RER E : pas de gare à Châtres selon la SNCF
Jean-Jacques Barbaux se bat pour l’aménagement d’une gare dans la zone logistique du Val Bréon, le long de la N4. Mais la SNCF n’est pas enthousiasmée par le projet.
Une douche froide qui ne gèle pas Jean-Jacques Barbaux. Le président LR de la communauté de communes du Val Briard, également président du Département de Seine-etMarne, affirme ne pas vouloir
« baisser les bras », convaincu de la nécessité et de la faisabilité de son ambition. La perspective de voir la création d’une nouvelle gare SNCF pour le RER E dans le parc logistique du Val Bréon (nom de l’ancienne intercommunalité), à Châtres, a été évoquée de nombreuse fois par l’élu. Une proposition qui a de quoi faire envie aux habitants de la Brie qui verraient, pour une grande majorité d’entre eux, d’un bon oeil cet aménagement.
Seulement, du côté de la SNCF, la vision n’est pas la même. Mardi 31 janvier dernier, au cours de la consultation publique et la présentation du projet du RER E Est + à Pontault-Combault (lire dans Le Pays Briard du vendredi 3 février 2017 ou sur www.lepaysbriard. fr), Philippe Feltz, directeur de mission RER E et ligne P pour la SNCF Réseau, nous confiait que cette question n’est « pas prioritaire actuellement » au sein de l’entreprise. Il en explique les raisons : « Le potentiel est relativement faible aujourd’hui et ne justifie pas, pour le moment, une extension de la ligne E vers l’Est de la Seine-et-Marne, au-delà de Tournan-en-Brie. »
4,5 milliards d’€ pour les projets du RER E
La déclaration ne laisse donc pas de place au doute. Les priorités de la SNCF sont ailleurs. Pour la seule ligne E, plusieurs projets sont actuellement sur les rails : doublement de la fréquence des trains en gare de Pontault et Roissy pour 2025, extension de la ligne vers Mantes-la-Jolie (Yvelines) pour 2022, remplacements de tous ses trains par des RER neuf à deux étages dès 2021 et création de la nouvelle gare Bry-Villiers-Champigny, liaison vers la future ligne 15 du Grand Paris Express, à l’horizon 2025.
L’ensemble de ces aménagements doit coûter plus de 4,5 milliards d’euros, financés par la Région via le Stif (Syndicat des transports d’Ile-de-France) ainsi que l’État.
De son côté, Jean-Jacques Barbaux, n’infléchit pas sa position, déterminé «à [se] battre plus que jamais ». « Vu la saturation des gares de Tournan et de Marles, il va falloir trouver des réponses intermédiaires et rapides pour les gens, nombreux, qui viennent de l’Est », indique-t-il. Le président souhaite faire de la ZAC du Val Bréon « un nouveau concept de gare », avec son projet de station-service GNV (gaz naturel de ville), mais aussi une aire de covoiturage et des liaisons douces. L’aménagement d’une gare RER à cet endroit serait donc la cerise sur le gâteau, d’autant que l’intercommunalité développe dans ce secteur une nouvelle zone d’activité et que, non loin, est en train de se construire le nouveau siège du Val Briard, dans la ferme des Vieilles Chapelles aux Chapelles-Bourbon.
« Il faut que le Stif et la SNCF arrêtent de mettre de l’argent dans des gares qui n’ont plus de capacité de développement et qui sont à saturation, s’agace Jean-Jacques
Barbaux. Regardez à Tournan, le parking est bouché ! Et à la gare de Marles, c’est pareil. C’est bien le signe qu’il y a un besoin et des perspectives de développement. Le problème
de la SNCF, c’est qu’elle est toujours en retard par rapport aux évolutions des territoires ! »
Alors, doit-on enterrer le projet d’une gare du RER E à Châtres ? Le responsable de la
SNCF ne le pense pas. « Avec le Grand Paris et les évolutions démographiques de l’Ile-de-France, on ne sait pas quels seront les besoins
de demain », concède-t-il. Pour autant, un tel aménagement mettra du temps à voir le jour, si jamais il se concrétise. Vu le retard qu’ont déjà pris les projets de la société de transport (deux ans pour l’extension vers Mantes-la-Jolie) et que ceux-ci coûtent plus cher que prévu (500 millions d’euros pour la gare de Bry-Villiers-Champigny au lieu de 350 millions) les usagers des trains vont devoir faire preuve de patience.
« Potentiel faible » « SNCF en retard sur les évolutions »