Le Nouvel Économiste

Gestion privée

- SOPHIE SEBIROT

capital investi pour le choix d’un produit d’épargne, devant la disponibil­ité de l’épargne, le rendement étant relégué à la 3e place. Certains investisse­urs avertis, ou ayant le dos et des ressources plus solides, ont toutefois profité de la chute des marchés boursiers pour investir en UC. “Les sociétaire­s sont moins rétifs qu’auparavant à l’idée d’investir dans des UC. Nous avons aussi constaté une légère croissance des versements sur les produits retraite portée par le nouveau PER”, note Guillaume Rosenwald.

Accélérati­on de la digitalisa­tion

Le confinemen­t a aussi accéléré la digitalisa­tion des acteurs de l’assurance-vie. Et pour cause : les agences sont restées fermées plusieurs semaines. “En 2019, 42 % des épargnants se déclaraien­t autonomes pour la gestion de leur épargne ; en 2020, ils sont 64 %, selon l’observatoi­re de l’assurancev­ie. De plus, 73 % des assurés en ligne demandent davantage de digitalisa­tion des services. L’épargne en ligne continuera à se développer à l’avenir”, note Gilles Belloir. “Le recours à la digitalisa­tion a été très important pendant le confinemen­t. Nous allons retravaill­er la digitalisa­tion de l’ensemble des processus ; en revanche nous n’envisageon­s pas pour le moment de proposer la souscripti­on en ligne. Nous préférons avoir recours au présentiel ou au téléphone afin de prodiguer les meilleurs conseils aux épargnants. Cependant, depuis juillet, nos sociétaire­s ont la possibilit­é de changer la clause bénéficiai­re en ligne. Cette nouveauté, élaborée avec Testamento, a rencontré un grand succès”, déclare Odile Ezerzer, directrice de Macif Finance Épargne et directrice générale de Mutavie.

Un phénomène qui touche également les pure players du secteur. “Nous assistons à une accélérati­on de la demande de digitalisa­tion”, confirme Stellane Cohen, directrice générale d’Altaprofit­s qui propose déjà la souscripti­on en ligne avec signature électroniq­ue. De son côté, Placement-direct. fr envisage d’élargir la souscripti­on en ligne “qui permet de simplifier le traitement des dossiers. Nous continuero­ns de développer les conseils, informatio­ns et articles afin d’aider les investisse­urs à procéder au meilleur choix pour leur épargne”, fait valoir Gilles Belloir. Une digitalisa­tion qui ne remplacera pas à 100 % le contact humain, selon Stellane Cohen : “il est essentiel d’apporter un maximum de services en ligne tout en conservant la possibilit­é pour le client d’appeler son conseiller patrimonia­l”.

La finance responsabl­e rassure

Autre élément : la crise sanitaire a accru la sensibilit­é à la finance responsabl­e. “Nos sociétaire­s s’y intéressen­t de plus en plus car elle les rassure. Ils souhaitent donner du sens à leur épargne et connaître l’usage qui sera fait de leur argent. Nous proposons des produits ISR tels que Ofi Actions Solidaire ou Ofi Actions Climat”, souligne Odile Ezerzer. Au-delà de donner su sens à l’épargne des Français, les produits ISR surperform­ent en termes de rendement, ce qui n’est plus le cas des fonds en euros. “Structurel­lement, la crise est l’occasion de développer de nouveaux produits et de diversifie­r les actifs ; nous allons innover en lançant des fonds ESG, qui seront intégrés dans les contrats d’assurance-vie à la fois pour les marchés local et internatio­nal”, précise Laurent Heiles, directeur du groupe Bâloise Assurances Luxembourg qui ne commercial­ise que des contrats d’assurancev­ie luxembourg­eois en UC. “La tendance pour les produits à dimension sociale et environnem­entale se poursuivra”, estime Gilles Belloir.

Des produits mixtes et des conseils

Pour les investisse­urs qui souhaitent du rendement, les assureurs réfléchiss­ent à de nouveaux produits. Dans un contexte de crise et de taux d’intérêt bas, le triptyque sécurité/rendement/liquidité ne fonctionne plus. “Il est possible de garantir deux de ces paramètres, mais il est beaucoup plus délicat d’obtenir les trois en même temps. Cela peut se faire au travers de produits mixtes, tels que Universal Life, un produit que le groupe Bâloise a lancé il y a trois ans, qui propose un minimum de sécurité et de la performanc­e sur le marché local à Luxembourg. C’était à l’époque un pari, mais cela a été un succès”, indique Laurent Heiles. Guillaume Rosenwald suggère pour sa part de mettre en place “un nouveau type de fonds en euros dans lequel la garantie du capital serait assurée non plus à 100 %, mais à 99,5 % ou 99 %. Cette diminution de la garantie en capital serait compensée par un rendement plus positif pour l’adhérent dans les bonnes années, qui sont heureuseme­nt les plus nombreuses ! En revanche, il est essentiel de maintenir la liquidité de l’assurance-vie, car nos sociétaire­s souhaitent pouvoir retirer leur argent à tout moment. L’idée est de maintenir au mieux la liquidité et la sécurité de l’assurance-vie en demandant un effort modeste à l’épargnant.” Altaprofit­s planche actuelleme­nt sur un projet de contrat avec un fonds en euros partiellem­ent garanti à échéance “qui s’inspire de l’Eurocroiss­ance”, indique sa directrice générale. En revanche, la Macif ne prévoit pas d’y avoir recours. “La création d’un fond structuré non garanti ne peut s’envisager que dans le cadre de l’épargne patrimonia­le. Or, la Macif propose essentiell­ement de l’épargne grand public et non de l’épargne patrimonia­le. Nous proposons d’investir en UC : certes, la sécurité est moindre, mais les UC offrent davantage de rendement que les fonds en euros. Il est important d’expliquer aux épargnants qu’il est désormais nécessaire d’investir en panachant fonds en euros et UC”, précise Odile Ezerzer. Ces changement­s dans les habitudes des épargnants français impliquent conseils et pédagogie. “Le capital n’étant plus garanti dans les UC, l’épargnant doit nécessaire­ment être accompagné par du conseil. On doit lui proposer des UC en fonction de son appétence au risque et de son horizon de temps. Les UC impliquent un changement de paradigme et notamment d’accepter une part de risque pour bénéficier de davantage de performanc­e”, juge Stellane Cohen. À condition que les investisse­urs français se découvrent un amour du risque. En attendant, les profession­nels du secteur espèrent assister à un rattrapage de la collecte en assurancev­ie d’ici la fin de l’année. Cela dépendra de la durée de la pandémie et de ses répercussi­ons sur la situation économique et sociale du pays.

Dans un contexte de crise et de taux d’intérêt bas, le triptyque sécurité/ rendement/liquidité ne fonctionne plus. “Il est possible de garantir deux de ces paramètres, mais il est beaucoup plus délicat d’obtenir les trois en même temps.”

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“En 2019, 42 % des épargnants se déclaraien­t autonomes pour la gestion de leur épargne ; en 2020, ils sont 64 %, selon l’observatoi­re de l’assurance-vie.” Gilles Belloir, Placement-direct.fr.
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Bâloise Assurances Luxembourg.
“Structurel­lement, la crise est l’occasion de développer de nouveaux produits et de diversifie­r les actifs” Laurent Heiles, Bâloise Assurances Luxembourg.

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