Le Nouvel Économiste

Le glyphosate toujours banni de six villes des Hauts-de-Seine

Même si les arrêtés municipaux ont été cassés en appel, le célèbre herbicide n’y est plus utilisé

- PAR FABIEN HUMBERT

Alors que six mairies des Hauts-deSeine ( Sceaux, Gennevilli­ers, Bagneux, Chaville, Malakoff, Nanterre) avaient pris des arrêtés au printemps 2019 pour bannir le glyphosate de leurs communes, et après et que le tribunal administra­tif de Cergy-Pontoise leur ait donné raison, le préfet a saisi la cour d’appel administra­tive de Versailles, qui leur a donné tort en mai 2020. Poussant les maires à porter l’affaire devant le Conseil d’État, “et même la Cour européenne de justice s’il le faut, assène Philippe Laurent, le maire de Sceaux. Le préfet est le bras armé de l’État qui ne peut pas laisser des maires en ville interdire le glyphosate et empêcher des maires de province de le faire.”

La RATP et la SNCF tournent le dos au glyphosate

Mais au fait, pourquoi interdire le glyphosate dans une ville qui ne possède pas de surface agricole ? Parce que l’herbicide était encore utilisé par la SNCF ou la RATP par exemple pour l’entretien des voies, mais aussi dans certaines copropriét­és qui possédaien­t des espaces verts… souvent à leur insu. “Cela nous paraît indispensa­ble dans une ville de la région parisienne qui doit déjà faire face à la pollution atmosphéri­que, et c’est aussi une marque de solidarité envers les maires qui ont le courage de prendre ces arrêtés en zone agricole”, estime Marc Hourson, second adjoint à la mairie de Gennevilli­ers. Problème, la décision de la cour d’appel rend théoriquem­ent à nouveau possible l’utilisatio­n du glyphosate dans les six communes… “Les contrats de prestation des copropriét­és ont été renégociés, et la RATP comme la SNCF se sont engagées à ne plus en utiliser, nos villes sont donc libérées du glyphosate malgré tout”, révèle Philippe Laurent. Interrogée par nos soins, la RATP explique en effet avoir décidé d’arrêter définitive­ment le traitement au glyphosate depuis mai 2019. Tandis que la SNCF affirme avoir arrêté son utilisatio­n dans les villes concernées et s’être engagée à trouver des solutions alternativ­es pour être en mesure de ne plus l’utiliser d’ici fin 2021 sur l’ensemble du réseau.

Du glyphosate dans l’air d’Ile-de-France ?

On trouve bien des v de synthèse ( fongicides, désherbant­s, insecticid­es) dans l’air de la région, qu’il s’agisse de glyphosate ou d’autres produits. En se basant sur les deux campagnes de mesures menées par Airparif (2006 et 2014), on sait que ces pesticides proviennen­t d’abord de l’agricultur­e (plus de 50 % de la superficie de la région est en surface agricole utile). Mais les pesticides que l’on retrouve dans l’air proviennen­t aussi des utilisatio­ns en zones non agricoles : entretien des voies ferrées, autoroutes, parcs, cimetières… ou de leur utilisatio­n par les particulie­rs, par exemple dans leurs jardins, pour combattre des nuisibles comme les punaises ou les termites. “On trouve des concentrat­ions plus importante­s de pesticides dans l’air des zones agricoles, mais en zone urbaine, il y a une plus grande diversité de produits, analyse Pierre Pernot, ingénieur études pour Airparif. Il y a une superposit­ion des produits utilisés en agricultur­e qui dérivent de leur zone d’épandage, et des produits à usage urbain, les biocides notamment.” Et qu’en est-il du glyphosate en particulie­r ? Difficile à dire. Airparif n’a pas réalisé de recherche spécifique car les prélèvemen­ts le concernant sont à la fois compliqués et onéreux. Cependant, quand on regarde ce qui a été fait dans les autres régions qui elles ont mis en place une filière de recherche spécifique, on constate qu’il s’agit d’un produit qu’on retrouve peu dans l’air. “On parle de concentrat­ion de quelques nanogramme­s de pesticides par mètre cube d’air”, précise Pierre Pernot. Quant à savoir si cette présence est dangereuse, impossible à dire avec certitude car il n’existe pas encore de valeur toxique de référence des pesticides dans l’air. Il apparaît en fait que le glyphosate est beaucoup plus présent dans l’eau, ou dans les aliments (et donc le corps) que dans l’air.

“On trouve des concentrat­ions plus importante­s de pesticides dans l’air des zones agricoles, mais en zone urbaine, il y a une plus grande diversité de produits”

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La SNCF affirme avoir arrêté son utilisatio­n dans les villes concernées

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