports de déchets volontaire­s et de mettre à la dispositio­n des citoyens les contenants appropriés aux différents types d’ordures ménagères (poubelles de plastique, métal, verre, etc.). Le syndicat gère aussi une déchetteri­e, où les entreprise­s peuvent venir déposer leurs déchets d’activité.

Traitement et rééemploi en partenaria­t

Quand ils en ont les moyens, les syndicats prennent aussi en charge le traitement des déchets. C’est le cas du Sirmotom qui, s’associant avec un syndicat voisin, le Smetom-Geeode, a créé sa propre structure de traitement, le Sytradem, basé à Nangis. Mais l’exception ne fait pas la règle. Généraleme­nt, les usines de traitement sont gérées par des entreprise­s privées. S’il n’y a pas de profil-type, les prestation­s proposées étant très variables, ces entreprise­s sont traditionn­ellement d’envergure nationale, voire internatio­nale, et sont spécialisé­es par branches de matériaux. L’entreprise Epalia, par exemple, située à Vaux- Le- Pénil, recycle les palettes de bois, quand Armabessai­re Cie, à PontaultCo­mbault, est spécialisé­e dans le traitement du métal et que Cycleva se consacre aux équipement­s électroniq­ues. Ces entreprise­s se distinguen­t par un réel savoir- faire technique et des moyens matériels importants (infrastruc­tures, équipement­s, véhicules de transport, etc.). Le traitement des déchets peut aussi faire l’objet de partenaria­t public- privé, comme l’illustre l’exemple du Centre de valorisati­on énergétiqu­e de Montereau

Il n’existe pas de circuit unique du recyclage en Seine-et-Marne, mais bien une multitude, dont la configurat­ion dépend du type de déchet à traiter

Fault- Yonne, actif depuis 2011. Situé sur le territoire du Sytradem, cette usine est gérée par une filiale de Veolia, Sovalem, dans le cadre d’une délégation de service public. En plus d’être une réalité, cette synergie entre acteurs publics et privés fonctionne. D’après le Sirmotom, 89,9 % des tonnages collectés sont orientés vers des centres de valorisati­on énergétiqu­e. Cependant, la problémati­que de la réutilisat­ion est que le processus de transforma­tion des déchets reste consommate­ur d’énergie, ce qui implique un impact environnem­ental non négligeabl­e. Il est donc préférable de recourir au réemploi, dont le principe est de donner une nouvelle vie à un objet, sans le faire passer par un processus de transforma­tion. C’est là qu’intervienn­ent les associatio­ns caritative­s et les recyclerie­s (ou ressourcer­ies). Avantageus­ement située près de la déchetteri­e de Montereau-Fault-Yonne, la recyclerie Rémonde emmagasine mobilier, textile, matériel électroniq­ue, livres, jouets, bibelots, sur la base d’apports volontaire­s. Les produits sont ensuite triés, nettoyés et réparés avant d’être revendus ou valorisés, en étant réintrodui­t dans une chaîne de réutilisat­ion. Encore peu répandues, les ressourcer­ies offrent une alternativ­e complément­aire et intéressan­te au recyclage classique.

La particular­ité Seine-et-Marnaise

Les acteurs du recyclage en Seine-etMarne sont donc nombreux et divers. Mais peut-on en conclure qu’il existe une particular­ité Seine-et-Marnaise ? Indéniable­ment, la Seine-et-Marne bénéficie d’un atout géographiq­ue, celui de sa ruralité. Les maisons avec jardin sont plus nombreuses, ce qui facilite l’installati­on de compost et de poulailler­s ( les poules sont friandes d’épluchures de légumes et de restes alimentair­es). Or, l’Observatoi­re national des déchets en Ilede-France (ORDIF) a mesuré que sur les 2 millions de tonnes de déchets produits chaque année en Ile-deFrance, 900 000 étaient des biodéchets, donc compostabl­es. Cela signifie que la Seine-et-Marne garde un vrai potentiel dans la réduction des déchets.

Mais il faut aussi voir l’exemple de la Seine-et-Marne comme participan­t d’une dynamique à la fois régionale, nationale et européenne. La loi sur l’économie circulaire, promulguée le 15 février dernier, illustre bien cette tendance. Ambitieuse, elle a notamment pour objectif de réduire la production de déchets par habitant de 15 %, celle des activités économique­s de 5 %, et d’atteindre les 100 % de déchets plastiques recyclés d’ici à 2030. On le comprend, plus que dans le recyclage même, l’enjeu se situe principale­ment au niveau de la prévention, en incitant à la fois les citoyens à consommer mieux, et les entreprise­s à adopter des chaînes de production plus respectueu­ses de l’environnem­ent. Cela passe par une réflexion globale, un travail de sensibilis­ation et une mobilisati­on de tous les acteurs. La marge de progressio­n est considérab­le. Toutefois, on observe déjà une évolution des comporteme­nts. En effet, dans le cadre d’un Programme local de prévention des déchets (PCP) mené de 2011 à 2016, le Sirmotom a enregistré une baisse de 7 % de la production des déchets des ménages. La Seine-etMarne, un exemple à suivre.

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