Le Pays Briard

« À poil toute l’année », des SDF se mettent à nu dans un calendrier

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« Les SDF vivent à poil toute l’année, alors pour faire ce calendrier, on n’a pas dû enlever

grand-chose ! » Avec humour, Brann du Senon, le fondateur du 115 du Particulie­r, un village de réinsertio­n pour les SDF créé il y a presque cinq ans et situé dans la petite commune de Villebéon, dépeint en quelques mots sa belle initiative. Lui et 11 autres membres du 115 ont posé nus, sous l’objectif des photograph­es Thomas Léaud et Anne Barot durant plusieurs jours de

shooting, pour le « Calendrier

du Sans Destin Fixe », qui s’est déjà écoulé à plus de 500 exemplaire­s depuis le début du mois.

Des photos touchantes

Un « Dieux du Stade » version sans-abri, avec, au fil des mois, Jérémy le chaudronni­er (janvier), Doriane la cuisinière (février), Gheorghe le forestier (mars), Patrick le contrôleur (avril), Jean-Pierre le photograph­e (mai), Adriano le maçon (juin), Xavier le jardinier (juillet), Patricia l’aide ménagère (août), Dédé l’ébéniste (septembre), Mickael le démolisseu­r (octobre), Olivier le mécano (novembre) et bien sûr Brann du Senon (décembre).

Se retrouvant dans une position ou une activité qui correspond à leur savoir-faire, ces hommes et ces femmes dans la galère montrent leur nudité avec décence, courage et dérision.

Des photos touchantes, accompagné­es d’un petit texte propre à chacun, qui en disent un peu plus sur leur histoire. Il y a donc Brann, « 55 ans, citoyen du monde proche de la rue, bandit biker dans une autre vie, fondateur du 115 du Particulie­r et de ce bout de terre d’accueil appelé « village » ».

Mais aussi Doriane, « 42 ans, saisonnièr­e ayant perdu son toit, des demandes de logement sans fin conduisant sous les ponts, elle tambouille au « village » ».

Ou encore Olivier, « 57 ans, le king de la clé de douze, véritable sonotone des moteurs, s’est pris un croche-patte dans l’escadrin, il boulonne au « village » ».

« L’objectif, c’est de faire parler de nous, et plus généraleme­nt de la cause des sansabri, résume Brann du Senon. Au 115 du Particulie­r, on essaye de revendique­r l’existence des sans-abri dans la société, eux qui sont plus ou moins exclus du système. »

« Montrer que l’on existe »

Et d’ajouter : « Se retrouver du jour au lendemain à la rue, cela peut arriver à n’importe qui. Surtout, on n’en peut plus d’entendre dire que les gens qui vivent dehors sont des camés, des alcoolos… Au village du 115, j’ai récemment accueilli un policier qui était sans domicile fixe. Il bossait, avec un salaire de 1 700 € nets auquel il fallait enlever 750 € de pension alimentair­e, 700 € de crédit immobilier, 300 € de crédit pour la voiture… La misère parvient même à toucher ceux qui ont un travail. » Le résultat obtenu par les photograph­es Thomas Léaud et Anne Barot a en tout cas « bluffé » Brann du Senon : « Se mettre à nu pour ce calendrier, c’est montrer que l’on existe, prouver aux autres que nous méritons d’être regardés tels que nous sommes et éveiller la conscience des gens. Sans susciter la pitié ni le misérabili­sme. C’est vrai qu’au début, il n’a pas été facile de convaincre les autres de poser dans le plus simple appareil. Beaucoup ont cru à une blague. Mais finalement, tous ont finalement été persuadés que c’était un super moyen de faire connaître le 115 du Particulie­r, récolter des fonds pour aider l’associatio­n et ceux qui sont dans par exemplaire. Plus d’informatio­ns sur l’associatio­n : 115 du Particulie­r,

 ?? Thomas Léaud/Anne Barot) ?? Doriane, la cuisinière, fait partie des deux seules femmes SDF présentes sur le calendrier. Elle représente le mois de février.
Thomas Léaud/Anne Barot) Doriane, la cuisinière, fait partie des deux seules femmes SDF présentes sur le calendrier. Elle représente le mois de février.
 ?? (©Thomas Léaud/Anne Barot) ?? Le « Calendrier du Sans Destin Fixe » s’est déjà écoulé à plus de 500 exemplaire­s.
(©Thomas Léaud/Anne Barot) Le « Calendrier du Sans Destin Fixe » s’est déjà écoulé à plus de 500 exemplaire­s.

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