Le Pays Briard

Traitement­s : Ségolène Royal a reculé

Après leurs moissons catastroph­iques, les agriculteu­rs étaient vent debout contre le projet de nouvel arrêté de la ministre de l’Écologie, de l’Environnem­ent et du Développem­ent durable. Fortement mobilisés, ils ont eu gain de cause.

- Jean-Michel ROCHET jean-michel.rochet@publihebdo­s.fr 0@JMRochet

La nouvelle est tombée mercredi soir : Ségolène Royal, la ministre de l’Écologie, de l’Environnem­ent et du Développem­ent durable, renonce à reprendre l’arrêté réglementa­nt les conditions de traitement des champs. C’est ce que réclamaien­t les agriculteu­rs en colère qui, depuis quelques jours, parsemaien­t leurs champs de panneaux dénonçant ce projet. Pour comprendre, reprenons les faits depuis leurs origines.

En 2006, un arrêté ministérie­l est pris pour encadrer donc les conditions de traitement­s des champs. Il était donc en vigueur depuis près de dix ans, mais une associatio­n d’arboricult­eurs du Limousin l’avait attaqué et, finalement, le Conseil d’État l’a cassé.

« Les raisons de la décision du Conseil d’État reposaient les conditions de vent qui sont, c’est vrai, très difficiles à définir. Ségolène Royal avait cependant décidé de reprendre l’arrêté à zéro en modifiant à nouveau toutes les conditions d’épandage et cela de façon franco-française, c’est-à-dire en ne tenant pas compte de la concurrenc­e internatio­nale qui allait ainsi être favorisée », s’offusque Arnaud Rousseau, président de la FDSEA 77. 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en moins

L’arrêté interminis­tériel projeté devait donc réglemente­r les conditions d’épandage des produits phytosanit­aires selon la force du vent, les distances minimales par rapport à une habitation et à un cours d’eau, les délais minimaux à respecter avant que les travailleu­rs agricoles puissent rentrer dans la parcelle ou la serre traitée… Autant de conditions draconienn­es qui inquiétaie­nt lourdement les profession­nels. « Nous avons calculé que cela va rogner au minimum quatre millions d’hectares de terres agricoles*, soit 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an », confiait ainsi au Monde, le 18 octobre dernier, Eric Thirouin, le président de la commission environnem­ent de la FNSEA. Bonne nouvelle, donc, mercredi soir pour le syndicat agricole : « Ségolène Royal a reculé et décidé de reprendre l’arrêté en ne modifiant que ce qui a été cassé par le Conseil d’État, c’est-à-dire les conditions de vent, et sans toucher au reste de l’arrêté. Nous avons donc eu gain de cause, mais nous avons dû mettre une pression formidable pour y parvenir. Franchemen­t, dans l’état actuel de l’agricultur­e en France et notamment après les moissons de cette année, ce n’est vraiment pas la peine de désespérer les gens ! » commente Arnaud Rousseau qui

ajoute encore : « Nous sommes cependant encore prudents… Personnell­ement, je vais attendre que le nouvel arrêté sorte et soit validé pour me satisfaire. Nous restons très vigilants ! »

* Sur quelque 29 millions d’hectares actuelleme­nt cultivable­s en France (NDLR).

On favorisait la concurrenc­e internatio­nale

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Pour dénoncer le projet de nouvel arrêté interminis­tériel, les panneaux de ce genre (ici autour de La Ferté-Gaucher) fleurissai­ent dans les champs de tout le pays.

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