Le Nouvel Économiste

La géothermie fore dans les Yvelines

Cette énergie propre et renouvelab­le va chauffer les habitants de Vélizy-Villacoubl­ay et renforcer la politique de la région en la matière

- PAR FABIEN HUMBERT

Depuis les années 1970, la ville de Vélizy-Villacoubl­ay produisait du chauffage et de l’eau sanitaire, pour toute sa partie collective et pour 20 % de ses entreprise­s, via une cogénérati­on gaz produisant de l’électricit­é. Avec les nouvelles contrainte­s et taxes sur les énergies fossiles, la ville souhaitait agir pour réduire son empreinte carbone sans augmenter la facture énergétiqu­e des Véliziens. Elle a alors décidé de candidater pour accueillir la première station de géothermie de l’Ouest Parisien… afin de protéger la planète, mais aussi de faire des économies. “Il y a 5 ans, nous avions déjà essayé de monter un projet de géothermie dans le cadre d’un plan de rénovation urbaine, mais à l’époque c’était encore techniquem­ent impossible”, se souvient le maire Pascal Thévenot. Depuis, les techniques ont évolué et le projet va finalement voir le jour, dès la fin 2021 grâce à Vélogéo, une filiale d’Engie Solutions.

Puiser de l’eau chaude à 1 600 mètres

L’exploratio­n de la géothermie de Vélizy-Villacoubl­ay sera même une première nationale puisqu’elle va appliquer la technologi­e des forages multi- drains à la géothermie profonde. Le forage est réalisé au moyen d’un appareil de 40 mètres de haut, installé en zone urbaine, qui va forer jusqu’à 1 600 mètres de profondeur. Cette nouvelle technologi­e va permettre de pomper un énorme bassin de 15 000 km2 contenant de l’eau entre 50 et 85°… puis d’y réinjecter l’eau utilisée. Le recours à l’énergie géothermiq­ue permettra d’éviter chaque année l’émission de 22 801 tonnes de CO2 dans l’atmosphère, soit l’équivalent de 15 000 véhicules.

Des projets qui doivent être rentables

Grâce à cette installati­on, la géothermie irriguera quasiment 99 % des logements collectifs de la ville. De plus, “toutes les nouvelles constructi­ons collective­s seront raccordées au chauffage urbain. Cela va nous permettre de faire baisser nos coûts de fonctionne­ment”, se félicite Pascal Thévenot. Car ces proj e t s nécessiten­t des investisse­ments colossaux et ne sont amortissab­les qu’en cas de raccordeme­nts importants. Ainsi l’énergie sera propre et renouvelab­le, et le consommate­ur aura la garantie de conserver un chauffage à un prix attractif. “La crise du Covid a fait s’effondrer le coût des énergies fossiles, ce qui peut être un facteur de ralentisse­ment de la transition vers les énergies renouvelab­les, analyse Jean- Philippe DugoinClém­ent, le vice-président chargé de l’Écologie, du Développem­ent durable et de l’Aménagemen­t à la région Ile- de- France. Il faut donc être volontaire­s et apporter notre soutien aux projets du même type que celui d’Engie à VélizyVill­acoublay.”

C’est pourquoi la région a décidé d’investir 3 millions d’euros sur les 25 millions que coûtera le projet au total, et qu’elle s’est fixé des objectifs en matière de transition énergétiqu­e. “En 2016, nous étions à seulement 8 % d’énergies renouvelab­les, se rappelle Jean- Philippe Dugoin-Clément. Nous voulons passer à horizon 2030 et 2050 à 20 %, puis 40 % du mix énergétiqu­e de la région en énergies renouvelab­les.” Et pour parvenir à cet objectif, la géothermie semble avoir toutes les cartes en main au vu la manne qui se trouve dans son sous-sol.

Selon le site de la région, 37 installati­ons géothermiq­ues, situées plutôt dans l’est de l’Ile- de- France, alimentent pour le moment plus de 150 000 équivalent-logements (soit 330 000 personnes), et produisent environ 1 000 000 MWh par an. Engie de son côté continue de mailler le territoire d’installati­ons géothermiq­ues. Deux sont en cours de mise en oeuvre : à Noisiel et Champs- sur- Marne au coeur de la cité Descartes, et un autre dans le quartier Pleyel à Paris qui aura pour mission d’alimenter le village olympique.

Ces projets nécessiten­t des investisse­ments colossaux et ne sont amortissab­les qu’en cas de raccordeme­nts importants.

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Le forage est réalisé au moyen d’un appareil de 40 mètres de haut, installé en zone urbaine, qui va forer jusqu’à 1 600 mètres de profondeur.

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