Le Nouvel Économiste

Quand Eole sort de terre

Trois gares du prolongeme­nt de la ligne E du RER sont en cours de constructi­on. Pointd’étape.

- PAR FABIEN HUMBERT

Le spectre de la Covid 19 n’en finit plus de planer sur les Jeux de Paris 2024. La pandémie a d’abord obligé les parties prenantes à mettre sur pause les travaux d’infrastruc­tures qui étaient déjà en cours pendant le confinemen­t. Si ceux- ci ont bien repris depuis, l’épidémie aussi. Les organisate­urs enchaînent donc les réunions afin d’adapter le projet à la nouvelle donne sanitaire et économique.

Et la conclusion de ces réflexions, c’est qu’il va falloir dès à présent réduire la voilure. Ils anticipent le fait qu’ils devront dans les 4 années à venir gérer des surcoûts sur certains postes, et cherchent à dégager 10 % d’économies, soit environ 400 millions d’euros, sur un budget global de 3,8 milliards d’euros.

Plusieurs pistes ont d’ores et déjà été identifiée­s : revoir la carte des sites qui accueiller­ont des compétitio­ns, faire évoluer les services proposés pendant les Jeux (transports, restaurati­on, conditions d’accès…) et repenser les sites hors compétitio­n. Un exemple : “pendant les JO, des dizaines de flottes de bus sont normalemen­t affrétées pour transporte­r les athlètes, les médias, la famille olympique, les VIP, le public…, explique- t- on du côté de Paris 2024. Elles font les mêmes trajets et sont souvent sous- occupées. L’idée serait donc de les mutualiser et de faire cohabiter les différente­s population­s, à part les athlètes qui seront sanctuaris­és. Il y a des dizaines de millions d’euros à économiser.”

Stade nautique et volley enlevés à la Seine-Saint-Denis ?

Mais c’est surtout la réflexion autour des sites qui serait génératric­e d’économies et qui cristallis­e aussi les polémiques. Les organisate­urs tentent donc d’identifier ceux qui ont un coût important et qui ne laissent pas d’héritage postjeux, afin d’en annuler la constructi­on et de faire basculer les épreuves qui devaient s’y tenir vers d’autres sites. Deux structures sont déjà sur la sellette. D’abord le stade nautique de Saint- Denis, à ne pas confondre avec le centre aquatique olympique qui verra bien jour en face du Stade de France et qui sera pérenne. “Le stade nautique doit être construit pour une semaine seulement et coûterait 90 millions d’euros car il faut faire sortir de terre un grand bassin avec 15 000 à 20 000 places en tribune autour”, rapportent les organisate­urs, qui réfléchiss­ent à transférer les épreuves qui doivent s’y tenir à la Paris- La- Défense Arena. Autre site en balance : la salle qui devait accueillir les épreuves de volley au Bourget, un équipement provisoire pour 15 jours de durée de vie dont le coût est estimé à 35 millions d’euros, et dont les épreuves pourraient avoir lieu ailleurs. Un souci d’économie louable, si ce n’est que ces deux installati­ons sont situées en SeineSaint-Denis. Un détail qui n’a pas échappé aux élus locaux, le président Stéphane Troussel en tête, lesquels se sont émus dans les médias d’une perte sèche pour le départemen­t.

Jeu de domino

Les organisate­urs de Paris 2024 semblent avoir reçu le message 5 sur 5 et se montrent conciliant­s. D’abord, ils font savoir qu’aucune décision définitive a été prise car il faut d’abord négocier avec toutes les parties prenantes (les collectivi­tés concernées, les opérateurs de sites, les fédération­s et le CIO), avant que l’arbitrage final ne soit rendu en conseil d’administra­tion, le 17 décembre prochain. Ensuite, ils réfléchiss­ent à rapatrier en Seine- Saint- Denis certains sports pour garantir au départemen­t un programme équivalent : l’escalade, qui laisserait un mur en héritage aux population­s de Seine- SaintDenis, et le rugby à 7 qui pourrait se jouer au Stade de France.

Les organisate­urs anticipent le fait qu’ils devront dans les quatre années à venir gérer des surcoûts sur certains postes, et cherchent à dégager environ 400 millions d’euros d’économies sur un budget global de 3,8 milliards d’euros

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Certains sports pourraient être rapatriés en Seine-Saint-Denis pour garantir au départemen­t un programme équivalent au projet initial.

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