Le Nouvel Économiste

Une nouvelle génération de satellites miniatures

Le nano-satellite conçu par le laboratoir­e Latmos rejoindra l’espace à la fin de l’année. Le premier d’une longue série ?

- F. H.

Les Yvelines abritent un centre spatial, et le premier satellite entièremen­t conçu à l’Université de Versailles- Saint- Quentin- enYvelines ( UVSQ) va rejoindre le firmament en cette fin d’année. Cette double assertion en surprendra plus d’un… et pourtant, ce nano-satellite cubique existe bien. Il répond au sobriquet d’UVSQSAT, fait seulement 1,6 kg et mesure 10 centimètre­s de haut. Il aura pour tâche d’observer le rayonnemen­t terrestre et solaire dont les déséquilib­res sont responsabl­es du réchauffem­ent climatique. “Il sera envoyé en ‘piggyback’, ou voyageur supplément­aire, (...)

Ce modèle alliant intérêt scientifiq­ue et intérêt économique pourrait bien faire souche dans les Yvelines

(...) avec des dizaines d’autres satellites miniatures logés dans un pod, explique Philippe Keckhut, viceprésid­ent de l’UVSQ. Grâce à ce système, le coût d’un lancement est de l’ordre de 100 000 euros seulement.” L’objectif à terme est qu’une “constellat­ion” de ces nano- satellites parcoure l’espace en quête de données d’observatio­n.

Un financemen­t original

Autre originalit­é de ce projet, l’intégralit­é de son processus de fabricatio­n s’est faite sous la supervisio­n de Mustapha Meftah, le responsabl­e scientifiq­ue au Latmos (laboratoir­e de recherche UVSQ/CNRS/Sorbonne Université/Cnes), là où d’habitude, ce sont les agences spatiales qui gèrent les interfaces, les tests, les questions juridiques, le financemen­t… “Nous nous sommes occupés de tous ces aspects et nous maîtrisons l’ensemble de la chaîne, se félicite Philippe Keckhut. Nous avons mis en place un centre de commande et de réception de données qui pourra être utilisé pour les prochaines missions.” Le financemen­t de ce projet original (environ 2,5 millions d’euros au global) sort lui aussi des sentiers battus. Il a bénéficié de fonds en provenance de l’université, de sa fondation, de l’agrégation de plusieurs projets de R& D, et de l’apport décisif de plusieurs partenaire­s – et notamment des entreprise­s privées qui souhaitent tester des technologi­es en milieu spatial : Carta Rouxel à Gargenvill­e pour le capteur santé, ACRI-ST à Guyancourt concernant l’approche deep learning, et Nanovation à Châteaufor­t pour les capteurs, sous l’égide de l’ANR ( Agence nationale de la recherche).

Vers une filière spatiale

Ce modèle alliant intérêt scientifiq­ue et intérêt économique pourrait bien faire souche dans les Yvelines. “Nous souhaitons le développer car nous aurions besoin de lancer des dizaines de satellites afin d’étudier plus précisémen­t et plus régulièrem­ent certains phénomènes associés aux changement­s climatique­s, par exemple l’impact des feux de forêt” , explique Philippe Keckhut. Actuelleme­nt, le taux de revisite d’un satellite au- dessus d’un même point est de 10 jours, ce qui est insuffisan­t pour des relevés précis. Un plus grand nombre de nano-satellites dans le ciel permettrai­t ainsi de rapprocher les observatio­ns. De quoi faire naître des constellat­ions de nano- satellites nés dans les Yvelines dans le ciel, et une filière spatiale sur son territoire alliant formation, recherche et industrie.

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L’intégralit­é de son processus de fabricatio­n s’est faite sous la supervisio­n de Mustapha Meftah, le responsabl­e scientifiq­ue au Latmos, là où d’habitude, ce sont les agences spatiales qui gèrent les interfaces, les tests, les questions juridiques, le financemen­t…

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