Ce ne sont pas les critères ESG qui vont faire investir un particulier, mais c’est un “critère de beauté de plus” qui peut faire la différence à offre comparable
Diverses études récentes, notamment le baromètre 2020 de l’investissement responsable (IR), montrent une sensibilité croissante des investisseurs aux critères ESG (écologiques, sociaux ou de bonne gouvernance), voire une “volonté de conversion affichée”, puisque 44 % des épargnants interrogés se disaient en 2020 “disposés” à investir plus de 30 % de leur épargne dans des produits IR.
La réalité est plus mitigée. Xavier Anthonioz, président de 123 IM, précise que sa société a ajouté des “briques” ESG dans ses fonds orientés vers le capital-investissement à la demande d’acteurs institutionnels, pour lesquels ces critères sont désormais indispensables. Quant aux investisseurs privés, “ce n’est pas forcément ce qui les fait investir mais c’est un critère de beauté de plus qui peut faire la différence” à offre comparable, explique-t-il. Chez Yomoni, Sébastien d’Ornano rappelle qu’il a fallu attendre de “disposer d’un univers ETF suffisamment large pour pouvoir appliquer un filtre ESG”, ce qui est désormais le cas.
À l’AMF, Claire Castanet insiste sur l’importance de la confiance en matière de critères ESG, mais constate que “ce qui est important pour le client en matière d’investissement responsable est de bien comprendre l’offre et de savoir si elle correspond à ce qu’il en attend”. Sébastien d’Ornano appelle lui aussi à “beaucoup de pédagogie” et, citant le cas du pétrole, à une logique qui relève moins de l’exclusion généralisée que de la “sélection des sociétés les mieux-disantes dans leur secteur d’activité”, tout en insistant sur la transparence afin d’éviter le greenwashing. Conscient des difficultés, pour un investisseur, à arbitrer entre conviction et performance, il note qu’“aujourd’hui, il existe une sorte d’alignement des planètes, avec des ETF à mandat ESG qui surperforment les ETF classiques. Mais qui dit ESG ne dit pas garantie de surperformance. À long terme, c’est très probable, mais on traversera des périodes pendant lesquels le non-ESG sera plus performant”. Et ce que recherche l’investisseur, c’est souvent plutôt la performance.