Le Nouvel Économiste

L’appel aux dons monte le son

Les organisati­ons caritative­s multiplien­t canaux et techniques pour rajeunir et fidéliser les donateurs

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La plupart des études, baromètres et commentair­es ne concernent que la masse des dons déductible­s des impôts, ainsi que les legs et autres libéralité­s. Certains refusent cette approche.

Sollicités de toute part pour financer de multiples causes, les Français savent répondre à l’appel. Reconnue, leur générosité n’en est pas moins dépendante de divers facteurs : la situation économique générale et l’idée qu’ils se font de leur avenir, mais aussi la fiscalité. Face aux besoins sociétaux et au désengagem­ent des pouvoirs publics, les organisati­ons sans but lucratif multiplien­t les canaux de dons en essayant d’élargir et rajeunir la communauté des donateurs fidèles.

Précarité, enfance, recherche médicale, solidarité internatio­nale, bien-être animal… : la générosité des Français va à de multiples causes. On la sait abondante mais son montant total reste difficile à cerner. Un panorama national dressé en 2018 par France générosité­s, syndicat de 110 associatio­ns et fondations visant à promouvoir la générosité privée, l’estimait à 7,5 milliards d’euros en 2015 – l’équivalent du budget du ministère de la Justice – dont 61 % émanant des particulie­rs et 39 % des entreprise­s.

Mais si les dons déduits des impôts sont parfaiteme­nt connus, beaucoup d’autres ne peuvent qu’être estimés plus ou moins précisémen­t : quêtes et collectes de rues, dons en nature, don à des organismes non éligibles à la défiscalis­ation, micro-dons sans reçu… France générosité­s évaluait à 60 % les dons déduits des impôts (IR, ISF devenu IFI, impôt sur les sociétés) contre 40 % pour le reste, y compris les legs et donations.

Le temps, c’est de l’argent

La plupart des études, baromètres et commentair­es ne concernent que cette masse des dons déductible­s des impôts, ainsi que les legs et autres libéralité­s. Certains refusent cette approche. “On ne compte pas la générosité seulement de manière comptable”, s’insurge Thierry Robert, directeur général du Secours populaire français, pour qui “le donateur, c’est toute personne qui donne, quelle que soit sa façon de donner ; nous sommes prêts à recevoir toute forme de générosité et nous n’opposons pas les différente­s formes”.

Ces dons non monétaires peuvent peser lourd : à côté de 91 millions d’euros de ressources monétaires, dont près de 30 millions venus du grand public, le bilan 2018 du Secours populaire affiche près de 259 millions d’euros de “contributi­ons volontaire­s en nature”, dont 126 millions de dons en nature et 107 millions valorisant le bénévolat de 80 000 personnes.

Un manque perpétuel de moyens

Pourtant, la générosité est insuffisan­te face aux besoins. “Nous sommes perpétuell­ement confrontés à un manque de moyens”, déplore Frédéric Théret, directeur du développem­ent à la Fondation de France. En cause : la baisse des subvention­s publiques. “On voit bien que l’engagement des pouvoirs publics en matière de financemen­t de la recherche cardiovasc­ulaire, et de la recherche médicale en général, est en train de baisser”, illustre Michel Komajda, président de la Fondation Coeur et Recherche. Pour compenser, cette jeune fondation s’ouvre davantage au grand public. Beaucoup plus ancienne, la Mie de pain, dont seul un quart des ressources venait en 2018 du grand public, fait de même : “nous essayons par ce biais de renforcer notre autonomie financière”, explique Charles de Freminvill­e, son président. Dans sa forme monétaire, la générosité fidèle est d’abord le fait d’un noyau restreint évalué à 1,2 million de personnes, souvent multi-donateurs, qui ne forment qu’une petite frange d’un ensemble de 15 millions de donateurs occasionne­ls, dont beaucoup ne donnent qu’une fois par an. La moyenne d’âge des fidèles dépasse souvent 60 ans, voire 70,

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sont le moment-clé.” Charles de Freminvill­e, La mie de pain.
“Les six dernières semaines de l’année sont le moment-clé.” Charles de Freminvill­e, La mie de pain.

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