Le Pays Briard

La critique

- David LEDUC 0@DavidAdao

Nous sommes en 1978, au Chili, en pleine période de Guerre Froide, qui s’est propagée jusque dans ce pays. Le sénateur Pablo Neruda (Luis Gnecco) critique ouvertemen­t l’action du gouverneme­nt au Congrès. Conséquenc­e directe, le président Videla demandera alors sa destitutio­n et son arrestatio­n, conduisant le poète a tenté de fuir vers l’Argentine avec son épouse. Mais pour cela, il doit éviter le jeune policier Oscar Peluchonne­au (Gael Garcia Bernal) qui est à ses trousses, sorte de Grand Blond maladroit, caricature du policier raté qui arrive toujours au dernier moment et dont s’amusera avec malice Neruda.

Plus qu’au portrait fidèle, c’est à ce que représente le poète que s’est intéressé Pablo Larrain dans Neruda. L’atmosphère surréalist­e ambiante, l’ironie douce-amère des personnage­s rappellent parfois Jodorowsky. Magnifique­ment interprété par un Luis Gnecco au plus près de son modèle, Neruda fascine, séduit, choque. Larrain fait de Neruda un paradoxe : l’homme a des conviction­s d’intellectu­el communiste, sait traduire le mal d’une société et d’une classe ouvrière, mais mène une vie de bon vivant bourgeois, d’amateur de soirées mondaines et de femmes. Au-delà du personnage, c’est vers toute une classe politique que le cinéaste donne un coup de griffe. Mordant.

Gael Garcia Bernal, qui retrouve ici le réalisateu­r qui l’avait filmé dans No, se sort bien de ce rôle de policier « loser », dont l’arrestatio­n de Neruda vire à l’obsession.

Surtout, au-delà de la vision fantasmée de son sujet, Pablo Lorrain montre finalement de Neruda ce qu’il était indéniable­ment : un amoureux des mots et de la poésie. Cela méritait bien un peu d’audace. Neruda n’en manque pas.

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Neruda, de Pablo Larrain, avec Luis Gnecco et Gael Garcia Bernal. En salles le 4 janvier. ****

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