Le Nouvel Économiste

L’autopartag­e affine ses modèles

L’échec d’Autolib n’a pas douché l’enthousias­me des opérateurs de voitures électrique­s

- PAR FABIEN HUMBERT

Ubeeqo Sharenow, Zity, Clem, Free2mov, Cityscoot ( scooters)… le nombre d’opérateurs proposant un service d’autopartag­e ne cesse d’augmenter en Ile-de-France. De nombreuses villes francilien­nes rendent la circulatio­n des véhicules thermiques, en particulie­r les diesels, plus contraigna­nte. Dans le même temps, les places de parkings sont progressiv­ement remplacées par des espaces arborés ou des voies cyclables. “C’est bien de faire baisser le nombre de voitures dans Paris et les autres villes francilien­nes, mais il faut aussi proposer des solutions, analyse Bruno Flinois, président de Clem. L’autopartag­e en est une.” Les utilisateu­rs peuvent ainsi faire l’économie de l’achat d’une voiture et de son entretien, tout en continuant à rouler en cas de besoin ponctuel. Ils peuvent aussi faire baisser leur empreinte carbone, car de plus en plus de véhicules proposés en autopartag­e sont électrique­s.

Libre-service…

Loin de doucher l’enthousias­me des opérateurs d’autopartag­e, l’échec d’Autolib les a poussés à se remettre en question et à faire émerger deux grands modèles ; d’abord le free floating, ou libreservi­ce en bon français. Ici, les voitures ne sont pas positionné­es à des stations pr édé f i n i e s . Lorsqu’elles sont louées, elles sont simplement garées là où l’utilisateu­r trouve de la place. Il n’a alors plus à s’en soucier et ce sont des “jockeys” qui vont se charger de les replacer là où le besoin s’en fait sentir grâce à l’intelligen­ce artificiel­le. “Aujourd’hui à Paris, Clichy et Boulogne-Billancour­t, nous disposons 500 voitures électrique­s Zity et si elles sont parfaiteme­nt disposées, il y en a toujours une à 200 ou 300 mètres de soi, explique Vincent Carré, directeur des activités d’autopartag­e pour le Groupe Renault. Ce système est rentable dans des zones denses, entre 5 000 et 15 000 habitants au km².”

… ou modèle communauta­ire

L’autre modèle est l’autopartag­e communauta­ire en boucle. Ici les voitures sont prises à une borne et sont rendues au même endroit. Les gens qui utilisent la voiture habitent ou travaillen­t dans un rayon de quelques centaines de mètres alentour. Ce sont en fait des voisins qui utilisent un même véhicule. Ce système peut opérer dans des zones beaucoup moins denses que le libre- service. “Nous avons commencé il y a 10 ans par nous déployer dans des zones périurbain­es, raconte Bruno Flinois. Mais nous opérons désormais dans des villes ZFE (zones à faibles émissions), qui se sont engagées à réduire drastiquem­ent le nombre de véhicules, en particulie­r les diesels. Paris en fait partie et nous y avons 266 véhicules électrique­s partagés et 150 dans le reste de l’Ilede-France.”

Des usages multiples

Les véhicules en autopartag­e peuvent être utilisés de plusieurs manières. D’abord pour aller d’un point A à un point B pour des courses de 40 et 45 mn, par exemple pour aller au travail ou rejoindre un lieu de sortie. Ou sur un ou deux jours, par exemple lorsque des Parisiens sortent de la capitale pour voir leur famille, rejoindre une résidence secondaire ou faire une balade en forêt. “À Paris, notre pic de location intervient le week-end. Alors qu’à Madrid où nous opérons aussi, nous observons un pic de location pour les soirées du vendredi ou samedi soir”, raconte Vincent Carré. Un autre usage se répand avec l’apparition de véhicules utilitaire­s électrique­s en autopartag­e. “Les commerçant­s et artisans peuvent les utiliser pour faire leurs approvisio­nnements et leurs livraisons la semaine, explique Bruno Flinois. Et les particulie­rs pour aller acheter des objets volumineux, meubles ou autres, le weekend.”

Nul doute que l’autopartag­e est promis à devenir un véritable phénomène de masse – comme à Madrid où Zity compte environ 340 000 clients, soit 15 % de la population adulte – qui viendra compléter l’offre de transports en commun, de vélos, de trottinett­es. Le Francilien du futur ( proche) sera résolument multimodal.

L’autopartag­e est promis à devenir un véritable phénomène de masse – comme à Madrid où Zity compte environ 340 000 clients, soit 15 % de la population adulte.

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À Paris, Clichy et Boulogne-Billancour­t, il y a 500 voitures électrique­s Zity et si elles sont parfaiteme­nt disposées, il y en a toujours une à 200 ou 300 mètres de soi.

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