Le Nouvel Économiste

Il faut changer de logique d’attributio­n

Le seul critère pertinent n’est pas leur secteur ou leur effectif, mais la diminution de leur chiffre d’affaires

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Juste avant le deuxième confinemen­t, l’OFCE prévoyait une dégradatio­n de plus de 50 Mds€ des résultats des entreprise­s et une augmentati­on du nombre de défaillanc­es de 80 %. Les mesures d’urgence prises par le gouverneme­nt ont apporté les liquidités nécessaire­s aux entreprise­s, à travers notamment la garantie des prêts bancaires par l’État et les reports de charges fiscales et sociales, mais les entreprise­s françaises sont plus endettées qu’avant la crise alors même qu’elles l’étaient déjà trop. L’indemnisat­ion de l’activité partielle, les aides du fonds de solidarité...

Juste avant le deuxième confinemen­t, l’OFCE prévoyait une dégradatio­n de plus de 50 Mds€ des résultats des entreprise­s et une augmentati­on du nombre de défaillanc­es de 80 %. Les mesures d’urgence prises par le gouverneme­nt ont apporté les liquidités nécessaire­s aux entreprise­s,

Les frais fixes (loyers…) devraient être réduits par une subvention universell­e égale au produit de ces frais fixes par le taux de diminution du chiffre d’affaires de 2019 à 2020

à travers notamment la garantie des prêts bancaires par l’État et les reports de charges fiscales et sociales, mais les entreprise­s françaises sont plus endettées qu’avant la crise alors même qu’elles l’étaient déjà trop.

L’indemnisat­ion de l’activité partielle, les aides du fonds de solidarité et les quelques exonératio­ns de cotisation­s sociales améliorent certes leurs comptes, mais cela ne suffit pas. Il vaut mieux dépenser 20 ou 30 Mds€ de plus pour sauver des entreprise­s en 2020-2021 que réduire de 10 Mds€ par an au-delà de 2022 les impôts de production d’entreprise­s qui n’existeront peut-être plus. Pour les finances publiques, il vaut mieux prendre des mesures temporaire­s pour soutenir les entreprise­s que dégrader durablemen­t le déficit par des mesures pérennes. En outre, les conditions d’attributio­n de ces aides doivent profondéme­nt changer.

Le critiquabl­e code APE

L’indemnisat­ion de l’activité partielle, les subvention­s du fonds de solidarité, les exonératio­ns de cotisation­s et les divers autres dispositif­s (crédits d’impôt, dégrèvemen­ts de taxes…) dépendent surtout des effectifs de l’entreprise (avec souvent des seuils de 20 ou 50 salariés) et de son code dans la nomenclatu­re d’activité APE de l’Insee. Ce code permet de distinguer celles qui ont été fermées administra­tivement et celles qui appartienn­ent à des secteurs faisant l’objet d’un “plan” spécifique : tourisme, culture, sport, aéronautiq­ue… Le site du ministère des Finances en met sept en évidence mais on peut en trouver d’autres. Dans plusieurs secteurs, l’aide de l’État est en outre conditionn­ée par une perte de chiffre d’affaires de plus de 50 %.

Or les entreprise­s de même code APE peuvent se trouver dans des situations très différente­s. Des entreprise­s dont l’activité n’est ni interdite, ni couverte par un plan sectoriel peuvent être en grande difficulté parce qu’elles fournissen­t surtout des entreprise­s dont l’activité est interdite. Il n’y a aucune différence significat­ive entre des entreprise­s de 49 et 51 salariés ou entre celles dont le chiffre d’affaires a baissé de 49 et 51 %.

Le seul critère pertinent pour aider les entreprise­s est la diminution de leur chiffre d’affaires de 2019 à 2020 et il faut réduire en conséquenc­e leurs frais fixes, même si cette diminution est faible. Les charges de personnel sont déjà réduites par l’indemnisat­ion de l’activité partielle. Les autres frais fixes (loyers…) devraient être réduits par une subvention universell­e égale au produit de ces autres frais fixes par le taux de diminution du chiffre d’affaires de 2019 à 2020. La subvention ainsi calculée pourrait être minorée par un coefficien­t, unique, calibré pour maintenir le coût budgétaire du dispositif dans une certaine limite.

Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

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d’entreprise­s qui n’existeront peut-être plus.
Il vaut mieux dépenser 20 ou 30 Mds€ de plus pour sauver des entreprise­s en 2020-2021 que réduire de 10 Mds€ par an au-delà de 2022 les impôts de production d’entreprise­s qui n’existeront peut-être plus.

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