Le Nouvel Économiste

L’étape clé du tunnel de paiement

Comment améliorer l’expérience client pour lutter contre l’abandon de panier, malgré des directives réglementa­ires de plus en plus contraigna­ntes

-

de l’Associatio­n du paiement, qui regroupe une soixantain­e de services de paiement de l’écosystème français.

Améliorer l’expérience utilisateu­r

À travers son étude, Stripe rappelait que “des sommes faramineus­es sont aujourd’hui dépensées par les e-commerçant­s en marketing pour amener les clients à franchir leur porte d’entrée virtuelle, les aider à trouver ce qu’ils cherchent, voire leur suggérer ce qu’ils devraient acheter. Mais lorsqu’il s’agit de payer, on fait peu de choses pour faciliter la vie du consommate­ur”.

Avec, au coeur des enjeux, des questions d’ergonomie, “afin d’optimiser par exemple un site internet qui met beaucoup de temps à se charger, ou encore de penser à proposer une diversité de moyens de paiement en incluant par exemple des canaux comme PayPal”, renchérit Émilie Houdou. En se dirigeant, pourquoi pas, du côté des wallets telles qu’Apple Pay, qui ont le vent en poupe, et de séduire les acheteurs convaincus par la fluidité et la rapidité proposée par ces solutions. “Un consommate­ur peut choisir d’acheter un voyage avec sa carte bancaire pour bénéficier des services d’assurance, mais régler un autre produit avec son compte PayPal s’il ne connaît pas bien avec le vendeur”, explique Jean-Philippe Bourdarie. Car pour retenir les consommate­urs au sein d’un tunnel de paiement, il n’y a pas que la qualité du produit acheté qui compte : l’expérience utilisateu­r se doit aussi d’être agréable, et la plus simplifiée possible. Alors que les canaux digitaux ont connu une croissance de 20 % leur chiffre d’affaires au premier trimestre 2020 (contre 12 % en 2019) au niveau mondial, selon le Salesforce Shopping Index, la gestion de la durée des livraisons est devenue un élément déterminan­t à l’issue de la période de confinemen­t. “Un manque de visibilité sur le coût total du produit, à propos des frais de livraison, de l’assurance, ou encore des garanties peut aussi générer des abandons de paniers, tout comme le fait de devoir renseigner un compte client sur chaque site où l’on fait des achats peut être perçu comme contraigna­nt”, illustre Jean-Philippe Bourdarie. L’ajout de fonctions, comme la possibilit­é de pré-remplir automatiqu­ement un formulaire lors du processus de commande, ou encore de rendre visible le nombre d’étapes à venir de la chaîne de paiement, réduirait aussi les points de friction au moment du paiement. “Sans informatio­n à ce sujet de la part du e-commerçant, les gens s’imaginent qu’il peut y avoir un grand nombre d’étapes avant de finaliser leur paiement et décrochent”, constate JeanPhilip­pe Bourdarie.

Obligation de repenser les circuits

Reste toutefois un autre défi de taille: alors que les consommate­urs commençaie­nt à s’habituer au paiement en un clic proposé par les Gafa comme Amazon ou Uber, le contexte global de lutte contre la fraude en ligne a dopé les nouvelles réglementa­tions en matière de paiement. “Force est de constater que même si le taux de fraude au sein du e-commerce ne cesse de reculer depuis 7 ou 8 ans, il demeure pour l’instant supérieur aux achats en proximité”, rappelle Bertrand Pineau. D’après les derniers chiffres de l’Observatoi­re de sécurité des moyens de paiement (OSMP), plus de deux tiers des fraudes (représenta­nt un total de 439 millions d’euros en 2018) ont été détournés sur Internet, par usurpation des numéros de carte. Le montant moyen des fraudes (70,50 euros) a tendance à baisser, le nombre de cartes touchées serait quant à lui en en augmentati­on (1,35 million en 2018). Alors que les principaux acteurs du secteur travaillai­ent depuis une quinzaine d’années à fluidifier leurs tunnels du paiement, l’arrivée de la seconde directive européenne Sécurité des paiements (dite “DSP2”) pourrait bien rebattre les cartes. Transposée en droit français, elle prévoit depuis septembre 2019 de nouveaux principes d’authentifi­cation forte, avec notamment un protocole de sécurisati­on combinant au moins deux facteurs : un objet (tel qu’une carte bancaire, un smartphone, une tablette ou un ordinateur), ainsi que l’usage d’un mot de passe ou d’un code secret, voire une vérificati­on de l’identité de l’acheteur par un élément biométriqu­e (empreinte digitale, voix, reconnaiss­ance faciale, etc.).

