Gestion privée
capital investi pour le choix d’un produit d’épargne, devant la disponibilité de l’épargne, le rendement étant relégué à la 3e place. Certains investisseurs avertis, ou ayant le dos et des ressources plus solides, ont toutefois profité de la chute des marchés boursiers pour investir en UC. “Les sociétaires sont moins rétifs qu’auparavant à l’idée d’investir dans des UC. Nous avons aussi constaté une légère croissance des versements sur les produits retraite portée par le nouveau PER”, note Guillaume Rosenwald.
Accélération de la digitalisation
Le confinement a aussi accéléré la digitalisation des acteurs de l’assurance-vie. Et pour cause : les agences sont restées fermées plusieurs semaines. “En 2019, 42 % des épargnants se déclaraient autonomes pour la gestion de leur épargne ; en 2020, ils sont 64 %, selon l’observatoire de l’assurancevie. De plus, 73 % des assurés en ligne demandent davantage de digitalisation des services. L’épargne en ligne continuera à se développer à l’avenir”, note Gilles Belloir. “Le recours à la digitalisation a été très important pendant le confinement. Nous allons retravailler la digitalisation de l’ensemble des processus ; en revanche nous n’envisageons pas pour le moment de proposer la souscription en ligne. Nous préférons avoir recours au présentiel ou au téléphone afin de prodiguer les meilleurs conseils aux épargnants. Cependant, depuis juillet, nos sociétaires ont la possibilité de changer la clause bénéficiaire en ligne. Cette nouveauté, élaborée avec Testamento, a rencontré un grand succès”, déclare Odile Ezerzer, directrice de Macif Finance Épargne et directrice générale de Mutavie.
Un phénomène qui touche également les pure players du secteur. “Nous assistons à une accélération de la demande de digitalisation”, confirme Stellane Cohen, directrice générale d’Altaprofits qui propose déjà la souscription en ligne avec signature électronique. De son côté, Placement-direct. fr envisage d’élargir la souscription en ligne “qui permet de simplifier le traitement des dossiers. Nous continuerons de développer les conseils, informations et articles afin d’aider les investisseurs à procéder au meilleur choix pour leur épargne”, fait valoir Gilles Belloir. Une digitalisation qui ne remplacera pas à 100 % le contact humain, selon Stellane Cohen : “il est essentiel d’apporter un maximum de services en ligne tout en conservant la possibilité pour le client d’appeler son conseiller patrimonial”.
La finance responsable rassure
Autre élément : la crise sanitaire a accru la sensibilité à la finance responsable. “Nos sociétaires s’y intéressent de plus en plus car elle les rassure. Ils souhaitent donner du sens à leur épargne et connaître l’usage qui sera fait de leur argent. Nous proposons des produits ISR tels que Ofi Actions Solidaire ou Ofi Actions Climat”, souligne Odile Ezerzer. Au-delà de donner su sens à l’épargne des Français, les produits ISR surperforment en termes de rendement, ce qui n’est plus le cas des fonds en euros. “Structurellement, la crise est l’occasion de développer de nouveaux produits et de diversifier les actifs ; nous allons innover en lançant des fonds ESG, qui seront intégrés dans les contrats d’assurance-vie à la fois pour les marchés local et international”, précise Laurent Heiles, directeur du groupe Bâloise Assurances Luxembourg qui ne commercialise que des contrats d’assurancevie luxembourgeois en UC. “La tendance pour les produits à dimension sociale et environnementale se poursuivra”, estime Gilles Belloir.
Des produits mixtes et des conseils
Pour les investisseurs qui souhaitent du rendement, les assureurs réfléchissent à de nouveaux produits. Dans un contexte de crise et de taux d’intérêt bas, le triptyque sécurité/rendement/liquidité ne fonctionne plus. “Il est possible de garantir deux de ces paramètres, mais il est beaucoup plus délicat d’obtenir les trois en même temps. Cela peut se faire au travers de produits mixtes, tels que Universal Life, un produit que le groupe Bâloise a lancé il y a trois ans, qui propose un minimum de sécurité et de la performance sur le marché local à Luxembourg. C’était à l’époque un pari, mais cela a été un succès”, indique Laurent Heiles. Guillaume Rosenwald suggère pour sa part de mettre en place “un nouveau type de fonds en euros dans lequel la garantie du capital serait assurée non plus à 100 %, mais à 99,5 % ou 99 %. Cette diminution de la garantie en capital serait compensée par un rendement plus positif pour l’adhérent dans les bonnes années, qui sont heureusement les plus nombreuses ! En revanche, il est essentiel de maintenir la liquidité de l’assurance-vie, car nos sociétaires souhaitent pouvoir retirer leur argent à tout moment. L’idée est de maintenir au mieux la liquidité et la sécurité de l’assurance-vie en demandant un effort modeste à l’épargnant.” Altaprofits planche actuellement sur un projet de contrat avec un fonds en euros partiellement garanti à échéance “qui s’inspire de l’Eurocroissance”, indique sa directrice générale. En revanche, la Macif ne prévoit pas d’y avoir recours. “La création d’un fond structuré non garanti ne peut s’envisager que dans le cadre de l’épargne patrimoniale. Or, la Macif propose essentiellement de l’épargne grand public et non de l’épargne patrimoniale. Nous proposons d’investir en UC : certes, la sécurité est moindre, mais les UC offrent davantage de rendement que les fonds en euros. Il est important d’expliquer aux épargnants qu’il est désormais nécessaire d’investir en panachant fonds en euros et UC”, précise Odile Ezerzer. Ces changements dans les habitudes des épargnants français impliquent conseils et pédagogie. “Le capital n’étant plus garanti dans les UC, l’épargnant doit nécessairement être accompagné par du conseil. On doit lui proposer des UC en fonction de son appétence au risque et de son horizon de temps. Les UC impliquent un changement de paradigme et notamment d’accepter une part de risque pour bénéficier de davantage de performance”, juge Stellane Cohen. À condition que les investisseurs français se découvrent un amour du risque. En attendant, les professionnels du secteur espèrent assister à un rattrapage de la collecte en assurancevie d’ici la fin de l’année. Cela dépendra de la durée de la pandémie et de ses répercussions sur la situation économique et sociale du pays.
Dans un contexte de crise et de taux d’intérêt bas, le triptyque sécurité/ rendement/liquidité ne fonctionne plus. “Il est possible de garantir deux de ces paramètres, mais il est beaucoup plus délicat d’obtenir les trois en même temps.”