« Se poser les bonnes questions »
Le député-maire de Coulommiers, Franck Riester, s’est associé à 18 élus locaux Les Républicains dans une tribune libre parue lundi dans le quotidien l’Opinion. Les élus y interpellent la classe politique et la tournure que prend la campagne présidentielle
« Nous aimons la politique. L’action politique, celle qui permet de transformer le monde, celle qui permet de préparer l’avenir, celle qui touche la vie de chacun et grandit celle de tous. Et pourtant la politique a échoué ». Le maire de Coulommiers, Franck Riester, avait au cours de la campagne présidentielle fait le choix de ne pas soutenir le candidat de son parti, François Fillon et de parrainer Alain Juppé (lire ci-dessus). Hier, dans le quotidien L’Opinion, il s’est associé à 18 autres élus locaux Les Républicains (citons notamment les maires du Havre, Edouard Philippe, de Charleville-Mézières, Boris Ravignon, de Tourcoing, Gérald Darmanin, de Châlonsen-Champagne, Benoît Apparu, ou encore le président du conseil départemental de l’Eure, Sébastien Lecornu) dans une tribune libre dénonçant la tournure que prend la campagne présidentielle et interpellant les élus, devant « se poser les bonnes questions ».
« Tous responsables »
« Les ’affaires’ et les polémiques polluent le débat ; pire, elles l’empêchent. Mais disons-le franchement : même sans elles, la campagne aurait-elle été satisfaisante ? Les candidats, leurs équipes, les médias, les réseaux sociaux, les sondeurs, nous, vous : tous responsables de ne pas être au niveau. Alors, nous tirons le signal d’alarme. Après avoir été incapables de régler les problèmes de la fin du XXe siècle, nous devons à tout pris éviter de ne pas comprendre ceux du XXIe siècle ».
Les élus locaux appellent à prendre davantage en considération les évolutions de la société :
« Personne ne voit que les risques (et les chances) sont autant dans l’utilisation de Google et de Facebook que dans la situation géopolitique. Les algorithmes transforment nos habitudes de voyages, de consommation, nos lectures : ils prédisent nos achat, nos votes, nos comportements. Nouvelle liberté ou fin du libre arbitre ? […] Voilà un débat de fond, mais qui ne semble émouvoir personne ou qui, au contraire, n’est dominé que par la seule émotion ». Et d’ajouter : « Absent, le débat sur l’explosion démographique en Afrique. Les flux migratoires actuels nous paraîtront presque dérisoires bientôt si nous sommes confrontés à ceux des réfugiés climatiques, du fait de la montée des océans et de la désertification. Absents, le combat culturel à mener, la révolution pédagogique nécessaire et pourtant réduite, au mieux, à des questions d’effectifs, l’abandon fataliste de la France dite périphérique ». « Dictature du court terme »
Et d’ajouter finalement :
« Nous sommes des maires et des présidents d’exécutifs locaux. Nous aimons ces mandats, ce lien direct avec nos concitoyens. Nous sommes obligés de constater que nous avons bien plus parlé ’long terme’ pendant nos campagnes municipales que pendant cette campagne présidentielle soumise à la dictature du court terme ».