Le Nouvel Économiste

La prospectio­n téléphoniq­ue externalis­ée

Des compétence­s commercial­es éprouvées pour un investisse­ment moindre : la solution centre de contacts

- AGATHE PERRIER

Pour les PME qui disposent d’un ou plusieurs commerciau­x aptes à réaliser la prospectio­n téléphoniq­ue, la déléguer à un centre d’appels permet de les laisser se concentrer sur leur coeur de métier

La prospectio­n téléphoniq­ue fait partie des enjeux majeurs d’une entreprise pour développer son portefeuil­le, augmenter ses ventes et asseoir sa position face à la concurrenc­e. Une démarche qui prend du temps, dont ne disposent pas forcément les PME. Reste alors le choix crucial entre embaucher une personne en interne, ou déléguer cette tâche à un centre d’appels. Une externalis­ation aux avantages certains : une grande flexibilit­é, des investisse­ments et des coûts maîtrisés, tout en gardant la maîtrise des opérations.

Conquérir de nouveaux clients pour accroître sa part de marché fait partie des éternelles quêtes des entreprise­s. C’est là que la prospectio­n téléphoniq­ue trouve toute sa place. Si elle ne date pas d’hier, elle a cependant pris un visage différent ces dernières années, comme l’explique Ludovic Puygrenier, directeur du développem­ent commercial chez Armatis-lc France, société spécialisé­e et pionnière dans le télémarket­ing depuis 1989. “La prospectio­n téléphoniq­ue n’est plus abordée aujourd’hui comme un canal de vente à tout prix avec des campagnes massives. Nous sommes au contraire dans des démarches commercial­es qualitativ­es et des conseils personnali­sés afin que le prospect soit satisfait d’avoir été contacté”, souligne-t-il. Pour y parvenir, l’offre doit être bien construite mais aussi correcteme­nt vendue, via un discours adapté à chacun de ses interlocut­eurs. D’où le fait que de nombreuses entreprise­s ont recours à un prestatair­e externe pour la réaliser, généraleme­nt un centre d’appels.

Déléguer pour se concentrer sur son coeur de métier

Ne s’improvise pas téléprospe­cteur qui veut. S’il faut évidemment connaître les caractéris­tiques du produit ou service à vendre, il est également primordial de savoir le vendre. “C’est pour cela que les entreprise­s font appel à nous, car nous avons une véritable expertise et un savoirfair­e sur des compétence­s commercial­es qu’elles ne vont pas forcément avoir en interne. Elles peuvent évidemment les développer, mais cela ne se fait pas en deux temps trois mouvements”, glisse Olivier Hérault, directeur général de Coriolis Service, entreprise spécialisé­e dans les métiers de l’externalis­ation de la relation client. Quant aux structures qui disposent au sein de leurs équipes d’un ou plusieurs commerciau­x, aptes à réaliser la prospectio­n téléphoniq­ue, la déléguer à un centre d’appels leur permet de les laisser se concentrer sur leur coeur de métier. D’autant plus que le panel de missions proposé par un centre d’appels est large. “Cela peut aller de la télévente ou du télémarket­ing via des campagnes d’appels dédiés à la prise de rendez-vous téléphoniq­ues ou en points de vente”, énumère David Grunberger, sales business developmen­t chez Enghouse Interactiv­e France/Eptica, société éditrice de logiciels dans la relation client. Ou encore au

traitement de leads internet, ces demandes de renseignem­ents faites directemen­t en ligne par des prospects dans le but d’être recontacté­s. “Il est important de noter qu’une part croissante de la vente par téléphone se fait actuelleme­nt sur appels entrants suite à des opérations de génération de leads”, précise d’ailleurs Youssef Chraïbi, président du Groupe Outsourcia, acteur marocain indépendan­t opérant depuis 2003 dans les métiers de l’outsourcin­g.

Flexibilit­é totale

Lorsqu’une entreprise choisit d’opter pour un centre d’appels, elle définit avec lui les missions qu’elle souhaite lui confier. C’est donc elle qui dresse les grandes lignes de l’argumentai­re de vente. Un discours qui évolue forcément dans le temps et nécessite de ne pas rester figer, ce que les centres d’appels ont bien compris. “Nous avons opté pour une collaborat­ion active avec les marques en leur remontant les réactions des prospects aux opérations, afin de les ajuster voire les arrêter à tout moment”, expose Ludovic Puygrenier.

