L’ensemble de notre production ne va pas basculer en bio, c’est une expérimentation. Elle est d’ailleurs plutôt réussie car les retours sont positifs
Saint-James se lance dans le rhum bio, c’est-à-dire ?
En novembre 2020, nous avons lancé trois références de rhums blancs, pures cannes biologiques : le SaintJames 40°, destiné au circuit CHR en métropole, et sa déclinaison à plus haut degré, 56,5 %, adaptée au marché local de la Martinique, lesquels sont plutôt à déguster en cocktail. Notre premier Brut de Colonne biologique titrant à 74,2 % (sans adjonction d’eau avant la mise en bouteille) est quant à lui un rhum de dégustation destiné au circuit sélectif des cavistes.
Pour produire ce rhum, nous achetons de la canne à sucre bio. L’ensemble de notre production ne va pas basculer en bio, c’est une expérimentation. Elle est d’ailleurs plutôt réussie car les retours sont positifs. On nous dit qu’ils ont le goût des ti-punchs !
Quels sont les obstacles à la généralisation du bio ?
La surface cannière étant faible à ce jour, nous pouvons facilement estimer que la demande sera plus forte que l’offre. Les consommateurs sont en attente de ce rhum et nos clients y voient une opportunité pour se différencier. Mais il n’y a pas assez de main-d’oeuvre pour produire de la canne bio à grande échelle : il faut remplacer le désherbage chimique par un désherbage manuel, un travail pénible et coûteux pour les producteurs. De plus, cette culture bio fait chuter la production. Il faut rappeler que nous utilisons déjà très peu de produits de synthèse pour élaborer nos rhums : pas de fongicides, pas d’insecticides, seulement 4 fois par an des herbicides, surtout en bordure de champs. Les rhums AOC Martinique sont donc des ambassadeurs de l’agriculture raisonnée. Et rappelons que la distillation fait disparaître toute trace de produits éventuellement dangereux dans le rhum.
Et côté développement durable, des nouveautés ?
Nous avons déjà fait beaucoup, notamment avec la mise en place d’un méthaniseur pour dépolluer nos vinasses (liquide résiduel obtenu après la distillation). Nous les faisons tomber à moins de 51 % d’humidité, ce qui nous permet de les faire brûler dans des chaudières qui font tourner les moulins et permettent de distiller. L’excédent de vapeur produit même de l’électricité. Ce qui n’est pas brûlé sert d’engrais. Nous améliorons également la captation des fumées de distillation, et nous disposons désormais d’un véhicule hybride.