La jeunesse en portage salarial
Un remède aux difficultés des jeunes sur le marché du travail ?
“Les indépendants sont aujourd’hui mis sur un piédestal et très recherchés ; les entreprises sont prêtes à investir dans le cadre de projets à durée définie et non sur du long terme”
Salariés pas encore prêts à se lancer dans le travail indépendant sans filet de sécurité, jeunes actifs en recherche d’expérience, la formule presque magique se trouverait-elle dans le portage salarial ? Elle leur assure une autonomie dans la gestion de leur activité, mais également de leur emploi du temps. Tout en compensant la précarité du statut d’indépendant puisqu’elle assure au porté, qui cotise à la fois au chômage, à la sécurité sociale et aux régimes de retraite, une protection sociale solide.
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Le portage salarial est un statut hybride entre la création d’entreprise et le salariat”, entame Lydie Roussel, présidente de Portage & Vous. “Il joint le meilleur des deux mondes”, abonde Prince Moukoumbouka, directeur de Cegelem, qui comptait 400 salariés portés en 2019. À l’heure de l’ubérisation de la société et de la libéralisation du travail, les jeunes militent pour plus d’indépendance et d’autonomie. “Ils ont de plus en plus la volonté de travailler autrement, sans vouloir nécessairement entrer dans un moule préétabli et être pieds et poings liés avec un employeur”, confirme Hubert Camus, DG du groupe Provisia qui chapeaute notamment ABC Portage avec 6 000 portés. Le portage salarial leur permet de trouver l’équilibre entre vies privée et professionnelle, d’organiser leur activité comme ils l’entendent le tout dans un cadre sécurisant. Un moyen de rassurer ceux qui souhaitent être indépendants mais qui hésiteraient à se lancer.
Souplesse pour tous
Grâce aux sociétés de portage qui gèrent les contrats – rédaction, facturation et paie –, les portés sont libérés des contraintes administratives. Le coût du portage salarial – environ 10 % du montant de la facturation de la mission, avec une possibilité de dégression en fonction du volume d’affaires généré – englobe ces frais de gestion. “Les portés peuvent ainsi s’affranchir de la création d’une entreprise et de ses aspects chronophages en se consacrant exclusivement à leur activité”, note Prince Moukoumbouka.
Outre le fait de faire disparaître le frein administratif, le portage répond à différentes problématiques des jeunes entrepreneurs. Il permet notamment de bénéficier de la sécurité d’un contrat de travail et de cotiser à l’assurance chômage et aux régimes généraux de la sécurité sociale et de retraite. Des préoccupations d’autant plus importantes que les jeunes sont souvent moins aguerris sur les sujets administratifs, tout en “ayant pris conscience de l’avenir et en étant plus sensibles et éclairés sur les questions du futur”, note Éric Atlani, président fondateur de Concretio. Avec le portage salarial, un salarié junior peut bénéficier d’un statut cadre dès le début de sa carrière en échange d’un revenu minimal brut total fixé à 70 % du plafond de la sécurité sociale, soit 2 399,60 euros brut au 15 mars 2020. Au-delà de la possibilité de jouir d’une grande flexibilité, le portage est “un vecteur de sérénité pour un jeune qui se lance et a envie de tester différentes choses en sécurisant la relation, avec la garantie d’être payé chaque mois à date fixe” confirme Éric Atlani. “Ils peuvent ainsi mettre le pied à l’étrier et rebondir à travers des expériences très concrètes”, ajoute Hubert Camus.
De leur côté, les entreprises ont elles aussi tout intérêt à recourir au portage salarial. D’abord parce qu’en ces temps difficiles, elles sont plus réticentes à embaucher et qu’elles peuvent ainsi externaliser des prestations. “Elles ne disposent pas d’une assez bonne visibilité sur le long terme”, justifie Prince Moukoumbouka. Cette absence de visibilité freine leurs projets et le portage salarial permet d’avoir la ressource à l’instant T et de tester des personnes sur un temps déterminé. Pendant les crises, la flexibilité est un élément clé qui permet de faire entrer et sortir facilement une ressource. “Les entreprises communiquent différemment aujourd’hui et bon nombre d’offres d’emploi sont sous forme de mission”, témoigne Lydie Roussel. Nul doute qu’en ces temps difficiles, les indépendants ont la cote. “L’évolution du marché du travail est plus que jamais en route. Les indépendants sont aujourd’hui mis sur un piédestal et très recherchés ;