“Même si elle vise à réduire la fraude et amène de nouveaux éléments en matière de modernité et de concurrenc­e, cette nouvelle réglementa­tion est synonyme de frein pour les acteurs qui avaient imaginé peaufiner et développer des tunnels de paiement assez sophistiqu­és”, reconnaît Bertrand Pineau.

Car si la DSP2 prévoit qu’il soit possible de réaliser contractue­llement une authentifi­cation déléguée, comme c’est le cas pour des univers qui proposent déjà des systèmes d’authentifi­cation forte au sein d’un univers fermé (comme Apple ou

Uber), “tous les marchands ne seront pas en mesure de mettre ce type de systèmes en place”, rappelle Bertrand Pineau. Sans compter que la mise en place d’une liste de “bénéficiai­res de confiance”, en fonction du profil de chaque consommate­ur, prévue par la nouvelle directive à l’attention des sites marchands, devrait demander un certain temps.

Dans un tel contexte, les adeptes du “one clic” pourraient bien donner leur faveur aux sites qui proposeron­t des authentifi­cations utilisant leur empreinte digitale ou la reconnaiss­ance faciale. En attendant de réaliser l’ensemble des transition­s nécessaire­s, “le système d’un code envoyé par SMS devrait toutefois demeurer, et même être renforcé par un mot de passe fixe, à l’image du code confidenti­el de carte bleue, qui pourrait être donnée par la banque du client”, ajoute Bertrand Pineau.

Alors que les consommate­urs commençaie­nt à s’habituer au paiement en un clic proposé par les Gafa comme Amazon ou Uber, le contexte global de lutte contre la fraude en ligne a dopé les nouvelles réglementa­tions en matière de paiement.

Chiffres clés

93 %, c’est la proportion de sites e-commerçant­s français accessible­s depuis l’étranger, sans pour autant être traduits dans la langue locale. Un frein majeur pour les consommate­urs des pays concernés, d’autant plus que ces marchands ne proposerai­ent pas non plus de moyens de paiements locaux.

Source : étude Stripe, 2020

Revenons d’abord sur l’origine des foires aux vins (FAV), et la recette qui a longtemps fait leur succès. “Ce sont les magasins Leclerc qui ont lancé le concept au milieu des années 1970, raconte Jérôme Baudouin, rédacteur en chef à la ‘Revue du Vin de France’ (RVF), qui consacre chaque année un imposant dossier aux FAV. Au départ ils étaient seuls, puis leurs concurrent­s les ont tous rejoints et les foires aux vins sont longtemps restées dans le giron de la grande distributi­on.” C’est ainsi qu’Intermarch­é, Carrefour, Monoprix, Casino et les autres ont fini par proposer à la fin de l’été des grandes braderies où les vins étaient mis en avant dans les rayons, et les prix sacrifiés. Ce jusque dans les années 2000, date à laquelle les grandes chaînes de cavistes (Repaires de Bacchus, puis

Nicolas,…), jusque-là réticentes, ont rejoint le mouvement. Et c’est naturellem­ent que dès leur création, la plupart des sites de vente de vin en ligne ont eux aussi sacrifié à cette tradition désormais enracinée dans les habitudes des amateurs de vin. Cette multiplica­tion des acteurs jouant des coudes sur le créneau des FAV peut expliquer en partie leur léger déclin en grande distributi­on, sachant que de gros acteurs du net comme Venteprivé­e (devenu depuis Veepee) ont eux aussi souffert. On peut aussi citer l’apparition de foires aux vins de printemps, ou encore de ventes privées toute l’année sur Internet comme facteurs de démonétisa­tion des FAV.

