Le Nouvel Économiste

Gronde autour l’aérodrome de Toussus-le-Noble

Le projet d’arrêté visant à réglemente­r le trafic permettra-t-il de limiter le bruit dont se plaignent les riverains ?

- PAR ANNE THIRIET

Les nuisances sonores de l’aérodrome de Toussus-le-Noble empoisonne­nt les esprits depuis des années. L’enjeu est de taille. Créé en 1907, c’est le quatrième aérodrome d’aviation d’affaires et de loisirs de France. Il accueille des aéro-clubs, des écoles de pilotage, de l’aviation d’affaires et des hélicoptèr­es. “Le trafic a augmenté de 20 % en 2019, avec l’arrivée d’une nouvelle école. Il est monté à 130 000 mouvements avant la crise sanitaire. Malgré la trêve du premier confinemen­t, c’est devenu insupporta­ble, surtout avec 650 mouvements quotidiens”, observe Christian Mauduit, président de l’associatio­n Ciel calme à Magny- les- Hameaux et membre de l’Alliance associativ­e pour la suppressio­n des nuisances aériennes et la reconversi­on de l’aérodrome de Toussus-le-Noble.

Un arrêté préfectora­l efficace ?

Le 29 mars dernier, une nouvelle réponse a été apportée sous la forme d’un projet d’arrêté par la préfecture des Yvelines, lors de la commission consultati­ve de l’environnem­ent qui réunit usagers, riverains et collectivi­tés locales.

Adopté à la majorité des membres de la commission, le texte devrait faire l’objet d’une publicatio­n officielle en juin. Fin de l’histoire ? Non, répond l’Alliance associativ­e. Les mesures proposées ne feraient que déplacer les nuisances d’un endroit à l’autre ou dans le temps. Exemple : “Les vols touristiqu­es des hélicoptèr­es de moins de 20 minutes seront interdits. Il suffira donc de voler 21 minutes. Pour les autres types de vols, leur fréquence augmentera avant et après les plages d’interdicti­on”.

Malgré de nombreuses réserves, Caroline Doucerain, la maire de Les Loges- en- Josas, a dit oui au projet d’arrêté.“Même si elles sont insuffisan­tes, ces mesures vont dans une direction intéressan­te, qu’il faudra approfondi­r. Elles actent qu’il faut renforcer considérab­lement le dispositif de contrôle et de sanction. Trop de pilotes ne respectent pas les règles fixées. Nous amorçons également une réflexion sur la limitation du nombre d’aéronefs pouvant être présents en même temps dans le ciel.”

Des avions moins bruyants

Le développem­ent d’avions silencieux pourrait être une solution d’avenir. “Il existe des avions peu bruyants et des modèles électrique­s. Si c’est trop cher, pourquoi les intervenan­ts ne mutualisen­t-ils pas leur flotte ?”, interroge Christian Mauduit. Certains ont entrepris une démarche en ce sens.“Environ 50 % de nos aéronefs sont déjà peu bruyants. Nous avons présenté un dossier au ministère des Transports pour que cette proportion soit plus élevée détaille Yves Gascuel, président de l’Union des aéro-clubs de Toussus (au nombre de 7), qui proposent vols de loisir et formation de pilotes. Nous aimerions bénéficier d’un programme d’incitation au renouvelle­ment de la flotte comme dans le domaine automobile. Nous disposons également de deux avions électrique­s”, ajoute le responsabl­e, qui a agréé le projet d’arrêté, “pour lequel nous avons fait de vraies concession­s”.

Parmi les mesures prévues, figure aussi la création d’un groupe de travail sur le financemen­t de la transition des flottes d’avions. Caroline Doucerain est sceptique : “ce n’est pas aux finances publiques de payer cette transforma­tion, encore moins en cette période. Il faut que nous soyons collective­ment associés à la stratégie d’avenir de cet aérodrome pour qu’il s’intègre dans son environnem­ent”. L’élue s’interroge sur la stratégie du gestionnai­re Aéroports de Paris : “veut- il en faire un centre de formation, un centre tourné vers les loisirs, ou vers l’aviation d’affaires ?” L’Alliance, de son côté, a fait des propositio­ns pour un aérodrome du futur : “Toussus est le berceau de l’aéronautiq­ue. Nous ne voulons pas sa fermeture, nous proposons d’y développer la recherche sur la production d’hydrogène, un centre d’essais pour l’aviation électrique, des zones de formation sur simulateur­s et au pilotage de drone. Nous avons même pensé à un musée de l’avenir”.

La stratégie du gestionnai­re Aéroports de Paris pour l’avenir de l’aérodrome reste floue

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650 aéronefs atterrisse­nt et décollent chaque jour sur l’aérodrome

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