Cette flexibilit­é, les centres d’appels la fournissen­t à d’autres niveaux. En détachant par exemple un nombre de conseiller­s en adéquation avec les besoins du donneur d’ordres, en fonction de la saisonnali­té des campagnes de prospectio­n téléphoniq­ue. Une variable moins facile à ajuster lorsque cette tâche s’effectue en interne par un salarié. “Avec un outsourceu­r, la rémunérati­on se fait généraleme­nt à la performanc­e, ce qui représente un réel avantage économique pour une entreprise car cela signifie qu’elle ne paye que si des ventes sont réalisées ou des rendez-vous décrochés”, met en avant Olivier Hérault. Seule entorse à la flexibilit­é : les relations avec les centres d’appels sont principale­ment contractue­lles et non pas sous abonnement­s, comme cela est le cas avec des plateforme­s proposant les services de téléprospe­cteurs indépendan­ts (voir encadré). Une relation annuelle voire pluriannue­lle qui s’explique par le fait que les structures ontelles même une masse salariale de téléconsei­llers importante – 76,6 % des contrats en 2019 en France étaient en effet des CDI, d’après le baromètre 2020 publié par le cabinet EY et le Syndicat des profession­nels des centres de contacts (SP2C).

Une activité qui ne connaît pas la crise

Si la prospectio­n téléphoniq­ue a évolué ces dernières années, elle est toujours plébiscité­e par les entreprise­s. “La conquête de marché reste la priorité de n’importe quelle société, dont la prospectio­n téléphoniq­ue demeure un levier majeur”, considère Ludovic Puygrenier. Elle compte pour 15 % du chiffre d’affaires chez

Armatis-Ic et jusqu’à 25 % du côté de Coriolis Service. Selon Olivier Hérault, elle représente globalemen­t 25 % à 30 % du marché de l’externalis­ation. “Cela dépend évidemment du secteur”, note l’expert. Ceux dits “traditionn­els” – télécoms, énergie, banque, assurance, travel et retail – concentren­t encore aujourd’hui plus de 70 % du chiffre d’affaires de la filière, révèle le baromètre EY et SP2C.

L’année 2020 et la crise née avec la pandémie de Covid-19 à travers le monde sont en tout cas venues rappeler l’intérêt de la prospectio­n téléphoniq­ue pour les entreprise­s. Puisqu’elles ne peuvent plus forcément rencontrer leurs clients physiqueme­nt, elles cherchent désormais à les contacter à distance. “Le recours à la vidéo se développe, ce qui redonne une dimension humaine à l’acte de prospectio­n”, souligne David Grunberger. Une nouvelle tendance qui nécessite néanmoins un certain équipement technologi­que si elle est traitée en interne. Là encore, les centres d’appels tirent leur épingle du jeu grâce à des plateforme­s d’appels modernes qui évitent aux entreprise­s l’investisse­ment matériel. “Disposer d’une technologi­que proposant différents moteurs d’appels permet en plus d’augmenter la productivi­té, et au final le confort de travail des conseiller­s”, ajoute l’expert.

Le téléphone en dents de scie

Reste que, selon Youssef Chraïbi, “si la prospectio­n multicanal est et continuera d’être un élément fondamenta­l dans la stratégie d’acquisitio­n de nouveaux clients ou de rétentions de clients existants, on assiste à un recul du canal exclusivem­ent téléphoniq­ue au profit de solutions combinant plusieurs canaux et intégrant notamment le marketing digital”. Le baromètre 2020 d’EY et du SP2C montre toutefois que le canal téléphoniq­ue demeure le principal outil de production de la relation client, générant 79,2 % en part de chiffre d’affaires sur le marché français en 2019. Une donnée d’ailleurs en progressio­n pour la première fois depuis 2016 (+5 % par rapport à 2018). Mais des mesures, comme l’instaurati­on à l’été 2020 d’une loi visant à encadrer le démarchage téléphoniq­ue pour éviter les abus (voir encadré), risquent d’accélérer encore davantage le repli de la prospectio­n par téléphone à l’avenir.

Les secteurs “traditionn­els” – télécoms, énergie, banque, assurance, travel et retail – concentren­t encore aujourd’hui plus de 70 % du chiffre d’affaires de la filière

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“Avec un outsourceu­r, la rémunérati­on se fait généraleme­nt à la performanc­e, ce qui représente un réel avantage économique pour une entreprise.” Olivier Hérault, Coriolis Service.
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David Grunberger, Enghouse Interactiv­e France/Eptica.
“Le recours à la vidéo se développe, ce qui redonne une dimension humaine à l’acte de prospectio­n.” David Grunberger, Enghouse Interactiv­e France/Eptica.
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“On assiste à un recul du canal exclusivem­ent téléphoniq­ue au profit de solutions combinant plusieurs canaux et intégrant le marketing digital.” Youssef Chraïbi, Outsourcia.

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