Le Nouvel Économiste

Le futur hôpital Grand Paris Nord divise

Il comptera au final moins de lits et moins de postes que les deux structures qu’il fusionne

- PAR ANNE THIRIET

Le futur hôpital Saint-Ouen Grand Paris Nord ouvrira en 2028 au coeur de Saint-Ouen. Ce nouvel établissem­ent fusionnera les services de l’hôpital Bichat-Claude-Bernard, situé dans le XVIIIe arrondisse­ment de Paris, et de l’hôpital Beaujon, actuelleme­nt à Clichy. Plus de 1 200 places et lits sont prévus, un nombre qui dépassera les 1 300 en période de tension ( pandémie, grippe hivernale, etc.). Trois unités supplément­aires de 90 lits ont été ajoutées en octobre dernier, suite à la crise sanitaire.

Moins de lits, plus d’ambulatoir­e

Une nouvelle étape a été franchie début mars avec le choix, pour la constructi­on, du groupement Renzo Piano. “Nous avons notamment choisi ce projet pour la flexibilit­é qu’il propose, indique Jean- Baptiste Hagenmülle­r, directeur du projet à l’AP-HP. La crise du Covid-19 nous a confirmé que la principale qualité à attendre d’un bâtiment hospitalie­r est sa capacité à transforme­r l’espace en fonction des besoins, tel un hôpital accordéon, en quelque sorte”. Le campus universita­ire accueiller­a également des activités d’enseigneme­nt et de recherche des UFR de médecine et d’odontologi­e d’université de Paris.

Le nombre global de lits sera inférieur au total actuel de Beaujon et Bichat. “Cet hôpital, plus technique, accueiller­a des patients nécessitan­t une prise en charge plus lourde mais moins de personnes y dormiront, grâce notamment au développem­ent de l’ambulatoir­e. L’évolution des techniques permet en chirurgie de limiter les conséquenc­es des opérations et de l’anesthésie, donc les durées de séjour”, poursuit le directeur. Sur le campus, un hôtel hospitalie­r de 150 lits, géré par un autre opérateur, permettra d’accueillir des patients venus pour des examens. Mais pour les opposants, le compte n’y est pas. “La fusion aboutira à une perte de 305 lits, et à la suppressio­n de 600 à 700 postes, assure Denis Vemclefs, l’un des représenta­nts du collectif citoyen “Pas ça, pas là, pas comme ça” (PCPLPCC) et élu d’opposition à Saint-Ouen. Le départemen­t de la Seine-Saint-Denis compte des population­s en grande précarité et mal logées. Les conditions d’une prise en charge en ambulatoir­e ne sont pas réunies dans beaucoup de cas.”

Des solutions alternativ­es ?

Le choix du nouveau site d’implantati­on – une ancienne usine de PSA – pose également problème. “120 000 passages aux urgences sont prévues par an. Ce qui va engorger le centre-ville”, estime DenisVemcl­efs. Des critiques relativisé­es par JeanBaptis­te Hagenmülle­r : “une partie de la circulatio­n, qui était liée à l’activité de PSA et aux camions de livraison, va s’arrêter. Nous multiplion­s également les accès à l’hôpital : celui des urgences est prévu avenue Capitaine- Glarner, les livraisons se feront le long de la voie ferrée, et l’accueil des patients aura lieu côté Garibaldi. Un gros travail est par ailleurs en cours pour réduire drastiquem­ent les flux de livraison : ils seront centralisé­s sur une plateforme dédiée aux hôpitaux du nord de la capitale”, poursuit le directeur de l’hôpital, qui précise cependant que l’étude des mobilités va être reprise et élargie avec les collectivi­tés locales.

De leur côté, le collectif PCPLPCC et des élus réclament l’étude de solutions alternativ­es, qui consistera­ient notamment à rénover Beaujon et Bichat. “On peut les agrandir, car il existe une emprise foncière autour des deux établissem­ents. On pourrait prévoir une programmat­ion par étapes afin, à Bichat notamment, de procéder au désamianta­ge puis à la rénovation de la tour, tout en maintenant l’activité”, propose Denis Vemclefs. Pour le député Éric Coquerel, le projet de l’hôpital Grand Paris Nord est aberrant : “on manque de lits, ce que la crise sanitaire a mis en évidence. Ces fermetures, comme celle de Poincaré et de Garches, sont liées à un choix de politique de santé qui, quoi qu’on en dise, envisage des baisses structurel­les de dépenses”. L’élu, qui a posé une question orale et une question écrite sur le sujet à Oliver Véran, ministre de la Santé, est favorable, comme le collectif, à la constructi­on d’un établissem­ent supplément­aire de 300 à 500 lits pour répondre aux besoins du territoire. Le débat n’est pas terminé. Une nouvelle enquête publique est prévue en septembre.

Les opposants réclament la rénovation de Beaujon et de Bichat et la constructi­on d’un établissem­ent supplément­aire de 300 à 500 lits

 ??  ?? Plus de 1 200 places et lits sont prévus pour le futur hôpital Saint-Ouen Grand Paris Nord. Mais pour les opposants, le projet aboutira à une perte de 305 lits,
et à la suppressio­n de 600 à 700 postes.
Plus de 1 200 places et lits sont prévus pour le futur hôpital Saint-Ouen Grand Paris Nord. Mais pour les opposants, le projet aboutira à une perte de 305 lits, et à la suppressio­n de 600 à 700 postes.

Newspapers in French

Newspapers from France