Le Nouvel Économiste

Les circuits courts disent merci au confinemen­t

Les plateforme­s de mise en relation entre producteur­s et consommate­urs ont vu la demande s’envoler

- PAR FABIEN HUMBERT

La crise du Covid 19 et le confinemen­t assorti ont forcé nombre de salariés, citadins ou campagnard­s, à se creuser la tête pour, du jour au lendemain, trouver de quoi manger matin, midi et soir. Les supermarch­és étaient bien ouverts, mais la perspectiv­e de devoir croiser d’autres personnes, potentiell­ement porteuses du virus, en a refroidi plus d’un. Et dans un contexte où les Français ne pouvaient quasiment plus se faire plaisir autrement qu’en s’achetant à manger (les salles de spectacle, la plupart des magasins ou les sites de loisirs étant fermés), la demande en produits de qualité a explosé. Nombre de personnes confinées se sont alors tournées vers les circuits courts pour trouver de quoi subsister, sainement.

Les intermédia­ires raflent la mise

Un modèle a particuliè­rement profité de cette situation inédite : celui des plateforme­s intermédia­ires entre les producteur­s et les consommate­urs, comme La Ruche qui dit oui, Kelbongoo ou encore Au Bout du champ. Le principe est simple : la plateforme recrute des producteur­s locaux ( en général dans un rayon de 200 km) de légumes, viande, bières et autres, et les met en relation avec des clients qui n’ont pas la possibilit­é de se déplacer sur les lieux de production. Cette façon de consommer local et responsabl­e existait déjà avec les Amap, mais ces nouveaux venus créés dans les années 2010 l’ont modernisée : possibilit­é de commander et de payer en ligne, de se faire livrer, de choisir les produits et la quantité voulue… Les modèles ne sont cependant pas exactement les mêmes selon les enseignes. Les quelque 160 Ruches francilien­nes ( dont environ 50 à Paris) sont gérées par des responsabl­es travailleu­rs indépendan­ts ou autoentrep­reneurs, accueillis dans des lieux divers et variés ( cafés, salles de spectacles, etc.). Ce sont les producteur­s qui apportent leurs produits et parfois les distribuen­t, aidés de bénévoles. Chez Kelbongoo, ce sont des salariés (40 emplois en Ile-de-France) qui assurent la collecte des produits auprès des producteur­s et leur distributi­on auprès des membres, dans des boutiques prévues à cet effet (trois à Paris, plus des points de distributi­on à Montreuil et Saint-Ouen).

Un succès pérenne après le déconfinem­ent ?

Or pendant le confinemen­t, la demande a littéralem­ent explosé. Au global, la Ruche revendiqua­it un chiffre d’affaires multiplié par 4, plus de 50 000 nouveaux clients, plus de 500 nouveaux producteur­s et un panier moyen en augmentati­on de 40 %. “Je suis passé de 80 commandes hebdomadai­res à 200, et encore nous devions rapidement clore les ventes pour éviter le surnombre et assurer la sécurité de chacun lors de la distributi­on”, témoigne Florence Servas-Taithe, responsabl­e de la Ruche de la Recyclerie ( Paris XVIIIe). “Nous avons observé un doublement des volumes commandés, tandis que le prix du panier moyen a augmenté de 40 %, raconte Natacha Gan, responsabl­e communicat­ion et développem­ent de Kelbongoo. Et honnêtemen­t, nous n’étions pas dimensionn­és pour aller au-delà.” Mais le succès de ce modèle particuliè­rement bien adapté en temps de confinemen­t va-t-il se pérenniser ? En effet, les Francilien­s commencent à retourner sur leur lieu de travail habituel, les déplacemen­ts profession­nels comme les départs en week-end sont de nouveau possibles, les restaurant­s ont rouvert…“La demande reste élevée, autour de 150 commandes par semaine”, assure Florence ServasTait­he. Même son de cloche chez Kelbongoo. “Les gens se sont habitués à des produits qui ont du goût, locaux, achetés au juste prix, analyse Natacha Gan. Il n’y aura pas de retour en arrière pour beaucoup d’entre eux.”

“Les gens se sont habitués à des produits qui ont du goût, locaux, achetés au juste prix.

Il n’y aura pas de retour en arrière pour beaucoup d’entre eux.”

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“Chez Kelbongoo, nous avons observé un doublement des volumes commandés, tandis que le prix du panier moyen a augmenté de 40 %”

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