Associations et fondations en 2021
Comment faire vivre la générosité des Français?
Le plafond des dons dits “Coluche” a été relevé de 552 euros à 1 000 euros pour l’année 2020, une mesure qui a été prolongée cette année en raison du contexte socio-économique défavorable
Plus que jamais en première ligne, les associations et fondations faisant appel à la générosité du public s’inquiètent d’une année 2021 qui s’annonce délicate, avec la poursuite de la crise sanitaire et l’aggravation de la crise économique. Maintenir la générosité dans un tel contexte passe tout d’abord par une bonne connaissance des différents dispositifs pour donner, avec notamment le prolongement du plafond à 1 000 euros de la déduction fiscale pour les dons dits “Coluche”. Cela passe aussi par une communication des actions sociales menées par les organismes caritatifs et par la mise en place de dispositifs innovants d’appel aux dons.
La crise sanitaire a suscité un grand élan de générosité envers les associations et fondations vues comme en première ligne. “À fin juin, la collecte auprès des particuliers était deux fois plus importante que l’année précédente”, rapporte ainsi Frédérique Chegaray, responsable du service dons et mécénat à l’Institut Pasteur. Sur l’ensemble de l’année 2020, dont les comptes sont en train d’être clôturés, la hausse pourrait atteindre environ de 70 % pour cette fondation fortement engagée dans la lutte contre la Covid-19. Ce bond de la générosité persistera-t-il en 2021 ? “Nous sommes face à une grande inconnue, reconnaît Frédérique
Chegaray. Nous ne savons pas du tout comment les donateurs particuliers vont réagir par rapport à l’épidémie qui se poursuit et à la situation économique qui se tend.”
Dans ce contexte, maintenir la générosité du public passe tout d’abord par une bonne connaissance des différents dispositifs pour donner. Par exemple, le plafond des dons dits “Coluche” a été relevé de 552 euros à 1 000 euros pour l’année 2020, une mesure qui a été prolongée cette année en raison du contexte socio-économique défavorable. Les dons aux associations qui viennent en aide aux populations précaires (fourniture gratuite de nourriture ou de soins médicaux, aide au logement), en France ou à l’étranger, bénéficient ainsi d’une réduction d’impôt sur le revenu de 75 % dans la limite de ce plafond. “C’est une mesure assez intéressante pour les donateurs comme pour nous et nous les avons tenus informés quand le plafond a été relevé”, indique Matilde Touzalin, responsable de la collecte chez Solidarités International.
L’incitation fiscale au “don Coluche”
Cette association humanitaire, présente dans 17 pays à travers le monde, a ouvert l’année dernière une mission en France. “Les dons des particuliers représentent une petite part de notre budget car nous sommes majoritairement soutenus par des bailleurs de fonds internationaux. Mais nous cherchons à augmenter cette part car cela nous permet une plus grande liberté d’action en cas d’urgence”, explique Matilde Touzalin. Comme la plupart des acteurs du secteur, l’idéal pour Solidarités International est d’être soutenu par des dons en prélèvement automatique. “Cela nous offre une
plus grande stabilité, souligne-telle. Pendant le premier confinement, c’est d’ailleurs ce qui nous a permis d’assurer une bonne partie de notre collecte.”
Qu’il s’agisse de dons ponctuels ou en prélèvement automatique, la réduction d’impôt est la même : 75 % pour les dons “Coluche” et 66 % pour les autres, dans la limite de 20 % du revenu imposable. C’est aussi ce taux de droit commun pour les dons des particuliers qui s’applique pour la partie des dons “Coluche” dépassant les 1 000 euros. “Le rehaussement du plafond est une incitation fiscale vraiment intéressante, qui peut faire augmenter le montant du don et nous permettre de mieux réaliser nos missions sur le terrain”, estime Géraldine Barral, directrice des ressources, du marketing et de la communication à l’Ordre de
Malte France. “Toutefois, ce sont les actions sociales menées par les associations qui sont le véritable fer de lance de la générosité des Français”, juge-t-elle.
