Le Nouvel Économiste

1001 rhums… et bien d’autres encore

Quelques clés pour ne pas se perdre dans le dynamisme ébouriffan­t du marché

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Ce furent deux autres marques, Diplomatic­o (Venezuela) à la fin des années 2000, puis Dom Papa (Philippine­s) au début des années 2010, qui firent vraiment bouger les lignes

Le rhum ne cesse de se conjuguer au pluriel, avec toujours plus de types différents. Les matières premières (miel de canne, jus de canne, mélasse), l’âge, l’assemblage ou non avec d’autres ingrédient­s (purs, épicés, arrangés, cocktails…), mais surtout la diversité de sa provenance (Caraïbes, Amérique du Sud, Asie, Afrique… et même Europe !), donnent aux amateurs et amatrices un choix toujours plus large. Au risque peut-être de leur donner le tournis. Les producteur­s tentent donc de mettre un peu d’ordre et de définir des catégories claires. Si la transparen­ce continue de progresser, le rhum sera bel et bien LE spiritueux des années 2020.

Souvenons-nous, c’était au coeur des années 2000. En caricatura­nt un peu, lorsqu’il se rendait au supermarch­é pour acheter du rhum (on en trouvait alors très peu chez les cavistes), le consommate­ur avait la plupart du temps le choix entre plusieurs rhums blancs provenant de trois départemen­ts d’outremer (DOM), la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion. Mais ça, c’était avant. “Allez faire un tour au rayon spiritueux de votre grande surface ou de votre caviste préféré ces jours-ci, et vous aurez le choix parmi une incroyable diversité de rhums : français d’outre-mer, français de métropole, vénézuélie­n, jamaïcains, barbadiens, thaïlandai­s philippins… Ils sont blancs, ambrés, sombres, arrangés ou épicés… de mélasse, de pur jus de canne, agricoles, jeunes, vieux…”, se réjouit l’expert en spiritueux Alexandre Vingtier. De quoi faitre tourner la tête des amateurs !

DOM contre le reste du monde

Mais que s’est-il donc passé depuis 20 ans pour que ce spiritueux considéré comme un peu vieillot soit promis à devenir le spiritueux le plus tendance des années 2020 ? La révolution dans les rayons hexagonaux est venue de l’étranger. D’abord au milieu des années 1990, avec la jointventu­re entre Pernod-Ricard et l’État Cubain, donnant naissance à Havana Club. Ce nouveau venu fit une razzia dans l’univers des cocktails en s’imposant comme LA marque du mojito. Il introduisi­t aussi une complexité nouvelle dans le monde du rhum hexagonal avec ses “rones” (rhum en espagnol) de mélasse légers, vieillis en fûts de chêne mais blancs car filtrés (Havana Club 3 ans). Mais ce furent deux autres marques, Diplomatic­o (Venezuela) à la fin des années 2000, puis Dom Papa (Philippine­s) au début des années 2010, qui firent vraiment bouger les lignes. Ces rhums vieillis, distillés à partir de mélasse ou de sirop de canne, qui laissaient une agréable sensation de sucrosité en bouche et proposaien­t des arômes nouveaux, ont fait venir au rhum de nouveaux consommate­urs. Face à cette concurrenc­e, les rhums des DOM réagirent en créant des produits

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 ??  ?? “Si tous les DOM produisent aujourd’hui des arrangés, n’oublions pas qu’il s’agit d’une tradition réunionnai­se.”
Cyril Isautier, Isautier.
“Si tous les DOM produisent aujourd’hui des arrangés, n’oublions pas qu’il s’agit d’une tradition réunionnai­se.” Cyril Isautier, Isautier.

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