“Emploi et handicaps”, un modèle à réinventer
Le modèle risque bientôt d’aboutir à une “impasse financière”
400 pages consacrées à la thématique “emploi et handicaps”. Le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) rendu public fin juillet 2020 dévoile la place de ce sujet dans les politiques publiques depuis plus de 40 ans. Ses principales conclusions ? Les “dispositifs protecteurs s’essoufflent”, notamment pour l’obligation légale de 6 %, “non satisfaite”. Trente ans après son adoption, entre 2009 et 2017, le taux d’emploi est passé de 2,7 % à 3,5 % dans le secteur privé et de 4,4 % à 5,5 % dans le public. “Ces résultats paradoxaux et décevants interrogent sur l’efficacité des dispositifs existants”, note ses auteurs. En cause, “une complexité administrative poussée à l’extrême” liée à “l’empilement des mesures, la multiplication des intervenants, le souci de s’ouvrir à des approches nouvelles sans supprimer les dispositifs existants”. En prime, le modèle risque bientôt d’aboutir à une “impasse financière” : les entreprises jouant mieux le jeu de l’obligation d’emploi, cela se traduit mécaniquement par une diminution des montants collectés auprès d’elles. D’où la nécessité de trouver de nouvelles sources de financement.
S’appuyant sur plus de 2 200 entretiens, témoignages et histoires de vies recueillis dans 36 départements, le rapport est sans appel. L’organisme incite les pouvoirs publics à “rénover” ce modèle français “fissuré et en décalage avec les attentes et les besoins” : “Le décalage se creuse, avec un cadre légal et des modalités d’intervention mis en place il y a plusieurs décennies et un changement des formes du handicap et des aspirations des personnes concernées”. Autre piste, refonder le modèle français en s’inspirant de la Suède, où il n’y a pas de quota mais des incitations financières et un environnement de travail aménagé pour tous selon le principe “d’accessibilité universelle” et un “financement basé sur la solidarité nationale”. Enfin, troisième scénario, le “recentrage” avec des “dispositifs plus ciblés” et concentrés sur les situations de handicap les plus problématiques, selon le type d’approche en vigueur en Allemagne.