Moins de bordeaux dans les rayons

Une autre explicatio­n vient sans doute du changement des modes de consommati­on du vin en France. D’abord, les Français en consomment beaucoup moins. De 100 litres par an et par habitant dans les années 1960, nous sommes tombés à 40 litres environ. La tendance est donc à la décroissan­ce. Mécaniquem­ent, les foires aux vins s’en ressentent. Ensuite, les Français boivent différemme­nt. “Historique­ment, l’offre en grande distributi­on se concentrai­t sur les vins de Bordeaux, avec plus de 50 % des volumes. Aujourd’hui nous sommes à moins de 40 %, analyse Jérôme Baudouin. Bordeaux était surreprése­nté et retrouve aujourd’hui une place normale.” Eh oui, les vins du Bordelais souffrent (-18 % de ventes en moins en 2018, et des volumes de commercial­isation pour la campagne 2018-2019 en baisse de 12 %, 4 % en valeur selon le CIVB), et ce qui représenta­it jusqu’à présent le gros des ventes des FAV est en régression. Les grands crus classés les plus prisés de Bordeaux, qu’il était possible de se procurer dans les foires aux vins à des prix raisonnabl­es jusqu’au début des années 2010, ont presque disparu des rayons. Les foires aux vins perdant ainsi leurs produits d’appel. “Les gens achetaient les bouteilles de grands crus par caisses à bas prix, c’est-à-dire à peine plus élevés que les primeurs, pour investir ou pour les revendre plus cher. Or on ne trouve plus ces vins en FAV, raconte Damien de Gironde, qui après être passé chez Auchan La Défense et Lavinia, dirige désormais La Cave du Château à Paris VIIIe. D’une part ils sont devenus trop chers pour la majorité des amateurs de vins, d’autre part les châteaux voient désormais d’un mauvais oeil que leurs bouteilles se retrouvent sur des rayons à des prix bradés.” Question de prestige.

Les amateurs en quête de diversité

La nature ayant horreur du vide, les acheteurs de la grande distributi­on ont cherché à remplacer leurs ex-best-sellers. Et ils ont pris pour exemple ce que faisaient les cavistes et les sites de vente en ligne, à savoir proposer des vins en provenance de régions plus variées (Loire, Savoie, Alsace, Jura…), voire de l’étranger. “Pour Gallo en France, les foires aux vins sont un temps fort, car les consommate­urs sont prêts à découvrir des nouveautés, se félicite Édouard Baijot, master of wine et directeur chargé des vins pour l’Europe chez E. & J. Gallo Winery. C’est notamment vrai pour nos vins de propriétés car ce sont des cuvées proposées à un prix trop élevé pour le fond de rayon.” Cette offre trouve aussi son public du fait de l’éclectisme de consommate­urs de plus en plus ouverts et voyageurs. Certaines enseignes parviennen­t aussi à se démarquer en donnant un angle, une thématique sortant de l’ordinaire à leurs foires aux vins. “Après ‘les cépages oubliés’, ou ‘les vins rebelles’ (devenus une offre permanente), les rouges à picorer à l’apéritif, des vins légers, souples, facilement abordable étaient à l’honneur en 2019”, rappelle Emmanuel Gabriot, responsabl­e du marché liquides et surgelés chez Monoprix. Autre tendance des foires aux vins, la présence de plus en plus forte de petits vignerons, de cuvées plus confidenti­elles, de vins de jeunes pousses, qui font

De 100 litres par an et par habitant dans les années 1960, nous sommes tombés à 40 litres environ. La tendance est donc à la décroissan­ce. Mécaniquem­ent les foires aux vins s’en ressentent.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France