Le Nouvel Économiste

Traditionn­elle ou néobanque?

La mobilité bancaire entre tranquille­ment dans les moeurs, notamment chez les jeunes et les plus aisés, au bénéfice des néobanques

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Face à l’arrivée des néobanques (Orange Bank, Revolut, Compte-Nickel et autres N26) et à des banques traditionn­elles qui se trouvent en pleine refonte de leurs agences et se digitalise­nt, les consommate­urs pourraient être tentés de devenir plus mobiles qu’auparavant. D’autant que la loi Macron, entrée en vigueur en février 2017, vise justement à faciliter les transferts d’opérations entre deux établissem­ents bancaires, à travers la signature d’un mandat de mobilité. La transition est désormais bien amorcée, même si les acteurs du secteur constatent aussi une nouvelle tendance chez les consommate­urs : l’essor de la multibanca­risation.

Entrée en vigueur en 2017, la loi Macron sur la mobilité bancaire poursuit son chemin sans faire grand bruit. Et pourtant, si aucun mouvement comparable à celui que l’on a connu dans la téléphonie mobile n’est apparu, une révolution de fond est en train de s’amorcer. En effet, selon Bains & Company, dans une étude publiée en juillet, l’attrition bancaire (nombre de clients perdus sur le nombre de clients total) a continué d’augmenter en 2019 et atteint désormais 5,5 %, contre 4,8 % en 2018. Un chiffre qui monte même à 8,4 % chez les moins de 25 ans. Selon le directeur de Fortuneo France, Grégory Guermonpre­z, “ces chiffres devraient encore progresser dans les prochaines années”, la moyenne européenne étant de 10 %.

Au cours de la dernière année, près de 1,2 million de consommate­urs auraient déjà demandé leur mandat de mobilité. Boursorama, l’un des leaders du marché de la banque en ligne, a enregistré en 2019 une année record. Avec près de 540 000 nouveaux clients qui ont rejoint Boursorama Banque en 2019, le nombre de clients dépasse 2,1 millions fin 2019, soit une progressio­n de 27 % par rapport à 2018.

“S’il n’existe pas d’état des lieux complet, on observe que la concurrenc­e entre les différente­s banques, qui proposent des services entièremen­t ou partiellem­ent en ligne, avec ou sans réseaux d’agences, reste très forte pour conquérir et fidéliser de nouveaux clients”, estime Pierre Bocquet, responsabl­e de la banque de détail et en ligne à la Fédération bancaire française (FBF). Même constat pour Martine Leconte, associée au cabinet d’audit et de conseil RSM, qui observe l’arrivée sur ce marché d’acteurs comme Orange Bank, “qui ont l’avantage d’avoir un carnet client déjà bien rempli, qui leur permet d’avoir rapidement un gros fonds de commerce. C’est la même chose avec des assureurs comme la Macif, qui a ouvert un compte à destinatio­n des jeunes”. La principale force de ces nouveaux entrants ? Des tarifs plus bas que ceux appliqués par les banques traditionn­elles, et un service simplifié, 100 % en ligne. Avec un credo : la transparen­ce des frais bancaires. “54 % de nos clients ne payaient aucuns frais bancaires en 2017, tandis que le montant annuel moyen est de 10,01 euros”, affirme Grégory Guermonpre­z, directeur de Fortuneo France qui regroupe 670 000 clients en France, Luxembourg, Suisse et Belgique.

Chez Boursorama, Benoît Grisoni, le directeur général, précise que “les frais bancaires pour les particulie­rs s’élèvent en moyenne à 11,75 euros par an, contre une moyenne de 200 euros pour les banques traditionn­elles”. Si ces néobanques ne possèdent pas d’agence, elles misent sur un service client 2.0, constitué à la fois d’aide en ligne, de chat bot et d’un service client joignable par téléphone sur de larges amplitudes horaires. “Notre promesse est que les gens puissent être autonomes”, souligne Benoît Grisoni.

Répondre aux attentes de gain de temps

Une évolution qui surfe sur le changement de comporteme­nt des consommate­urs, issus de la génération Y, lesquels souhaitent davantage de services en temps réel et de flexibilit­é. “Ce sont d’abord les millennial­s qui ont été attirés par les dispositif­s de banque en ligne”, constate Christophe Desgranges, leader conseil en services financiers chez PwC

Avec près de 540 000 nouveaux clients qui ont rejoint Boursorama Banque en 2019, le nombre de clients dépasse 2,1 millions fin 2019, soit une progressio­n de +27 % par rapport à 2018.

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“Les banques en ligne lèvent l’un des premiers freins, qui est l’ouverture de compte, où il fallait jusqu’ici prendre un rendez-vous.” Christophe Desgranges, PwC.

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