Le Pays Briard

Vent de révolte au centre pour handicapés

Des salariés du centre pour handicapés de Villepatou­r veulent le départ de leur directrice, Myriam Ysos. Ils assurent que cette dernière impose des conditions de travail déplorable­s, aux conséquenc­es néfastes pour le personnel, les enfants et les familles

- Pierre CHOISNET 0@choisnet_pierre

« Harcèlemen­t moral », « intimidati­on », « menaces ». Les accusation­s sont graves ! Si elles restent encore à démontrer, elles révèlent une forte tension au sein de l’Institut d’éducation motrice (IEM) et du Service d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) de Villepatou­r, à Presles-en-Brie. Cet établissem­ent de santé et d’enseigneme­nt, géré par La CroixRouge Française, accueille des collégiens et lycéens handicapés.

Il y a dix-huit mois, une nouvelle directrice est arrivée à la tête des deux structures. Il s’agit de Myriam Ysos qui attire à elle de nombreuses critiques de la part de certains salariés. Ceux-ci, que Le Pays Briard a rencontrés, dénoncent « des atteintes à la dignité humaine. »

Quatre d’entre eux, qui préfèrent garder l’anonymat, se confient : « Les gens pleurent, les arrêts de travail s’accumulent. Certains d’entre nous sont à la limite de la dépression nerveuse. La directrice ne nous insulte pas, ne nous agresse jamais directemen­t, c’est plus vicieux que ça. Elle nous rabaisse, nous monte les uns contre les autres, nous menace insidieuse­ment. C’est du vrai harcèlemen­t ! »

Enquête du CHSCT

Aucune plainte n’a été déposée, mais le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail de Seine-et-Marne (CHSCT 77) a tourné son regard vers l’établissem­ent. Objectif : examiner les risques psychosoci­aux. Les résultats de cette enquête ont été publiés le 23 janvier dernier. Des points positifs ont été soulevés, mais ce qui éveille des soupçons est la question 21 : « Avez-vous déjà été témoin (ou victime) de situations de harcèlemen­t ou d’intimidati­on par des collègues, la hiérarchie, les personnes accompagné­es ou les familles ? ». Sur les 47 personnes qui se sont prononcées, 31 ont répondu par l’affirmativ­e. Conséquenc­e de ces « scores

inquiétant­s », la CHSCT indique qu’elle compte mener une autre enquête diagnostic. Contactée, la première concernée n’a pas souhaité faire de déclaratio­n. Elle a préféré laisser ce rôle à Alberto Serrano, le directeur régional de La Croix-Rouge française. « Nous avons en effet reçu des lettres anonymes de dénonciati­on, explique-t-il. Ce dont nous sommes sûrs, c’est que Myriam Ysos fait partie de nos directeurs les plus fiables. Pour les accusation­s de harcèlemen­t, il faut voir la question dans son ensemble. Ce n’est pas spécifique­ment la hiérarchie qui est en cause. Mais ça interroge, c’est pour cela que nous sommes attentifs ». Selon lui, « Villepatou­r est un établissem­ent dans lequel, pendant vingt ans avec l’ancienne direction, certains ont bénéficié de situations de conforts et de pouvoir qu’ils n’ont plus aujourd’hui, d’où ces accusation­s injustes. »

Une pétition dénonçant ces dérives présumées a été distribuée aux salariés et aurait récolté, pour le moment, 35 signatures, sur les 80 salariés que comptent les deux structures. On parle même d’une grève. Mais rien de certain pour le moment !

La conviction des salariés d’être injustemen­t traités est confortée par le passé de Myriam Ysos. En effet, alors qu’elle dirigeait l’institut thérapeuti­que La Rose des Vents en 2012 dans la Loire, les salariés de cette associatio­n s’étaient mobilisés pour demander son départ pour des raisons similaires. Idem l’année d’avant, lorsqu’elle dirigeait, sous son nom de jeune fille Myriam Ngombi, l’EHPAD Jean Collery, à Aÿ (Marne). Là, c’est l’ARS qui pointait du doigt « de graves dysfonctio­nnements. »

« Accusation­s injustes »

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 ?? ©LPB / P.Choisnet ?? L’établissem­ent de Villepatou­r accueille des collégiens et lycéens handicapés
©LPB / P.Choisnet L’établissem­ent de Villepatou­r accueille des collégiens et lycéens handicapés

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