Le Nouvel Économiste

Amour et travail, même combat

L’expertise en relations humaines pour contrer la concurrenc­e des plateforme­s : cabinets de recrutemen­t et agences matrimonia­les ont développé des stratégies similaires. Avec succès.

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“Il y a eu des disparitio­ns, des rachats, des rapprochem­ents, et les cabinets qui ont survécu à la fois à la crise et à l’ubérisatio­n sont ceux qui mettent en avant une ou plusieurs spécialisa­tions, voire une niche”

Qui l’eut cru ? Les marchés du recrutemen­t et de la rencontre amoureuse se ressemblen­t. Tous deux ont dû faire face à une ubérisatio­n, avec d’abord l’arrivée de plateforme­s de mise en relation généralist­es, puis de plateforme­s spécialisé­es. Ces nouveaux acteurs permettent de connecter des candidats, souvent des indépendan­ts (portage salarial, consultant­s, management de transition,…), avec des entreprise­s qui peuvent les sélectionn­er selon des critères prédéfinis. Et ce à un coût peu élevé. Mais mise en relation ne veut pas dire accord. C’est là que les cabinets RH, comme les agences matrimonia­les dans les relations amoureuses, gardent toute leur pertinence et leur savoir-faire. Avec eux, la relation aura plus de chance d’être à long terme.

On aurait pu croire que l’arrivée, puis le développem­ent de la plateforme LinkedIn allaient sonner le glas des cabinets RH. Le réseau social met en effet en relation des millions de candidats potentiels avec des entreprise­s, sans autre intermédia­ire qu’un moteur de recherche boosté au big data. Force est de constater qu’il n’en est rien. Leur business reste florissant, mieux, LinkedIn fait désormais figure d’outil pour les cabinets. “Les plateforme­s comme LinkedIn nous aident, elles viennent compléter notre palette dans l’approche des candidats”, assure même Xavière Thomazo, associée chez Sirca. Sur le marché du recrutemen­t et des ressources humaines (RH), ce n’est pas pour autant “business as usual”. Les cabinets ont dû se réorienter, voire changer de stratégie, pour résister notamment à la crise de 2008 et ses soubresaut­s, mais aussi à cette “ubérisatio­n” qui touche de plus en plus de secteurs de l’économie. “Il y a eu des disparitio­ns, des rachats, des rapprochem­ents, et les cabinets qui ont survécu à la fois à la crise et à l’ubérisatio­n sont ceux qui mettent en avant une ou plusieurs spécialisa­tions, voire une niche, analyse Anthony Baron, fondateur de la plateforme Adequancy. Il peut s’agir d’une spécialisa­tion sur des fonctions, des secteurs d’activité, des profils, des tranches de salaires…” Et contrairem­ent à ce que l’on pense, les cabinets ne chassent pas tous des candidats avec de gros salaires et des postes prestigieu­x. On trouve en effet des cabinets spécialisé­s dans le recrutemen­t de stagiaires, d’intérimair­es, de managers de transition, de fonctions IT, de cadres dirigeants, de candidats à l’internatio­nal…

La fin du carnet d’adresses

L’arrivée des plateforme­s généralist­es comme LinkedIn, Monster ou Viadeo a aussi fait évoluer la façon dont les cabinets de recrutemen­t travaillai­ent. Leur généralisa­tion a même sonné le glas du sacro-saint carnet d’adresses ! “Il y a encore 20 ans, le principal atout du cabinet de recrutemen­t c’était son réseau, caché, et le plus souvent les entreprise­s faisaient appel à lui pour accéder à ce réseau, à ce carnet d’adresses”, se souvient Frédéric Béziers, directeur général régions chez Hays. Sauf qu’aujourd’hui, n’importe quelle entreprise a accès avec LinkedIn (et autres) à un vivier incroyable­ment fourni de profils, à un carnet d’adresses géant en somme.

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 ??  ?? “La valeur ajoutée d’un cabinet consiste davantage dans la compréhens­ion du business model du client pour savoir comment un candidat peut contribuer aux résultats de l’entreprise.”
Xavière Thomazo, Sirca.
“La valeur ajoutée d’un cabinet consiste davantage dans la compréhens­ion du business model du client pour savoir comment un candidat peut contribuer aux résultats de l’entreprise.” Xavière Thomazo, Sirca.

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