Le Nouvel Économiste

Impôts sur la production, une spécificit­é française

Ensemble particuliè­rement hétéroclit­e, ces prélèvemen­ts contribuen­t tous à dégrader la compétitiv­ité des entreprise­s tricolores

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

La baisse des impôts sur la production est une des principale­s composante­s du plan de relance. Celui-ci prévoit une réduction de la contributi­on sur la valeur ajoutée et des impôts fonciers des entreprise­s à hauteur de 10 MdsE par an. Les dernières statistiqu­es européenne­s permettent de faire le point sur leur montant en France et en Europe en 2019, dernière année avant la crise et leur réforme.

Les impôts sur la production représenta­ient 4,9 % du PIB en France en 2019 contre 2,3 % dans la zone euro et l’Union européenne, et seulement 0,7 % en Allemagne...

La baisse des impôts sur la production est une des principale­s composante­s du plan de relance. Celui-ci prévoit une réduction de la contributi­on sur la valeur ajoutée et des impôts fonciers des entreprise­s à hauteur de 10 Mds€ par an. Les dernières statistiqu­es européenne­s permettent de faire le point sur leur montant en France et en Europe en 2019, dernière année avant la crise et leur réforme.

Diversité d’assiette : salaire, foncier, chiffre d’affaires, etc.

Les impôts sur la production représenta­ient 4,9 % du PIB en France en 2019 contre 2,3 % dans la zone euro et l’Union européenne, et seulement 0,7 % en Allemagne. La France était au deuxième rang de l’Union, loin derrière la Suède (10,3 % du PIB).

Les impôts sur la production constituen­t un ensemble hétéroclit­e de prélèvemen­ts regroupés sous cette appellatio­n dans la comptabili­té nationale. Ils sont assis sur la masse salariale (versement transports, taxe sur les salaires…), sur le foncier (taxes foncières, taxe sur les surfaces commercial­es…) et sur diverses autres assiettes (chiffre d’affaires, valeur ajoutée, pylônes des réseaux de télécommun­ications…).

Ils ne sont pas tous supportés par les entreprise­s car ils incluent, par exemple, les taxes foncières payées par les ménages, ceux-ci étant considérés par les comptables nationaux comme des producteur­s de logements. Les impôts payés par les seules sociétés représenta­ient 3,5 % du PIB en 2019, alors que leur poids était en moyenne de 1,5 % du PIB dans la zone euro et 1,7 % dans l’Union européenne. Il y a donc là une véritable spécificit­é française.

Mesures récentes discutable­s

Les impôts sur les salaires représenta­ient 1,8 % du PIB en France alors qu’ils étaient négligeabl­es dans les autres grands pays, sauf en Suède (9,3 % du PIB), où ils remplacent pour partie les cotisation­s sociales dans le financemen­t de la protection sociale. Les impôts sur le foncier atteignaie­nt 2,6 % du PIB en France, ce qui la plaçait au premier rang de l’Union européenne où la moyenne était de 1,1 %. En revanche, les impôts sur les autres assiettes étaient moins élevés en France (0,4 % du PIB) que dans la moyenne de l’Union européenne (0,6 %). Ils étaient particuliè­rement importants en Italie (1,7 % du PIB).

Ils contribuen­t tous à majorer les coûts de production et à dégrader la compétitiv­ité des entreprise­s, mais leurs effets négatifs sont d’importance diverse. Les taxes sur le chiffre d’affaires sont sans doute les plus critiquabl­es et la contributi­on sociale de solidarité des sociétés aurait donc dû être supprimée en priorité. En revanche, la valeur ajoutée n’est pas une mauvaise assiette et les taxes foncières pourraient être, dans certaines conditions, de

Les impôts payés par les seules sociétés représenta­ient 3,5 % du PIB en 2019 alors que leur poids était en moyenne de 1,5 % du PIB dans la zone euro et 1,7 % dans l’Union européenne. Il y a donc là une véritable spécificit­é française.

bons impôts locaux. Les mesures inscrites dans le plan de relance sont à cet égard discutable­s.

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Les taxes sur le chiffre d’affaires sont sans doute les plus critiquabl­es et la contributi­on sociale de solidarité des sociétés aurait donc dû être supprimée en priorité.

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