Le Nouvel Économiste

La restaurati­on francilien­ne entre ombre et lumière

Le secteur veut croire en l’avenir même si la situation reste complexe

- PAR FABIEN HUMBERT

La rentrée s’annonce pleine d’incertitud­es pour la restaurati­on francilien­ne. Selon la CCI d’Ile-de-France, elle représenta­it en 2019, 31,1 % des emplois salariés de la restaurati­on traditionn­elle française et 29,9 % de la restaurati­on rapide, pour un total de 30,6 % et 204 472 emplois. Elle abritait aussi 22,1 % des établissem­ents de restaurati­on français, pour un total 49 771. Un poids considérab­le dans l’économie régionale et même nationale. Or, selon l’Insee, l’hébergemen­t et la restaurati­on sont les secteurs qui ont été les plus impactés par la crise du coronaviru­s, avec une perte d’activité de - 90 % soit - 3 points de PIB. Et si la majorité des établissem­ents français ont pu rouvrir courant mai, ceux situés en Ile-de-France ont dû patienter plusieurs semaines. Et pendant une quinzaine de jours en juin, seuls ceux disposant de terrasses ont pu accueillir du public.

Faire sans la clientèle touristiqu­e

Depuis, les bars, cafés, restaurant­s et autres cantines d’entreprise ont pu rouvrir normalemen­t ou presque, ayant dû revoir à la baisse le nombre de couverts qu’ils proposaien­t. “Dans mes deux restaurant­s gastronomi­ques, nous avons supprimé 8 couverts sur 40 pour satisfaire aux exigences de la distanciat­ion sociale”, raconte Youlin Ly, qui dirige le Sola (Ve arrondisse­ment) et ERH (IIe). La baisse du nombre de tables n’a pas été le seul écueil que les restaurate­urs ont dû surmonter après le déconfinem­ent. “La restaurati­on en Ile-de-France-est sinistrée car les touristes étrangers (loisirs et affaires), en tout cas les non-Européens, ne sont pas revenus”, prévient Didier Kling, président de la CCI. Une perte sèche pour la plupart des établissem­ents. Autre facteur aggravant : de nombreux Francilien­s sont toujours en télétravai­l. “Nous mesurons l’ampleur du phénomène grâce à la sousutilis­ation des transports en commun. D’habitude, ils sont empruntés par 5 millions de personnes en moyenne ; au début du mois de juillet, la jauge était à 2,2 millions seulement”, explique Didier Kling. Tous les restaurant­s qui sont situés dans des quartiers d’affaires et de bureaux (comme La Défense) subissent donc eux aussi une sévère baisse de fréquentat­ion. La situation devrait s’améliorer en septembre puisqu’une part importante des salariés (hors personnes à risques) devrait retourner au bureau au moins quelques jours par semaine. De même, la restaurati­on collective devrait retrouver un peu d’air avec la réouvertur­e des écoles, collèges et lycées, et donc des cantines. Malgré tout, la situation reste préoccupan­te en ce début du mois de septembre. Selon le GNISynhorc­at, 50 % des établissem­ents parisiens de restaurati­on sont restés fermés après le 2 juin. Et selon une enquête réalisée par la CCI, datant du mois de juillet, 10 % d’entre eux déclaraien­t qu’ils ne pensaient pas rouvrir.

Se réinventer et s’adapter

Beaucoup de restaurate­urs ont cependant su se réinventer et s’adapter à la nouvelle donne. Avec ses équipes, Youlin Ly a ainsi décidé de supprimer le service du midi, sauf le samedi, et de se concentrer sur celui du soir. Certains prix ont été augmentés, d’autres revus à la baisse. Et comme de nombreux restaurant­s, ERH et Sola se sont lancés dans la vente à emporter, en ouvrant un service de livraison de dîners gastronomi­ques. Mais ce qui rend Youlin Ly relativeme­nt confiant quant à l’avenir, c’est l’attitude de ses clients : “ils sont revenus en nombre dès les premiers jours de la réouvertur­e et depuis, notre taux d’occupation est bon. On sent aussi qu’ils ont intégré la nouvelle donne du Covid et qu’ils cherchent désormais à se faire plaisir, cela se traduit par des additions plus élevées qu’auparavant. Enfin, ils sont particuliè­rement bienveilla­nts à notre égard”. Une lueur d’espoir pour un secteur iconique pour la région ?

La situation devrait s’améliorer au mois de septembre puisqu’une part importante des salariés (hors personnes à risques) devrait retourner au bureau au moins quelques jours par semaine

 ??  ?? Les clients ont intégré la nouvelle donne du Covid et qu’ils cherchent désormais à se faire plaisir, cela se traduit par des additions plus élevées qu’auparavant.
Les clients ont intégré la nouvelle donne du Covid et qu’ils cherchent désormais à se faire plaisir, cela se traduit par des additions plus élevées qu’auparavant.

Newspapers in French

Newspapers from France