“Dons Ifi” et libéralités
En effet, maintenir autant que possible la générosité du public suppose également de bien communiquer sur les missions menées par les associations et les fondations. “Cette année, nous allons continuer à informer nos donateurs et nos mécènes sur nos résultats dans la lutte contre la Covid-19, notamment concernant le vaccin sur lequel nous continuons de travailler, souligne Frédérique Chegaray. Nous expliquons aussi à nos nouveaux donateurs que nous avons besoin de leur soutien audelà de leur mobilisation dans l’urgence car il y a bien d’autres défis sur lesquels nous travaillons. Notre plan stratégique a trois axes : les neurosciences, les maladies infectieuses et la lutte contre l’antibiorésistance, qui devient également un enjeu sanitaire extrêmement important.”
En tant que fondation reconnue d’utilité publique, l’Institut Pasteur peut également recevoir les “dons Ifi”, c’est-à-dire des dons qui ouvrent droit à une réduction de 75 % pour ceux qui sont soumis à l’impôt sur la fortune immobilière (Ifi), dans la limite de 50 000 euros. Parmi les autres façons de donner aux organismes caritatifs se trouvent les libéralités, c’est-à-dire les legs, donations et assurances-vie. “Ce sont des ressources très importantes, qui représentent chez l’Ordre de Malte France la moitié de la collecte auprès du public, et nous menons des actions de communication pour diffuser ces modes de générosité, détaille Géraldine Barral. Mais il y a toujours un décalage dans le temps. Par exemple, les legs que nous recevons aujourd’hui ont été faits il y a plusieurs années.”
Des plateformes pour des dispositifs innovants
Pour répondre à l’urgence, il peut être utile de mettre en place des dispositifs innovants, à l’image de la Fédération française des banques alimentaires qui a, pour la première fois, fait appel aux dons financiers en novembre 2020 avec l’opération “Mon panier solidaire”. “Nous avons décidé d’ouvrir une plateforme de dons en ligne au moment de notre grande collecte nationale pour que ceux qui ne pouvaient pas se rendre en magasin puissent quand même donner en vue d’acheter des paniers de denrées alimentaires. Plus de 11 000 donateurs se sont rendus sur cette plateforme, avec un don moyen de 87 euros, ce qui va nous permettre de financer un million de repas”, se réjouit Laurence Champier, directrice fédérale du réseau des Banques alimentaires. “Nous avons été frappés par cet engouement, preuve que notre promesse donateur – les dons servent uniquement à l’achat de denrées pour les personnes précaires – répondait aux attentes”, juge-t-elle. Forte de cette réussite, la Fédération française des banques alimentaires réfléchit à renouveler l’opération lors de la prochaine grande collecte nationale en novembre 2021. “Nous attendons de voir, car cela n’a jamais été dans notre stratégie de faire des campagnes d’appel aux dons, même si nous acceptons les dons financiers spontanés. Nous avons d’ailleurs observé une hausse de nos donateurs spontanés, passés de 1 200 en 2019 à près de 11 000 en 2020 (hors dons effectués via ‘Mon panier solidaire’), certainement parce que l’aide alimentaire est vue comme une réponse à la montée de la précarité”, estime Laurence Champier. Selon ce réseau, la demande d’aide alimentaire a déjà augmenté de 10 % à 15 % l’année dernière. Une hausse qui devrait se poursuivre en 2021, avec la montée du chômage.
L’Ordre de Malte France a également lancé un dispositif innovant au service des plus fragiles à l’automne 2020 : une plateforme de financement participatif appelée “Les Défis Malte”. “L’objectif de cette plateforme est de financer des projets locaux et des initiatives de proximité en moins de 30 jours. Nous avons mené neuf campagnes en 2020 qui ont toutes atteint leur objectif, rapporte Géraldine Barral. Le donateur a besoin de transparence et de donner près de chez lui. C’est donc un vrai levier pour motiver le don et cela vient servir directement des projets de terrain qui vont pouvoir se concrétiser”. Transparence et proximité, deux clés pour faire vivre la générosité des Français dans ce contexte inédit.
L’Ordre de Malte France a également lancé à l’automne 2020 une plateforme de financement participatif appelée “Les Défis Malte”. L’objectif de cette plateforme est de financer des projets locaux et des initiatives de proximité en moins de 30 jours.