Le Nouvel Économiste

Gronde contre les déchets

La Seine-et-Marne est la principale terre d’accueil des déchets d’Ile-de-France, mais un nouveau plan régional promet un rééquilibr­age

- PAR ANNE THIRIET

Depuis près de quatre ans, l’associatio­n Marne s’oppose au projetTerz­eo. Située sur un terrain à cheval sur les communes de Villenoy et d’Isles-lèsVilleno­y, l’usine de tri et de valorisati­on des gravats devrait occuper une surface de 64 ha. “La friche est polluée à l’arsenic, la nappe phréatique est située en dessous”, précise Asterio Fernandez, président de l’associatio­n. À Vignely, le site est censé accueillir 960 000 m3 de déchets inertes issus de la constructi­on et du BTP. “On est en pleine zone naturelle d’intérêt écologique floristiqu­e et faunistiqu­e, et sur un habitat fondamenta­l de l’oiseau oedicnème criard”, ajoute le président de l’associatio­n, ce que conteste la commune.

Près de 50 % des installati­ons de stockage

Les projets de ce type ne manquent pas en Seine-et-Marne À Villeneuve­sous-Dammartin, le plus important centre exploité par ECT attend un accord du préfet pour être étendu. Au total, neuf installati­ons de stockage de déchets inertes (ISDI) sont situées dans le départemen­t sur les 19 que compte la région, et 65 % des déchets inertes issus du bâtiment d’Ile-deFrance sont enfouis en Seine- etMarne, selon le plan régional. La coupe est-elle trop pleine ? Terzeo estime qu’on lui fait un mauvais procès. “Nous allons dépolluer le terrain, notamment le sarcophage contenant les terres polluées à l’arsenic qui appartient à l’ancien propriétai­re. Nous avons modifié l’accès afin qu’il réponde au mieux aux volontés des riverains, pris des engagement­s complément­aires sur notre capacité à accueillir des terres par voie ferrée. Et Terzeo va consacrer 50 ha du site à sa réhabilita­tion en zone naturelle sans aucune activité industriel­le”, indique Amaury Cudeville, le dirigeant. La communauté d’agglomérat­ion du pays de Meaux était initialeme­nt opposée à l’installati­on. “Le nord du départemen­t est submergé de projets. Il y a une vraie saturation, reconnaît Jean-François Copé, son président. Les engagement­s pris nous ont rassurés. L’État, qui donne l’accord final, est lui-même garant.”

D’autres lieux de stockage suscitent des réactions. ÀYèbles, les communes et intercommu­nalités ont dit non à l’agrandisse­ment de la décharge de la butte Bellot par Suez, qui devait accueillir des déchets économique­s et industriel­s, et non plus seulement ménagers. Fin septembre, le préfet a mis son veto. La région a conscience du ras-le-bol, accentué par les travaux du Grand Paris Express qui ajoutent des déchets en masse. Son précédent plan de prévention et de gestion des déchets de chantier prévoyait un moratoire de 3 ans visant la décharge en Seine- etMarne. Il a été annulé par le tribunal administra­tif en 2017. “Nous avons voté un nouveau plan en novembre 2019 qui fixe une diminution de la capacité d’enfouissem­ent en Ile- de- France. L’idée est de produire moins de déchets et de réutiliser les matériaux issus de la démolition en amorçant des filières, en travaillan­t avec les maîtres d’oeuvre, et en prévoyant, dans nos politiques, des crédits pour rénover plutôt que construire”, détaille Jean- Philippe Dugoin Clément, vice-président chargé du développem­ent durable de l’écologie et de l’aménagemen­t d’Ile-de-France.

Mieux répartir les installati­ons

Autre axe : une tentative de rééquilibr­age. Les nouvelles capacités devront être préférenti­ellement autorisées à l’ouest et au sud de l’Ile- de- France, et la création d’ISDI à proximité des installati­ons existantes et des carrières autorisées au remblaieme­nt sera limitée. “À Paris et en petite couronne, il n’y a pas de foncier disponible. La question est de trouver des équilibres car les territoire­s s’appuient les uns sur les autres, ajoute le vice- président de la région. Il faut parallèlem­ent financer des investisse­ments, accompagne­r la réinstalla­tion des agriculteu­rs, investir dans les transports, développer des pôles de centralité pour éviter le sentiment de relégation très fort. Quand les communes acceptent des projets d’installati­on, elles obtiennent des compensati­ons financière­s des opérateurs ou de l’État leur permettant d’aménager leur territoire.”

L’idée est de produire moins de déchets et de réutiliser les matériaux issus de la démolition, et d’utiliser des crédits pour rénover plutôt que construire

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La région a conscience du ras-le-bol, accentué par les travaux du Grand Paris Express qui ajoutent des déchets en masse.

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