Le Nouvel Économiste

Le capital, toujours aussi mal aimé en France

Sa détention et sa transmissi­on restent particuliè­rement taxées dans l’Hexagone

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Les économiste­s distinguen­t souvent les prélèvemen­ts obligatoir­es sur la consommati­on et sur les deux “facteurs de production” que sont le travail et le capital. La ventilatio­n des prélèvemen­ts obligatoir­es entre ces trois assiettes économique­s pose des problèmes méthodolog­iques difficiles, mais elle est opérée chaque année par la Commission européenne, qui vient de mettre en ligne les résultats de 2019. Plusieurs mesures fiscales mises en oeuvre au cours du quinquenna­t actuel, et parmi les plus contestées, ont contribué à réduire la fiscalité du capital : remplaceme­nt de l’ISF par l’IFI, baisse du taux de l’IS, prélèvemen­t forfaitair­e unique sur les revenus de placements financiers…

Les économiste­s distinguen­t souvent les prélèvemen­ts obligatoir­es sur la consommati­on et sur les deux “facteurs de production” que sont le travail et le capital. La ventilatio­n des prélèvemen­ts obligatoir­es entre ces trois assiettes économique­s pose des problèmes méthodolog­iques difficiles, mais elle est opérée chaque année par la Commission européenne, qui vient de mettre en ligne les résultats de 2019.

Plusieurs mesures fiscales mises en oeuvre au cours du quinquenna­t actuel, et parmi les plus contestées, ont contribué à réduire la fiscalité du capital : rvemplacem­ent de l’ISF par l’IFI, baisse du taux de l’IS, prélèvemen­t forfaitair­e unique sur les revenus de placements financiers… On pouvait donc s’attendre à une baisse du poids des prélèvemen­ts sur le capital en pourcentag­e du PIB en France.

Ce n’est pas ce que montrent les données publiées par la Commission européenne: les prélèvemen­ts sur le capital ont augmenté de 0,4 point de PIB en France de 2016 à 2019, surtout sous l’effet d’une hausse des impôts sur l’immobilier (+ 4,2 Mds€ pour les droits de mutation à titre onéreux [les “frais de notaires”] et + 4,0 Mds€ pour les taxes foncières) et des droits sur les succession­s et donations (+ 3,0 Mds€), alors que les prélèvemen­ts sur le capital ont été stables dans la zone euro et l’Union européenne.

Augmentati­on de l’assiette

L’assiette de ces impôts a beaucoup augmenté en France, du fait notamment de la hausse du prix des actifs financiers et immobilier­s. Mais des évolutions semblables ont eu lieu dans les autres pays européens et auraient dû avoir le même effet, à moins que les baisses d’impôts n’y aient été plus importante­s, ce qui appelle des analyses plus précises.

Les prélèvemen­ts sur le capital représenta­ient 11,0 % du PIB en France en 2019, contre une moyenne de 8,5 % dans la zone euro et de 8,4 % dans l’Union européenne (à 28). La France est passée du premier rang de l’Union européenne en 2016 au deuxième en 2019, derrière le Luxembourg (12,3 % du PIB) – qui est un cas très particulie­r car le poids des prélèvemen­ts sur le capital y reflète l’importance des activités financière­s – et loin devant l’Allemagne (6,9 %).

La France se distingue surtout par le poids des prélèvemen­ts sur la détention et la transmissi­on du capital (taxes foncières, droits de succession, ISF/IFI…). Ils représenta­ient 4,2 % du PIB en 2019 (après 4,3 % en 2016), ce qui nous situait au deuxième rang, juste derrière le Royaume-Uni (4,4 %), comme en 2016. La France était très loin de l’Allemagne (1,3 % du PIB) et loin des moyennes de la zone euro (2,5 %) et de l’Union européenne (2,7 %).

La France est passée du premier rang de l’Union européenne en 2016 au deuxième en 2019, loin devant l’Allemagne (6,9 %).

Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

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montrent les données publiées par la Commission européenne.
Plusieurs mesures fiscales mises en oeuvre au cours du quinquenna­t actuel ont contribué à réduire la fiscalité du capital. On pouvait donc s’attendre à une baisse du poids des prélèvemen­ts sur le capital en pourcentag­e du PIB en France. Ce n’est pas ce que montrent les données publiées par la Commission européenne.

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