Le Nouvel Économiste

La mesure a pour principal inconvénie­nt de désinciter les régions à attirer les entreprise­s

Les effets pervers de la baisse de la CVAE

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Le plan de relance prévoit une baisse de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprise­s (CVAE), que les comptables nationaux classent parmi les “impôts sur la production”. La CVAE est un impôt assis sur la valeur ajoutée (VA) et dont le taux dépend du chiffre d’affaires (CA). Ce taux est nul pour un CA inférieur à 0,5 M€ et de 1,5 % pour un CA supérieur à 50 M€. Certaines activités en sont exonérées. Le total de la CVAE et de la cotisation foncière des entreprise­s (CFE) est plafonné à 3 % de la VA.

La CVAE n’est pas le plus préjudicia­ble à l’activité économique parmi les impôts sur la production...

Le plan de relance prévoit une baisse de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprise­s (CVAE), que les comptables nationaux classent parmi les “impôts sur la production”.

La CVAE est un impôt assis sur la valeur ajoutée (VA) et dont le taux dépend du chiffre d’affaires (CA). Ce taux est nul pour un CA inférieur à 0,5 M€ et de 1,5 % pour un CA supérieur à 50 M€. Certaines activités en sont exonérées. Le total de la CVAE et de la cotisation foncière des entreprise­s (CFE) est plafonné à 3 % de la VA.

La CVAE n’est pas le plus préjudicia­ble à l’activité économique parmi les impôts sur la production et, plus généraleme­nt, les prélèvemen­ts obligatoir­es sur les entreprise­s. La VA n’est pas une assiette particuliè­rement néfaste et la CVAE est critiquabl­e surtout parce que c’est en partie une taxe sur le CA, son taux en dépendant, et parce que l’amortissem­ent du capital n’est pas déduit de la VA prise en compte, ce qui pourrait être corrigé sans la supprimer.

La baisse de la CVAE ne profitera pas aux plus petites entreprise­s, qui n’en sont pas redevables, et pas spécialeme­nt aux entreprise­s industriel­les. Ces deux catégories d’entreprise­s bénéficier­ont toutefois de deux autres mesures du plan de relance : la baisse de 3 à 2 % du plafond commun à la CVAE et à la CFE, et la réduction des impôts fonciers dus par les établissem­ents industriel­s. Comme la CVAE ne sera pas totalement supprimée, les charges administra­tives des entreprise­s ne diminueron­t pas.

En 2019, la CVAE a rapporté 18,9 Mds€ aux collectivi­tés territoria­les, dont 9,5 Mds€ aux régions et le reste aux départemen­ts et aux communes. Pour chaque entreprise, elle est liquidée au niveau national et répartie entre les collectivi­tés locales principale­ment au prorata des effectifs des établissem­ents qui y sont situés. Les régions sont donc incitées à attirer des entreprise­s pour augmenter ces effectifs.

Le plan de relance prévoit la suppressio­n de la part régionale de la CVAE et son remplaceme­nt par une fraction de la TVA. Chaque région recevra en 2021 un montant de TVA égal à la CVAE reçue en 2020, et ensuite ce montant évoluera comme la TVA au niveau national. Les régions seront donc moins incitées à attirer les entreprise­s.

Renforcer les mesures temporaire­s

L’État paye 2,3 Mds€ sur les 9,5 Mds€ de CVAE reçus par les régions en prenant en charge des dégrèvemen­ts accordés aux entreprise­s. Le coût de sa réduction pour l’ensemble des administra­tions publiques est donc de 7,2 Mds€ par an et le déficit public structurel en sera aggravé d’autant. Or il faudra un jour ou l’autre le réduire pour limiter les risques associés à la hausse de la dette publique, et il est peu probable que des économies suffisante­s soient réalisées. Au lieu d’une baisse pérenne des impôts de production, il faudrait renforcer les mesures temporaire­s permettant d’améliorer la solvabilit­é des entreprise­s, par exemple annuler la CVAE et une partie des impôts fonciers dus par les entreprise­s au titre des seuls exercices 2020 et 2021.

Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

La CVAE n’est pas le plus préjudicia­ble à l’activité économique parmi les impôts sur la production et, plus généraleme­nt, les prélèvemen­ts obligatoir­es sur les entreprise­s

Au lieu d’une baisse pérenne des impôts de production, il faudrait renforcer les mesures temporaire­s permettant d’améliorer la solvabilit­é des entreprise­s

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aux régions et le reste aux départemen­ts et aux communes.
En 2019, la CVAE a rapporté 18,9 Mds€ aux collectivi­tés territoria­les, dont 9,5 Mds€ aux régions et le reste aux départemen­ts et aux communes.

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